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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

ÉTUDE SITUATIONNELLE SUR LA FAMILLE EN GUINÉE (2006)
Résumé


Une édition électronique réalisée à partir de l'étude Sous la direction de : Alpha Amadou Bano Barry, Alpha Bacar Diallo et Mohamed Campbel Camare, ÉTUDE SITUATIONNELLE SUR LA FAMILLE EN GUINÉE. Étude réalisée par l’Observatoire, Université de Conakry, Guinée, juillet 2006, 132 pp. [Autorisation formelle accordée par M. Amadou Bano Barry le 1er juin 2007 et reconfirmée le 26 décembre 2007 de diffuser cette étude dans Les Classiques des sciences sociales.]

Résumé

La problématique de la famille est constante dans toutes les sociétés. La famille est plus que partout dans le monde, au cœur même des sociétés africaines d’autant plus que "tout en découle et tout y converge". La communauté internationale, dans son ensemble, reconnaît que la famille est l’unité de base de la société et le point de mire de toutes les préoccupations relatives au développement durable. C’est ce qui justifie que l’Assemblée générale des Nations Unies ait proclamé l’année 1994 comme celle de l’Année Internationale de la Famille, et le 15 mai de chaque année comme la Journée Internationale de la Famille afin de sensibiliser davantage les gouvernements, les décideurs et le public aux questions relatives à la famille.

Consciente de l’enjeu familial, la Guinée, s’est dotée d’un ministère en charge de la famille qui a pour mission d’assurer la promotion et la protection de la famille. C’est pour assurer ce mandat que le MASPFE, en application des recommandations des résolutions de l’Union Africaine, et avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population, a initié la présente étude.

Première du genre par son envergure et les dimensions prises en compte, la présente étude, réalisée par une équipe de recherche de l’Observatoire de Sociologie de l’université de Sonfonia/Conakry, s’est fixée comme objectif principal de contribuer à une meilleure connaissance de la famille guinéenne a travers :

a.    Son Profil;
b.    Ses Caractéristiques;
c.    Les effets de la modernisation sur :
1. L’encadrement des enfants au sein des familles ;
2. Les transactions matrimoniales au sein des familles ;
3. La solidarité des membres de la famille (indigents, handicapés, personnes âgées, citadins et ruraux, etc.).

Pour atteindre ces objectifs, nous sommes partis de l’hypothèse que : La Famille guinéenne est un syncrétisme culturel ou bien que les valeurs traditionnelles soient revisitées par des considérations et des influences nouvelles, reste ancrés dans des logiques qui perpétuent les gestes, les habitudes et les principes du passé. Cette hypothèse, pour être opérationnelle, a été transformée en indicateurs. Parmi ces indicateurs, nous avons mis l’accent sur :

1. Primauté des aînés dans la régulation familiale ;

2. Domination des hommes sur les femmes par l’accès à l’héritage et le droit à l’expression ;

3. Contrôle de la famille sur les transactions matrimoniales ;

4. Obligation de solidarité pour les actifs envers les inactifs et les parasites ;

5. Obligation des citadins envers les ruraux ;

6. Éducation des enfants en fonction du sexe;

7. Perception que les anciens ont du fait les jeunes et les femmes aient acquis un statut de contestation plus important;

8. Persistance de croyances qui font du mariage le principal lieu de procréation et de manque de composantes matrimoniales;

9. Prise de conscience de l’effritement progressif de la solidarité familiale.

Pour vérifier cette hypothèse, la démarche de recherche utilisée a combinée des instruments qualitatifs (recherche documentaire et entretien) et quantitatifs appuyés d’un questionnaire sociodémographique.

Dans le cadre de la recherche documentaire, deux catégories de documents ont été particulièrement collectés : les actes juridiques relatifs à la famille dont la Guinée est signataire et les études réalisées sur la famille en Guinée (écrits coloniaux, monographies, mémoires, thèses, ouvrages et rapports de recherche).

Dans le cadre du questionnaire, nous avons cherché à cerner le portrait démographique et socioculturel des familles. Des dimensions comme la composition par âge, par sexe, par structuration matrimoniale, les activités économiques, l’habitat et le niveau d’instruction, les liens entre conjoints, la charge familiale et le parasitisme ainsi que la langue d’échanges linguistiques intra et extra familiale ont été collectées.

Dans le guide d’entretien individuel et de groupe, les thèmes abordés portant sur les comportements et les attitudes des parents vis-à-vis des enfants, les changements sociaux à la suite des effets de la modernisation, les survivances traditionnelles et la solidarité familiale et son poids sur les solidarités primaires ont été collectés.

