Introduction générale
« Ils..., nous... » et LES AUTRES
Entendu ici et là : « Ils ne font rien » ; mais aussi : « Ils nous font marcher, ils nous manipulent. Ils ne pensent qu'à leurs intérêts » (sous-entendu, parfois : « Ils font bien ! »). Surtout : « Ils sont des incapables... Si seulement ils voulaient... mais il y a belle lurette que nous avons perdu nos illusions ». Etc. Nous avons l'humeur propice et la dent dure à l'encontre de ceux qui sont à la gouverne publique.
De leur point de vue, nous devenons à notre tour ils... ; et, à l'intérieur d'une même engeance, ils se voient volontiers en un autre nous dont l'unité profonde est plus forte que leurs spécialisations et divisions. C'est une solidarité de lourde ambiguïté, qui, nous en dissociant, nous contient encore par son privilège de nous prendre en charge et de s'accorder même toute espèce de facilités de parler au nom de notre nous. Notre nous ne les comprend pas, eux, et s'affirme en s'en séparant. Leur nous rejoint toujours le nôtre de quelque façon sous-entendue ou explicite, par quelque moyen. « Nous sommes faits ». L'expression convaincue de cette mutuelle distinction donne l'apparence d'une double exclusion. Il s'agit pourtant d'une même appartenance, et plus obligée par nature qu'imposée par choix. C'est ainsi que s'enroule le cycle politique, le premier et le plus strict, dans un plus vaste Nous, comprenant eux et nous.
Ils sont peu nombreux ; mais malgré leurs grandes vedettes ainsi dépersonnalisées, ils restent sans visage. Ils sont lointains, mais on leur fait reproche d'être omniprésents en leur incapacité même. Ils sont implacables comme les mauvais esprits de jadis ou la météo d'aujourd'hui [1]. Ils sont là pour nous servir : c'est la thèse officielle. Nous en croyons uniquement ce principe que, sans leur présence, nous ne tiendrions pas ensemble. Mais comment l'avouer ?
« Ils... nous... », « nous... ils... » expriment une alternance de rapports macro-micro, micro-macro. Le nous de nos humeurs est d'abord micro : il n'implique vraiment que ceux auxquels on parle dans l'instant. « Nous sommes entre nous. » Ce n'est qu'en second qu'il les vise globalement, eux, pour des tas de motifs dont celui, spécialement odieux, de leur fisc qui nous fait les poches régulièrement. Eux, chargés de décider au nom de Nous tous et nous rejoignant un à un, c'est un rapport macro-micro. Leurs relations entre eux, décideurs, sont du même type micro que celles que nous lions avec l'entourage par notre rouspétance. Mais entre leur nous et le nôtre, au nom duquel ils parlent, c'est un rapport micro-macro : s'inverse alors l'ordre des quantités. Ils sont si peu pour commander au si grand nombre que nous sommes. Ils entretiennent malgré tout des rapports tellement plus nombreux (et décisifs...) entre eux que ceux que nous n'aurons jamais entre nous, en ce choeur, d'ailleurs discordant, des rouspéteurs que nous formons.
Dans cet agrégat énorme, où nous tentons de nous retrouver pour nous y sentir encore plus perdus, éclaterait le ridicule d'un je qui ne prendrait pas la première précaution de s'envelopper d'un premier nous, de communication immédiate et d'intention complice. À moins d'être le Moi de « L'État, c'est Moi », ou le Je du « C'est la loi parce que Je le veux », ce qui n'est tout de même pas à la portée de tout un chacun ! Quant à notre pauvre petit moi de la vie quotidienne, à quelle place pourrait-il prétendre dans la vie politique ? Comme sont impossibles les solutions d'équivalence, qu'ils deviennent nous et vice versa, il ne reste plus que l'expédient que nous agissions sur eux, comme ils agissent sur nous : c'est la pulsion du cycle dont il a été question.
