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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jean-Charles Bonenfant, “L’évolution du statut de l’homme politique canadien-français.” In ouvrage sous la direction de Fernand Dumont et Jean-Paul Montminy, Le pouvoir dans la société canadienne-française, pp.117-124. Québec: Les Presses de l’Université Laval, 1966, 252 pp. Troisième colloque de la revue Recherches sociographiques du Département de sociologie et d'anthropologie de l’Université Laval. [Le directeur général des Presses de l’Université Laval, M. Denis Dion, nous a accordé, le 2 juillet 2017, son autorisation de diffuser en libre accès à tous ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

[117]

Le pouvoir dans la société canadienne-française.

IV. LES TITULAIRES DU POUVOIR

 “L'ÉVOLUTION DU STATUT
DE L'HOMME POLITIQUE
CANADIEN-FRANÇAIS.”

par
Jean-Charles BONENFANT

Dans la société canadienne-française, le pouvoir s’est longtemps incarné presque uniquement dans deux groupes d’hommes qui d’ailleurs faisaient habituellement bon ménage : les clercs et les hommes politiques. Ces derniers jouent-ils le même rôle que naguère ? Se voient-ils ou sont-ils vus comme autrefois ? C’est à cette question que j’essaierai de répondre, bien conscient que mes observations personnelles, mes intuitions et mes hypothèses auraient besoin d’être corroborées par des recherches méthodiques que poursuit ou que dirige heureusement celui qui fera le commentaire de mon exposé.

Selon la conception aristotélicienne, tout homme est politique, c'est-à-dire qu’il est « par nature un être de cité » [1], mais il est évident que l’expression ne désigne ici que ceux qui détiennent ou tentent de détenir une partie substantielle du pouvoir : les membres d’un gouvernement, les membres d’une législature et aussi certains membres d’organismes locaux qui, dans la démocratie moderne, prennent de plus en plus d’importance et méritent l’appellation d’hommes politiques.

Dès le début, je prends la précaution de préciser que sans exclure systématiquement les hommes politiques canadiens-français qui évoluent au niveau fédéral, je laisserai de côté parce que c’est, à mon sens, un sujet tout à fait spécial, les facteurs qui, ces dernières années surtout, ont modifié leur statut. Ces facteurs sont : le manque de racines véritables dans la population, la difficulté de se réaliser dans une culture étrangère et l’absence de participation aux politiques importantes. Ils ont créé une aliénation qui, étant une appartenance à autrui, est évidemment une diminution de statut. Ces facteurs ne sont peut-être que temporaires et pourraient disparaître dans un nouveau fédéralisme où deux souverainetés se côtoiraient avec chacune sa véritable sphère d’activité. Il reste que pour plusieurs, l’homme politique canadien-français fédéral est devenu un étranger ou un aventurier de la dernière chance dont le statut est soumis à trop de coefficients particuliers pour que je puisse en tenir compte dans cette communication.

[118]

Le statut de l’homme politique traditionnel canadien-français a changé, comme d’ailleurs celui de l’homme politique de tout l’Occident libéral ou socialiste, parce que la forme même de son activité s’est transformée et parce qu’à ses côtés d’autres hommes se sont emparés d’une partie du pouvoir qui lui était autrefois attribuée.

TRANSFORMATION DE L’ACTIVITÉ DU DÉPUTÉ

L’homme politique traditionnel était un bourgeois d’une certaine aisance, ayant de préférence une formation juridique, se faisant élire à la Chambre basse pour mourir plus tard conseiller législatif, sénateur ou juge. Il servait d’intermédiaire entre le pouvoir et ses électeurs, et on croyait avec un peu plus de raisons qu'aujourd’hui qu’il était un législateur. Cette conception nous venait évidemment des Anglo-Saxons.

Maintenant qu'il est raisonnablement payé et qu’il siège pendant la plus grande partie de l’année, le député cesse d’être un monsieur qui a des loisirs et qui, pour se distraire, vient passer l’hiver à Québec. On le regarde de plus en plus comme occupant une fonction à plein temps et ne se distinguant des véritables fonctionnaires que par le système de recrutement auquel il est soumis et par son absence de spécialisation. Evidemment, l’époque s’éloignera de plus en plus où, avec la meilleure foi du monde, on pouvait intituler des mémoires Le grand jeu de La politique. [2]

Le député s’est longtemps identifié avec l’avocat. L’espèce n’est évidemment pas disparue de nos parlements et je crois qu’une formation juridique demeure une bonne préparation à la politique. Mais il est sûr que l’arrivée dans la vie publique de nouvelles élites des autres sciences de l’homme a commencé à transformer notre conception du détenteur du pouvoir. Ce n’est plus le pontife qui invente et conserve secrètement la règle de droit et qui l’impose à autrui, mais c’est presque un homme de science qui explique et veut imposer, même à l’encontre du droit, ce dont la société a besoin.

Pendant longtemps, c'est son rôle d’intermédiaire qui, au niveau local surtout, a établi le prestige du député. Ce rôle a engendré un problème qu’on a eu raison de poser sous son angle moral mais, pour autant qu’on réussit à tuer le « patronage », on transforme considérablement le statut de celui qui l’exerçait. Il faudra beaucoup de temps et beaucoup d’éducation pour que les électeurs de la province cessent de voir en leurs députés des intermédiaires, et ceux-ci resteront peut-être toujours le groupe de pression de ceux qui n’en ont pas.