Pour collecter les données, nous avons ciblé 13 préfectures qui correspondent à des aires culturelles essentielles en Guinée. L’aire Soussou est représentée par les préfectures de Forécariah et, dans une moindre mesure, de Kindia. L’aire Nalou, Baga, Landouma et Mikhiforé est représentée par la préfecture de Boké. Les préfectures de Labé et Mamou représentent l’aire Peul et Koundara représente l’aire Koniagui, Bassari, Badiarankhé et Foulacounda. Les préfectures de Kankan et Siguiri représentent l’aire Malinké et Dinguiraye l’aire du brassage Malinké, Peul et Toucouleur. Chacune des préfectures de la Guinée Forestière représente une aire culturelle spécifique.

Dans ces préfectures citées, le premier principe est celui de la représentativité égale entre le milieu rural et celui urbain. Le principe a consisté à interroger 15 ménages en milieu urbain et le même nombre en milieu rural.

Le second principe est celui de la représentativité des différentes catégories de familles. Chaque équipe a interrogé quatre familles élargies (un père avec ses épouses et des fils mariés qui sont sous l’autorité du grand-père, ou encore un chef de famille aîné qui vit sous le même toit que ses frères mariés et qui assure la fonction de chef de famille), dix familles polygames, trois familles monoparentales dirigées par une femme (l’époux a voyagé, l’époux est décédé et/ou la femme est divorcée), deux familles recomposées (dans l’une, la femme habite avec son nouveau conjoint et les enfants du précédent mariage, et dans l’autre, l’homme vit avec une femme et les enfants de sa première union), cinq familles nucléaires (un homme, son épouse et un à quatre enfants), six familles monogames.

Le traitement des données a été de nature quantitative et qualitative. Après l’enregistrement des données quantitatives, celles-ci ont été soumises à la codification (affecté un code à chaque réponse) et à la saisie des données sur le logiciel Modalisa. Ce logiciel d’analyse de données permet d’assurer les croisements entre les variables indépendantes et dépendantes. C’est à partir de ce logiciel que l’équipe de recherche a produit le profil sociodémographique des familles enquêtées.

Une autre opération de traitement et d’analyse des données a été faite à partir des données des entretiens individuels et de groupe. Sur le terrain même, les agents enquêteurs ont procédé, au jour le jour, de préférence le soir de chaque jour, à la transcription manuscrite des données collectées durant la journée. Cette disposition a été prise pour assurer une minimisation des pertes d’informations.

Au retour des équipes de collecte à Conakry, les manuscrits des entretiens ont été saisis dans un logiciel dénommé NudisVivo d’analyse qualitative. Ce logiciel a permis le regroupement des idées clés contenues dans chaque entretien afin d’établir leur fréquence et leur récurrence. Cette opération a été complétée par le regroupement des idées clés par catégories thématiques et le regroupement des informations par points de convergence et de divergence. Ces deux opérations ont permis une description des principaux résultats et leur mise en corrélation avec les objectifs de l’étude. Les informations collectées qui ont été collectées et traitées par l’ensemble des procédés ci-dessus ont été soumises à une analyse de contenu simple.

Au terme de la collecte des données et de leurs analyses, permettez-moi de vous présenter les principaux résultats et les recommandations qui en découlent. Les données indiquent qu’il n’y a pas un type de famille en Guinée. Des nouvelles réalités sont entrain de prendre forme. Par exemple, à la polygamie à résidence partagée se substitue une polygamie avec des chefs de famille sans domicile fixe et même légal. On note aussi une monogamie avec domicile séparé et parfois par des milliers de kilomètres. Des nouveaux chefs de famille qui ont l’âge d’aller à l’école sont aussi une réalité actuelle.

Dans toutes les familles où le chef de famille est un homme, la place de celui-ci est centrale. Il est le pourvoyeur principal des ressources de la famille. Il s’occupe, même s’il ne finance pas intégralement, de tout ce qui est relatif aux besoins vestimentaires, alimentaires, scolaires et de santé des enfants.

L’époux et les autres hommes (les frères et le premier fils) assument les principales décisions au sein de la famille. Le père est celui qui, dans la presque totalité des cas, prend les décisions concernant l’éducation des enfants. C’est également lui qui décide de la mise des enfants à l’école. Il arrive que le point de vue de l’épouse soit important et même déterminant lorsqu’il s’agit de la mise à l’école des filles.

L’époux est habituellement celui qui règle, ou du moins, tranche toutes les situations de crises. Il est aussi celui qui sanctionne lorsque ses enfants ont des problèmes dans le quartier. Le poids financier du père apparaît comme un atout qui fortifie son statut et ses possibilités de décider, principalement, de l’éducation des enfants et les grandes orientations de la famille.