La paradoxale expression de deux sentiments, en apparence contradictoires, d'une appartenance et d'une non-identification se résout en un Nous, où tous, ils comme nous, sont embarqués. Il y a bien la mer où la barque devra flotter, puis, Plus loin, LES AUTRES ; mais c'est déjà une question d'environnement, et non pas du milieu qu'ensemble Nous habitons et, par cela même, constituons.
Le premier problème de toute philosophie politique est la définition de son objet. La première exigence de toute sociologie politique est la détermination de son champ d'investigation. Si l'on peut éluder la première question dès qu'on ne se situe pas a priori en recherche philosophique, une méthode d'analyse consciente d'elle-même ne peut esquiver la seconde précaution. Ce préalable devrait être tenu pour une évidence ; à défaut d'être sûr de bien reconnaître ce dont l'on parle, il faut savoir de façon générale de quoi il sera question, ce qui pourrait encore se dire : si l'on ne sait pas ce que l'on cherche, comment prétendra-t-on l'avoir trouvé [2] ?
Comment traiter de socialisation politique, de participation ou d'engagement politiques, comment confronter un système politique à un système social (et/ou culturel), sans avoir reconnu un champ d'action politique distinct d'un champ d'action sociale et avoir, par là, implicitement délimité un objet politique ? Autant le faire en pleine conscience des risques de l'entreprise. L'objet dont on s'occupe sera toujours porteur d'ambiguïté inévitable, et peut-être nécessaire : une coextension sous des aspects différents. D'une certaine façon, le social comprend le politique ; d'une autre, le politique contient le social. Toute la question se ramène à l'évaluation réciproque de ces deux « façons ». Du moins si l'on aspire à faire la théorisation du total politique dans le global social. Par suite de l'accumulation de mauvaises réponses à un vrai problème de méthode, on en est venu à y voir un « faux problème ».
C'est une première condition, suffisante mais nécessaire, de la détermination sociologique du champ politique que de pouvoir reconnaître le politique dans le social : si on peut retrouver le premier partout dans le social, ce dernier n'est pas pour tout ni en tout politique. Il n'est pas question de plaider certaine autonomie du politique, faute de pouvoir proposer une définition de sa spécificité. Il s'agit encore moins d'accoler, comme s'il s'agissait de contraires, la politique (homo politicus) et la sociabilité (homo socius), l'Etat et la société, le public et le privé, la souveraineté et la citoyenneté, le système politique et le système social présenté ou non comme environnement du premier. Soulever de telles questions ne peut générer que de fausses réponses à un vrai problème qui, en sa réduction minimale, ne consiste qu'à pouvoir se donner un objet de théorie.
Proposons un point de départ strictement empirique. L'examen de ce qui est au-delà de la perception immédiate et rudimentaire du « ils... nous... » et LES AUTRES devrait nous permettre de répondre aux trois questions fondamentales articulant notre recherche : qui ? avec qui ? entre qui ? Préalablement, l'examen rapide de la terminologie anglaise plus riche, à cet égard tout au moins, que la française, nous suggère d'abord des réponses objectivées aux mêmes questions : Quoi ? - Le political dans la polity. Comment ? - Par les politics, que leurs actes soient politic ou non. Pourquoi ? - Pour une policy ou des policies.
Le politique, qualificatif devenu substantif (comme on dit le social, le sacré, le privé, etc.), est l'acception la plus large, recouvrant le total politique, dont la politique. Pour tous les usages le français ne connaît qu'une seule orthographe : politique. La langue anglaise présente un meilleur outillage terminologique avec trois substantifs, politics, policy, polity, et deux épithètes, politic et political. Commencer par la politique (politics), conformément à la vénérable tradition remontant à Platon, constituerait un mauvais point de départ pour une recherche d'intention empirique. Ce qui tombe sous le coup de l'observation directe, le politique, ce sont des actes, actions et activités, des faits, relations et interactions, des situations, processus et phénomènes qu'on puisse qualifier de « politiques » selon l'un ou l'autre des cinq sens des termes anglais.
