Rose-Marie Arbour
“Le mouvement automatiste:
vue de face et de profil”.
Participation au colloque organisé par le Centre d'études québécoises, Département d'Etudes françaises, Université de Montréal. Participante à une table ronde avec Jeanne Renaud, Françoise Sullivan, Pierre Gauvreau. Au Gesu le 8 novembre 1996.
Communication
Le premier paragraphe de «L'épopée automatiste vue par un cyclope» de Claude Gauvreau, texte publié en 1969, s'ouvrait par cette phrase: «Je suis un poète créateur. Je ne suis pas un historien et je demeure persuadé plus que jamais que le présent et l'avenir sont plus importants que le passé.»
Pour situer mon intervention dans ce présent contexte, je dirai: «Je ne suis pas un poète créateur. Je suis une historienne et je demeure persuadée plus que jamais que le présent et l'avenir sont plus importants que le passé.» De plus, contrairement aux intervenants chevronnés dans ce colloque, je ne suis pas une «borduologue».
Ce qui m'a amenée à étudier l'apport de certaines femmes aux activités et actions du groupe des automatistes dans les années 40 est une recherche entreprise depuis assez longtemps, dans le cadre universitaire, sur la question des femmes en art (principalement après la seconde guerre) et sur la multidiciplinarité en art moderne et actuel. Je remercie F.-M. Gagnon de m'avoir invitée à me joindre au groupe de recherche sur les Automatistes formé par lui à l'Université de Montréal. Cette participation m'a conduite à publier, grâce à cet environnement stimulant, dans le dernier RACAR (Revue d'art canadienne), une étude portant sur les femmes artistes du groupe de Borduas, entre 1941 et 1948.
Privilégier une perspective féministe en histoire de l'art c'est aborder les oeuvres, les événements et les documents historiques avec l'objectif d'éclairer d'une façon qui leur rende justice et selon leur apport propre et singulier, la production artistique et intellectuelle des femmes dans les courants ou mouvements dans lesquels elles s'inscrivent. Une lecture des oeuvres et des événements des années 40, issues et autour du groupe des jeunes artistes autour de Borduas fait ressortir des dimensions sinon nouvelles du moins considérées sans grande importance auparavant mais qui, aujourd'hui, nous apparaissent sinon prémonitoires du moins des plus fécondes. Quand on considère l'importance de disciplines artistiques autres que la peinture tant dans la modernité que dans l'art actuel, les activités et options des femmes automatistes apparaissent bien plus importantes qu'elles n'ont été perçues dans le contexte des années 40 jusqu'à récemment.
La représentation publique de l'Automatisme en art s'est formée dans les années 40. Elle s'est cristallisée dans et autour de la peinture à travers des expositions auxquelles aucune femme du groupe ne participait.
Ma lecture des documents, des écrits, passés ou plus récents, sur les Automatistes, est faut-il le rappeler, une construction: elle ne se prétend pas un reflet de ce qui s'est passé - encore que chaque acteur de cete époque peut donner sa version des faits et souvent contredire son voisin! Toute représentation est une construction et si elle vise la vérité, elle ne prétend pas conséquemment à être le reflet d'une réalité qui a été de toutes façons polymorphe et mouvante.
Enfin pour saisir le rôle et l'importance stratégique des femmes au sein du groupe automatiste, objet de cette lecture, j'ai tenu compte de la position sociale et culturelle des femmes dans leur contexte historique propre.
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