La participation des épouses dans l’économie familiale est, plus souvent qu’autrement, faible en valeur monétaire mais forte, en terme de participation continue et en effort domestique. Les épouses ne font pas seulement les travaux domestiques, elles sont impliquées dans diverses activités économiques extraconjugales comme le commerce, les études et les emplois salariés, de sorte qu’elles ne sont plus toujours à la maison. C’est aussi à la femme, l’épouse, que revient d’effectuer les déplacements associés à la prise en charge des enfants (école, hôpital et achats de toutes sortes). De plus en plus, les enfants cessent d’être des contributeurs à l’alimentation de la famille, surtout parmi ceux qui vont à l’école. Et ceci est nouveau. L’épouse n’est directement touchée par les enfants que quand le problème en question relève de l’intimité de ceux-ci et surtout des filles.

Les données relèvent que l’épouse n’intervient pleinement, seule, dans la mise en application des décisions relatives à l’éducation des enfants qu’en cas de problème. C’est aussi elle qui est rendue responsable des fautes commises par ses enfants dans la plupart des cas et parfois elle doit partager les sanctions avec sa fille fautive. Car le plus souvent, elle est considérée comme la complice de ses filles et comme telle l’expulsion de la fille du foyer paternel s’accompagne de sa mère. Ce type de responsabilité a, entre autres conséquences, de créer une psychose de la mère qui est alors constamment en alerte surtout en ce qui concerne l’encadrement de ses filles. Dans ces conditions, les données révèlent que ce sont les enfants qui font la détresse de l’épouse en cas de faute, mais c’est aussi eux qui font sa rédemption dans le cas de leurs réussites

Les données indiquent clairement un effritement de l’autorité des parents sur les enfants. Les parents ont, de plus en plus, de la difficulté à asseoir leur autorité. La plupart des chefs de famille se plaignent de la prise de parole intempestive de leurs enfants, du refus d’obéissance et de l’exécution différée des ordres et autres commissions. Plusieurs facteurs pourraient expliquer une telle situation. Les parents, eux-mêmes, pensent que le manque de respect dont ils se sont rendus coupables vis-à-vis de leurs parents explique le comportement de leurs enfants à leurs endroits. Cette explication du sens commun postule que chaque acte provient par un acte précédent dans une logique compensatoire de grands-parents à petit-fils avec le père comme intermédiaire.

Le faible accès des chefs de famille à un revenu régulier et suffisant expliquerait une telle situation. On peut constater dans les propos des parents interrogés que le fait de ne pas être en mesure, en raison des contraintes financières, de subvenir à tous les besoins des enfants, au moment où ils les sollicitent, explique, en grande partie, l’insoumission des enfants. La crise d’autorité entre parents et enfants est d’abord un divorce qui naît souvent du désir des parents de se servir des normes anciennes pour des générations actuelles. Mais c’est aussi une crise liée à la paupérisation des populations dans un environnement urbain où les sollicitations matérielles sont nombreuses et difficilement accessibles.

Par rapport à l’utilisation des préservatifs et du SIDA, les résultats de la recherche montrent qu’on peut distinguer deux catégories d’attitudes de la part des parents face à la question du SIDA et de l’utilisation des préservatifs. Il y a la grande majorité des parents qui ne parlent jamais de SIDA, ni de préservatif ou encore moins de sexualité avec leurs enfants au nom de la pudeur, des coutumes et de la religion. Face à ces parents, la sexualité et le SIDA sont des sujets qui continuent à relever du domaine du tabou. Pour plusieurs d’entre eux, parler de préservatif à leurs enfants consiste à ouvrir la voie à de la sexualité précoce. Ces parents préfèrent donc ne pas en parler, même s’ils sont presque tous conscients du fait que les enfants connaissent et utilisent les préservatifs.

Les résultats montrent que la connaissance des préservatifs par les jeunes n’a aucune influence sur leurs habitudes à les utiliser. Le préservatif est d’abord et surtout un moyen pour éviter une grossesse non voulue mais pas un instrument pour se protéger conte les maladies sexuellement transmissibles.

Les données révèlent aussi qu’à l’intérieur de la famille, c’est à la mère que reviennent les communications par rapport au SIDA et aux préservatifs. Considérées comme responsable de la réussite ou de l’échec de leurs enfants et surtout de leurs filles, les épouses sont, pour le peu qui se fait, celles qui parlent aux enfants des questions de préservatif et de SIDA.

Comme on l’avait présumé, le mariage est et reste le cadre privilégié de la procréation. La transaction matrimoniale commence, plus souvent qu’autrement, dès l’enfance. Ces transactions sont des intentions familiales qui demandent à être confirmées par des fiançailles qui sont des engagements contraignants, certes, mais qui peuvent se disloquer si les espoirs placés en chacun des prétendants ne se confirment pas.