Le politique (political, qui n'a pas la qualification majorante de politic - i.e. ce qui est habile, rusé, « de bonne politique »justement) est le terme le plus extensible. Loin de s'opposer au social, il en est une forme ou peut-être même un mode d'expression selon une qualification qu'il s'agit précisément d'établir. Le politique n'est pas moins coextensible que le social puisqu'il peut aussi désigner un ensemble social lui-même considéré d'un certain point de vue. La politique a valeur de désignation plus restreinte qui n'est qu'un aspect de la totalité de l'objet politique. Le politique (political, que cela soit politic ou non) recouvre toute la politique (politics), toutes les lignes de conduite ou de programmes d'action dont elle est faite (policies), ainsi que l'entité collective politiquement organisée (polity).
La science (ou sociologie, ou théorie) politique s'occupe de tout le politique aux cinq sens qui viennent d'être dits. Nos exercices ne doivent pas oublier, non plus que confondre, la politique (politics, luttes et conflits, bagarres pour la conquête des postes de pouvoir et d'influence, la politique comme désordre social si l'on veut) et les politiques (policies, programmes d'action et stratégies pour les concevoir et les exécuter) ; et, chacune, avec les unités politiques de base (polities, selon une acception d'origine française et qui n'est pas tombée en désuétude en anglais). Polity, terme anglais toujours en vigueur, n'étonne personne ; il vient du vieux français « politie », ou « policie », ou « pollitie ». Le vocable français « politie » est tombé en désuétude au XVIIIe siècle ; Jean-Jacques Rousseau est l'un des derniers grands auteurs à l'avoir employé ; Littré en faisait mention dans son grand dictionnaire [3]. Il y aurait grand avantage à le réintroduire en son sens français de jadis pour le rapprocher du terme « société », à l'instar du couple anglais : polity-society. La société dite politique devient plus correctement la politie. Son système d'organisation et de fonctionnement est la gouverne de la « chose publique », autre vocable de bonne race qu'il conviendrait de généraliser dans la langue française de la science politique [4].
Deux utiles clarifications s'ensuivraient. La « société politique », à la fois comme société humaine et comme organisation, se poserait comme politie, distincte de « la société » des sociologues ou des moralistes. La politie, en outre, se distinguerait encore de son système propre, sa gouverne. Ainsi serait éludée, et peut-être transcendée, la confrontation irréelle d'un système politique posé à côté d'un système social, pourvoyeur ou environnement du premier. Une telle dualité, utile parce que commodément simplifiante au départ, engendre très tôt d'artificielles complications opérationnelles à l'usage. Les choses ne se passent pas ainsi, que l'abstraction systémique distord au point de ne pouvoir jamais recomposer une totalité dynamique réelle. L'unité sociale collective considérée, la politie, est structurée par le fonctionnement même de sa gouverne. Elle a en elle-même sa société - en société qu'elle est - ou, si l'on préfère, son propre milieu social. Sa gouverne agit dans ce milieu et non pas sur ce milieu comme quelque chose qui serait extérieur. La gouverne n'a pas de signification, même abstraite comme système, sans le milieu social dans lequel elle agit. Milieu social donné et gouverne particulière constituent la politie. Un régime, enfin, est la gouverne propre de telle politie historique.
La gouverne se visualise d'abord en un vaste mouvement descendant. L'illusion d'optique provient d'une longue habitude perceptuelle d'imaginer les commandements comme s'exerçant d'en haut. La gouverne, comme mouvement uniquement descendant, ne s'abstrait pas plus de l'opération en sens inverse qu'elle ne s'abstrait complètement, comme système, du milieu social de la politie. La gouverne est bidirectionnelle, ou plutôt multidirectionnelle : elle présente à l'analyse, en plus de sa double verticalité descendante et ascendante, toutes espèces de rapports horizontaux et obliques selon diverses dénivellations. Non pas le politique à côté du social, ni un système politique juxtaposé à un système social, mais une seule politie, constituée de sa gouverne agissant dans le milieu social en niveaux distincts de fonctionnement et selon les trois directions horizontale, verticale et oblique.
