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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Petite bibliothèque d’anthropologie médicale. Une anthologie. Volume 4. (2024)
Présentation


Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Jean Benoist, Petite bibliothèque d’anthropologie médicale. Une anthologie. Volume 4, 2024, 674 pp. [Autorisation formelle accordée par l'auteur, le 6 mars 2024 de diffuser ce livre en libre accès à tous dans Les Classiques des sciences sociales.]

Présentation

Par Jean Benoist


Ce quatrième volume de la Petite bibliothèque d'anthropologie médicale répond aux mêmes aspirations que ses trois prédécesseurs : permettre une large vue sur la richesse et la diversité des ouvrages anthropologiques relatifs aux questions de santé et de maladie. Pour cela, il donne accès à leur compte-rendu par des spécialistes dont la compétence est cautionnée par les rédactions de nombreuses revues. Grâce à ce rassemblement ils sont aisément accessibles alors qu'ils sont, malheureusement, la partie la plus éphémère, et souvent la plus négligée, de la consultation d’une revue.

La Pette Bibliothèque suit au long de ses volumes les transformations de la pensée et de la recherche sous l'effet de l’évolution de la connaissance, de l'effritement d'orientations usées et de l'apparition de nouveaux points de vue. Tout semble actuellement se passer comme si l'anthropologie, auparavant cantonnée dans sa spécificité, voyait ses frontières devenues perméables s'ouvrir à des échanges. Et comme il en va aussi de la même façon, du moins en ce qui a trait à la santé et à la maladie, pour la médecine et pour bien des disciplines des sciences sociales (histoire, sociologie, économie, psychologie, géographie) nous assistons à des approches pluridisciplinaires de plus en plus larges. La raréfaction de certains travaux purement anthropologiques, en particulier ceux que l'on rattachait à l’ethnomédecine, traduit le déplacement de l'attention vers des événements et des dynamiques nouveaux. Si bien que l'anthropologie médicale apparait souvent non comme le centre d'une recherche mais comme l'une des voies théoriques et méthodologiques dans l'approche de questions vers lesquelles elle n'avait pas coutume de se tourner.

On verra combien nombreuses et diverses sont les revues où ont paru des recensions d'ouvrages qui ont « quelque chose à dire » à l'anthropologie médicale, et qui abordent sous un jour différent des questions familières à celle-ci. Mais ce sont surtout des thèmes relatifs à la santé que les anthropologues ont un peu négligés et qui méritent cependant leur attention, qui apparaissent en nombre. Les revues où ces questions s’expriment (par exemple « Sociologie du travail ») les abordent du point de vue de leur objet central, mais on remarque que, de plus en plus, les auteurs d’ouvrages et ceux de recensions sont sensibles aux dimensions et aux approches de l’anthropologie.

Il est souhaitable que cette anthologie sensibilise les anthropologues à l’élargissement des problèmes où leur apport est utile et qu'ils croisent de plus en plus leurs travaux avec ceux qui sont issus d’autres approches. D'ailleurs, cette convergence, bienvenue, est à l’oeuvre dans nombre d’ouvrages.

L'accroissement du nombre des revues - en particulier par la création de celles qui adoptent des profils aussi innovants que possible- contribue à la porosité interdisciplinaire. Aux grandes revues devenues classiques, qui portent souvent le nom d'une discipline, sont ainsi venues s'adjoindre de nombreuses autres publications, souvent uniquement en ligne, et dont l'intitulé échappe en général à un vocable disciplinaire pour reflèter soit un thème, soit un espace géopolitique, soit une orientation théorique.

La succession de deux épidémies mondiales (Sida et covid), et les défis d'autres épidémies telle celle d'Ébola, ont pour leur part remanié la position de bien des anthropologues pour qui il était jusqu'alors nécessaire de se tenir à distance des concepts biomédicaux de façon à mieux s’imprégner du terrain sur lequel portait leur recherche.

Les appels d’offre n’y sont pas pour rien, mais l’essentiel n’est pas là ; il est dans la prise de conscience que, tout particulièrement en épidémiologie, le contexte social et les conduites orientées par une culture ont une incidence notable sur la diffusion d’une épidémie (et aussi sur des barrages qui la freinent) mais aussi sur l'incidence d'autres pathologies. La convergence de disciplines que la réalité contraint à se décloisonner les pousse à travailler ensemble dans une épidémiologie socioculturelle capable de maitriser les concepts, les méthodes et les outils de recherche de l'anthropologie et ceux de la médecine.

Diversification, interpénétrations, l'anthropologie que reflète ce volume est plus ouverte, moins centrée sur elle même, tandis que, porteuse de points de vue qui élargissent les disciplines connexes, elle participe à leur adéquation plus fine à la complexité du fait social.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 11 mars 2024 9:57
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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