Les transactions matrimoniales sont un domaine partagé. Si la lignée masculine décide officiellement de la fille avec laquelle leurs garçons se marient, il appartient aux femmes (la mère, les sœurs et les tentes) d’entreprendre les démarches. L’éducation et l’appartenance familiale (« bonne mère ») de la fille sont des critères de son choix. Les alliances que le mariage pourrait procurer à la famille sont aussi des paramètres qui déterminent l’implication des parents dans le mariage des enfants.

Les données indiquent aussi que la dote reste encore une composante essentielle pour sceller le mariage. Les données indiquent qu’il n’existe pas une dote, mais des dotes. Si la signification reste toujours la même dans toutes les communautés guinéennes, le contenu est fonction du milieu et même des acteurs impliqués.

Les données indiquent aussi que la possibilité de procréer avant la célébration du mariage est une pratique acceptée dans certaines communautés. Même dans les communautés ou la procréation avant le mariage est interdite, il arrive aussi, et c’est plus courant qu’on ne le dise dans la quasi totalité des familles guinéennes, que l’acte conjugal précède le mariage et la dote renvoyée à des lendemains meilleurs. C’est le cas des personnes qui se marient à leur amant et/ou amante.

La famille guinéenne actuelle, comme celle du passé, est et reste nombreuse avec une moyenne de plus de 7 personnes. Les données suggèrent que l’on rencontre deux types de solidarité dans les familles guinéennes : la solidarité cérémoniale et la solidarité quotidienne. La solidarité cérémoniale est circonstancielle et n’a lieu qu’à l’occasion d’événements comme le mariage, le décès, les fêtes religieuses et autres manifestations sociales. Ce type de solidarité implique tous les membres de la famille et s’avère plus active.

Les données indiquent, qu’en dépit de la faiblesse des ressources de la quasi-totalité des familles interrogées, la famille guinéenne est le premier et le dernier rempart face aux difficultés des membres. La famille est d’abord le lieu où on trouve un repas, même insuffisant mais toujours précieux. C’est aussi le premier lieu et le plus sûr où l’on peut trouver un lit en perdant la possibilité de se loger par soi même. C’est aussi au sein de la famille que l’on peut trouver les frais pour les soins, l’appui pour les handicapés et les personnes âgées et surtout l’aide à l’insertion socioprofessionnelle.

La générosité de la famille guinéenne va plus loin, car les familles guinéennes interrogées donnent un toit, un repas, bref une hospitalité à plus de 6% de personnes, en moyenne, qui n’ont aucun lien de parenté avec le couple familial. Cette générosité est surtout forte en Basse Guinée et, dans une moindre mesure, en Haute Guinée et à Conakry. Dans cette ville, on rencontre le plus grand nombre de familles qui hébergent et nourrissent des personnes qui n’ont aucun lien avec les autres membres de la famille, notamment le couple.

Cette aide ne va pas sans problèmes. Les pressions qui pèsent sur les familles sont très fortes. Les membres qui réussissent matériellement sont sous une pression forte pour satisfaire aux demandes multiples et continues des membres de la famille. L’ordonnance médicale, l’hospitalisation, l’habillement et les multiples autres charges de la vie quotidienne sont les demandes courantes des moins nantis (les plus nombreux) de chaque famille.

Cette pression est d’autant plus forte que, de nombreuses familles guinéennes ont des malades chroniques ou des handicapés parmi les leurs. La prise en charge de ces personnes malades constitue un véritable goulot d’étranglement pour bon nombre de ces familles. Les deux problèmes que les familles rencontrent dans cette prise en charge des handicapés chroniques résultent de la faiblesse des ressources familiales et du caractère récurrent des soins. Et la plupart des structures sanitaires de l’intérieur du pays sont très peu outillées pour les personnes âgées, les handicapés et les malades chroniques. Face à cette réalité, quelques pistes d’actions surgissent :

A.  Redonner de la place à la famille guinéenne dans :

1. La lutte contre la pauvreté;
2. La lutte contre le VIH/SIDA

B.   Initier des fonds de solidarité et d’aide à l’entreprenariat familial qui financerait:

1. La formation d’un membre par famille pour les familles en situation d’extrême pauvreté ;
2. L’accès au crédit d’un membre par famille pour les familles en situation d’extrême pauvreté ;

C.   La création d’une mutuelle de santé familiale qui prendrait en compte les familles nombreuses, pauvres avec des personnes âgées et les handicapées.


Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 28 décembre 2007 7:03
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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