Les actions et opérations politiques diverses qui se déroulent à l'intérieur d'une seule politie, sans sortir de son milieu social, seront dites des « intractions » (intra-actions ou actions intrapolitie). Celles qui vont vers l'extérieur ou en proviennent seront dites « transactions » (trans-actions ou actions à travers, soit interpolities) et seront étudiées ultérieurement (au chapitre X). Le propre de l'environnement, qui dit extériorité et enveloppement, est d'environner justement. La notion de milieu exprime les idées d'intériorité et de centralité [5]. L'environnement commence à des limites, bornes ou frontières plus ou moins arbitrairement fixées par l'analyste. L'environnement se démarque par extériorité, sinon toujours de « frontières », tout au moins de qualifications. Est dans l'environnement ce que le milieu considère comme extérieur à lui-même. L'environnement politique de la politie est constitué des autres polities. C'est un environnement réel et non pas une abstraction comme l'est le système social, environnement du système politique selon les présentations courantes. Le milieu social de la politie est une société tout aussi réelle et que contiennent les bornes de cette politie. Environnement et milieu [6] restent réels comme l'est la politie dans la réalité du fonctionnement de sa gouverne. Il n'est nul besoin d'aménager des catégories vides ou des « boîtes noires »qui génèrent ensuite d'inutiles difficultés de raccordement. La distinction des intractions ; et des transactions est le dédoublement dynamique des catégories statiques, et à ce titre peu utiles, du milieu et de l'environnement. Mais il convenait de préciser que la politie, comme société, contient son milieu mais exclut son environnement.
Ils et nous, nous sommes en rapports intractifs. Avec LES AUTRES, il s'agit de rapports transactifs. Par ce triangle de blocs d'acteurs la distribution est complète, quoique les rôles, non encore attribués, ne soient que très incomplètement différenciés. Entre tout ce monde, l'action du politique se déroule. Qu'y a-t-il entre NOUS pour que nous nous y reconnaissions tous, d'emblée et sans conteste : ils et nous à l'intérieur de notre politie et assujettis à une même gouverne, en même temps que distincts des AUTRES ? Ces derniers, à l'intérieur de chacune de leur politie, se voient selon leur propre dualité (du ils, nous) et nous considèrent comme faisant partie des AUTRES. Et ainsi indéfiniment à l'échelle de la planète...
Y a-t-il un principe premier du politique ou une espèce de critère sociologique ultime de l'automaticité de nos reconnaissances mutuelles en forme d'appartenance et d'exclusion ? Qui est en cause, ou encore de quoi s'agit-il ?
Résumé : voir les Propositions 1 à 5.
Propositions introductives
1. « Ils... » et « Nous » forment notre Nous, se distinguant des AUTRES qui constituent leur propre NOUS. Le NOUS politique est la politie.
2. Le politique (the political) comprend la politique (politics), les politiques ou programmes d'action (policies), que ces dernières soient habiles ou non (politic), ainsi que l'entité collective politiquement organisée, la politie (polity).
3. Le système d'organisation et de fonctionnement de la politie est la gouverne. Le régime est la gouverne propre de telle politie historique. L'Etat, comme catégorie historique, est la politie type de notre époque.
4. L'intérieur de la politie est son milieu social ; l'extérieur en est son environnement politique, constitué des autres polities.
5. Les actions politiques qui se déroulent à l'intérieur d'une politie sont dites intractions (ou intra-politie) ; celles qui s'étendent à d'autres polities seront dites transactions (ou inter-polities).
[1] « Quel sale temps, ils nous ont donné pour les vacances de Pâques ! »
[2] E.E. Schattschneider, Two hundred million Americans in search of government, New York, 1969, p. 8.
