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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Petite bibliothèque d’anthropologie médicale. Une anthologie. Volume 3. (2017)
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Jean Benoist, Petite bibliothèque d’anthropologie médicale. Une anthologie. Volume 3, 2017, 533 pp. [Autorisation formelle accordée par l'auteur, le 15 juin 2017 de diffuser ce livre en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

Présentation

Par Jean Benoist

La quantité de publications qui s’écoule des presses des éditeurs et des universités est telle qu’elle accable les plus courageux eux-mêmes. Existe-t-il un seul spécialiste qui ait lu 100.000 pages de livres consacrés à son domaine ?

Et cependant… On ne peut ignorer cet immense mouvement d’intelligibilité, cette accumulation de données, de points de vue, de théories, cette exploration du monde, ces angles multiples sous lesquels, en observant la maladie telle qu’elle se vit au sein de la société, on la conçoit et on l’aborde mieux.

Certes, chaque livre rencontre des lecteurs, et parmi ces lecteurs certains se donnent le mal de présenter l’ouvrage, de le résumer, de le commenter, de le comparer et de le critiquer. C’est pourquoi les compte-rendu qu’ils publient dans les revues sont si précieux. On trouvera leur nom en signature de chaque texte et on doit leur rendre hommage. Leurs travaux sont précieux, Mais ils sont dispersés. On les rencontre lors de la consultation d’un numéro de revue, puis on les laisse s’enfouir au creux d’une bibliothèque. Ces compte-rendu, rassemblés ici, tracent un panorama des travaux récemment publiés ; tout en n’évitant pas la lecture approfondie de certains titres, ils permettent de découvrir l’ample paysage de la recherche en cours.

Le lecteur n’est pas seul à trouver son compte dans cette entreprise. Ceux qui ont consacré beaucoup d’efforts à la rédaction des analyses voient littéralement ressusciter leurs textes grâce à cette anthologie. En les tirant de l’ombre où ces « œuvres mineures » sont souvent enfouies c volume les rend accessibles de façon aisée à nombre de chercheurs et d’étudiants qui les auraient sinon ignorés.

Les revues  où les textes ont paru initialement sont elles aussi gagnantes car, en renvoyant à elles, on les fait souvent découvrir par des lecteurs venus d’horizons auxquels elles ne sont pas familières. C’est pourquoi les demandes d’autorisation de reproduction que je leur ai adressées ont reçu très généralement des réponses positives. Deux exceptions : des revues, surtout éditées en Grande-Bretagne, dont l’éditeur ne cède que contre rémunération l’accès aux textes (tendance qui se développe en France), et de rares publications en ligne spécialisées dans les analyses de livre et qui ont l’illusion d’une concurrence là où il y aurait eu pour elles une valorisation par l’élargissement de leur public le public…

C'est le succès des deux volumes précédents qui m'a incité à entreprendre celui-ci. La sélection des textes est peu restrictive, car le cheminement des idées est aléatoire ; il ne suit pas une ligne prévisible et cela incite à une grande ouverture quant aux thèmes, aux méthodes, aux cadres théoriques. Car, même si nos travaux quotidiens cantonnent nos lectures à un champ limité, nous devons ensuite les élargir pour dominer suffisamment les questions qui nous concernent et éviter les embûches de toute pensée trop monolithique, fichée dans ses certitudes. Le spectre des thèmes, des lieux, des approches est donc largement ouvert dans le panorama offert par ce volume.

Une fois de plus, les textes qui ne sont pas rédigés en français ou en anglais sont très peu représentés. Les plus grandes revues elles-mêmes ignorent ce qui paraît en allemand, en italien, en espagnol et plus encore dans des langues encore moins familières aux chercheurs de langue française. Or ce qui est ainsi sous-représenté n’est pas formé que de travaux mineurs ou de données superflues. Des textes tenus à l’écart peuvent contenir des travaux aussi importants que celui que le moine Mendel avait publié dans une revue mineure… Un premier effort en vue de combler cette carence est en cours dans les Classiques des sciences sociales : on y aura accès aux travaux allemands d’anthropologie médicale, grâce au rassemblement des résumés en français des articles publiés par la principale revue allemande dans le domaine, la revue Curare.

Si l'on compare le contenu, ou plutôt l'orientation, des travaux que présente ce volume avec celui des deux volumes précédents, on relève quelques tendances. L'une des plus marquées est l’amplification du nombre de travaux effectués par des anthropologues à partir de questions de santé telles que les formule la médecine, voire au sein d’équipes de soins ou de santé publique. On est loin du refus longtemps affiché de tout a priori biomédical, de la méfiance devant des recherches dont les préalables s’enracinent dans la pathologie telle que la médecine la prend en charge. L'épidémie de sida est passée par là. Elle a posé des questions sociales graves, et elle a offert des moyens financiers inhabituels pour les aborder, à des chercheurs en anthropologie et en sociologie. Elle a aussi fait pénétrer dans le milieu médical l’importance des comportements sociaux, des valeurs, leur pouvoir heuristique pour toute recherche sur la gestion individuelle et collective des soins et de la prévention, ainsi que dans le suivi de la diffusion de toute épidémie. La convergence longtemps souhaitée entre sciences sociales et médecine a trouvé là un terrain  propice, et elle s’est étendue, bien au delà du sida, à l’approche de nombre d’autres pathologies.

Mais cela n’a-t-il pas réduit une dimension qui est cependant au cœur du travail de l’anthropologue, et que lui seul aborde : la place de la maladie au fondement d’une pensée religieuse ou philosophique sur l’homme et sur son destin ? Les travaux où la maladie est un malheur qui donne leur source à des interprétations du monde, et à une métaphysique, la maladie point d’appui de mythes, de représentations de l’environnement naturel et comme base de la construction d’un environnement surnaturel semble s’être effacée au profit de problèmes biomédicaux .

On se demande alors si la connexion si fondamentale entre le médical et le religieux n’a pas perdu de sa visibilité en sciences sociales, tout en demeurant forte dans cette part de la littérature (romans, mémoires) qui est issue du vécu du mal. En se plaçant au coté des médecins et des épidémiologistes, les anthropologues n’ont-ils pas un peu oublié qu’ils doivent aussi se tenir au coté des philosophes, au coté de ceux qui s’interrogent sur les aspirations à la transcendance ? Et les anthropologues qui ont su décrypter ces aspirations dans les mythes, les rites, les pratiques, y compris de soin, de bien des sociétés, n’ont-ils pas détourné trop vite le regard de formes nouvelles qui assurent leur pérennité dans un contexte changeant ?

L’« anthropologie chez soi », implique certes tout cela, car la biomédecine n’est pas ici un fait culturel d’origine externe, articulé de façon plus ou moins solide à une autre façon de voir et vivre la maladie. Mais cette présence de la biomédecine, ne peut-elle pas conduire, en matière d’anthropologie médicale à une forme d’ethnocentrisme réducteur ? Evidemment, cela n’enlève rien aux travaux où l’anthropologie collabore avec la médecine, mais elle ne doit pas oublier que son centre  de gravité est ailleurs, et que l’anthropologie médicale perdrait son sens si elle se dissociait du reste de l‘anthropologie.

Jean Benoist



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 10 juillet 2017 16:18
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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