[3] Le Webster's New World dictionary of the American language (1966) définit le terme polity comme encore usuel : « 1. The governmental organization or constitution of a state, church, etc. 2. A society or institution with an organized government ; state ; body politic ». Une édition récente du Littré (1965) définit la politie : « Société et gouvernement (terme tombé en désuétude ». Suivent des exemples de textes du XIVe siècle (Oresme) et du XVe (Christine de Pisan), alors que le mot s'écrivait selon sa prononciation, policie. Le terme aurait été en usage jusqu'au XVIIIe siècle comme l'atteste cet extrait du Contrat Social (III, 8) : « Ces lieux doivent être habités par des peuples barbares : toute politie y serait impossible ». Nous devons au professeur Charles Roig de l'université de Genève d'avoir attiré, notre attention sur ce vocable politie.
[4] La gouverne (en anglais governance) est un terme qui n'a jamais cessé d'être en vigueur en français, et souvent selon une nuance métaphorique : « Pour votre gouverne », « Etre à la gouverne des affaires de l'État ». Il désigne un aviron ou une godille servant à diriger une embarcation et, par extension, les organes de direction d'un avion. C'est un mot de la famille de gouvernail (dont on a tiré, selon la racine grecque, le terme de cybernétique), de gouvernance (ancienne unité administrative française à Lille, Arras, Douai) et de gouvernement, qui a connu une si bonne fortune en sémantique qu'il en est venu à être tenu pour synonyme de politique. Pour nous, le gouvernement doit être restreint à une acception précise comme l'une des quatre fonctions politiques centrales. Cf. chap. III. A notre connaissance le premier ouvrage en langue française à avoir employé le terme gouverne en un sens identique au nôtre est celui d'André J. Bélanger, l'Apolitisme des idéologies québécoises, Québec, 1974.
[5] Le Dictionary of sociology and related sciences (Peterson, New Jersey, 1961), dit à l'article Milieu : « A word synonymous with environment, Although in French the word means 'middle', in English American sociology this literal translation is altogether misleading. 'In the midst of' is as close in meaning to the French 'middle' as can be found ». Tenus pour synonymes, chacun des deux termes a connu une vogue scientifique à des moments différents. Transposé directement en anglais et dans beaucoup d'autres langues, le milieu faisait plus sociologique, comprenant les facteurs humains, que l'environnement des géographes et des écologues. Aujourd'hui, la théorie générale des systèmes et la lutte contre la pollution industrielle ont popularisé le terme et le thème de l'environnement, mot qui « est meilleur en tout cas que celui de 'milieu'. Car ce qui est autour ce n'est pas un milieu » (Bertrand de Jouvenel, interview au journal le Monde, 4-5 janvier 1970).
[6] Pour des notions quelque peu différentes du milieu et de l'environnement, cf. Man-Milieu relationship. Hypotheses in the context of international politics, Princeton, Center of international studies, 1956. Les auteurs, Harold et Margaret Sprout, ont repris cette distinction dans « Environmental factors in the study of international politics » Journal of conflict resolution, 1/4, 1957, p. 312-313) : « Because 'environment' has come to mean different things to different specialists, we have substituted the French word milieu to designate the general concept... But we have restricted the noun 'environment'... to limited aspects of the milieu, as for example, 'physical environment', 'social environment', 'non-human environment', 'psychological environment', 'operational environment', etc.
« We define the general concep of 'milieu' to include all phenomena... to which the environed unit's activities may be related. So defined, milieu includes both tangible objects, non-human and human, at rest and in motion, and the whole complex of social patterns, some embodied in formal enactments, others manifest in more or less stereotyped expectations regarding the behavior of human beings and the movements and mutations of non-human phenomena. This definition of milieu includes the environed unit's own ideas or image of the milieu, a concept designated herein as 'psychological environment'. »
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