On a cru régler le problème moral du patronage en disant qu’il fallait libérer les députés des petites réclamations de leurs électeurs pour qu’ils  [119] puissent vraiment jouer leur rôle de législateurs. En effet. L'homme politique a longtemps été regardé comme le plus important titulaire du pouvoir parce qu’il était législateur, et on se rappelle l’interrogation grandiloquente et émue de Jean-Jacques Rousseau dans Le contrat social : « S’il est vrai qu'un grand prince est un homme rare, que sera-ce d’un grand législateur ? » Eh bien, ce rôle de législateur, aujourd’hui, la masse des hommes politiques ne le jouent pas et ne peuvent pratiquement plus le jouer. Les quelques chefs, les membres d’un cabinet, par exemple, qui semblent le jouer, ne sont en réalité que les instruments des groupes de pression et les interprètes des technocrates.

Une des grandes désillusions du député moderne est de se sentir presque inutile dans cette tâche de législateur auquel il avait rêvé dans la candeur généreuse de ses premières ambitions. Encore tout récemment, dans le discours qu’il prononçait pour proposer l’adoption de l’adresse en réponse au discours du trône, le député Jean-Guy Trépanier a exprimé bien honnêtement la difficulté pour un député d’être un législateur. « Il est évident, a-t-il déclaré, qu’après qu’un projet de loi a été pensé par le ministre dont il concerne le ministère et par les fonctionnaires de ce ministère, étudié ensuite par le comité de législation, élaboré dans sa forme légale par les experts légistes, révisé à nouveau par le comité de législation, il nous arrive en cette Chambre dans une forme déjà fort rapprochée de son terme définitif. Et ce n’est assurément pas le rôle des députés de remplacer les experts tant de l’économie que de la sociologie ou de tout autre domaine, ni les experts légistes dont la tâche de la rédaction claire et précise et concise d’une loi est extrêmement importante, ni enfin évidemment le comité de législation formé des membres du cabinet ministériel. » [3]

Dans la plupart des parlements du monde, le rôle de législateur des représentants du peuple est aujourd’hui fort mince. Dans un système de type britannique surtout, l’initiative législative ne peut appartenir qu’au pouvoir exécutif. Ce dernier, d’ailleurs, sera presque toujours déterminé à agir par des techniciens, qui parfois s’incarnent en des commissions royales, ou par des groupes de pression. De temps à autre, à l’intérieur de caucus du parti au pouvoir, des députés auront peut-être l’occasion de suggérer des projets de loi, mais en général on leur demandera plutôt d’approuver ce qui a été décidé par d’autres.

On a pensé intéresser les députés à la rédaction des lois et on a imaginé en Suisse une procédure assez originale qui consiste « à soumettre un avant-projet établi par l’administration à une commission composée à la fois de fonctionnaires, de membres des chambres fédérales et de représentants de groupements d’intérêts patronaux et ouvriers compétents en la matière ». [4]

[120]

Ces commissions doivent cependant travailler sans publicité ; elles peuvent être aisément dominées par des techniciens et, si elles existaient dans notre province, elles ne changeraient guère le statut du député qui continuera à jouer son rôle de législateur en fonction de projets de lois déjà préparés et présentés à la Chambre. Que peut-il alors faire sérieusement ? Tant de gens compétents ont eu le temps d’examiner avant lui le texte et d’en mesurer les répercussions qu’il ne pourra guère qu'apporter la vision parfois utile d’un « généraliste » en contact avec le peuple.

Depuis quelques années, c’est un thème classique de la science politique que de se demander quel avenir il y a pour les parlements. Du 4 au 6 novembre 1965, sous les auspices de l’Union interparlementaire, s’est tenu à Genève un symposium sur les problèmes actuels du Parlement et on a conclu que « si le Parlement a perdu au profit de l’Exécutif certaines prérogatives que lui donnait jadis l’importance de sa fonction législative, il a fortement accru les pouvoirs qu'il tire de sa fonction de contrôle ». « Plus l’État accroît son champ d’action, ajoutait-on, plus le Parlement développe et renforce son contrôle. » [5]

Les hommes politiques se diviseront de plus en plus en deux groupes, ceux qui, de moins en moins nombreux, édicteront lois et règlements et seront en même temps des vedettes, et ceux qui, plus obscurs, contrôleront leur activité. Cette transformation est en cours et elle a déjà des conséquences sur le statut de l’homme politique canadien-français. Il cesse d’être un intermédiaire et un législateur sans pour autant devenir vraiment un « contrôleur ». C’est ainsi qu’à Québec, on n’a pas encore réussi à institutionnaliser le contrôle des dépenses publiques par les députés ni à imaginer un mécanisme de vérification de la législation déléguée, sans cesse croissante.

LES HOMMES POLITIQUES ONT DES RIVAUX

Limités pour la plupart dans leur activité traditionnelle, les hommes politiques canadiens-français ont vu surgir des rivaux auxquels ils ont dû céder une partie du pouvoir, ce qui a diminué d’autant leur statut. Je veux parler en particulier des technocrates, des représentants des groupes de pression et des vedettes des arts de communication.

C’est une vérité bien établie qu’aujourd’hui un haut fonctionnaire est beaucoup plus puissant qu'un député. L’État qui doit intervenir dans tous les domaines ne peut plus se permettre de le faire au gré de l’inspiration de ceux que le peuple a élus. Certes, il y a chez les hommes politiques d’excellents technocrates mais, par une cruelle ironie du sort, lorsqu'ils se livrent à la politique, ils doivent négliger la discipline dans laquelle ils étaient [121] maîtres. Les technocrates évaluent scientifiquement les besoins de la société ; ils suggèrent les mesures que le législateur est appelé à adopter ; ils les préparent si bien que l’homme politique idéal est une sorte de « généraliste » capable surtout de faire accepter certaines mesures par la masse dont l’acquiescement devient de plus en plus nécessaire. Au sommet, les hauts fonctionnaires et les hommes politiques se côtoient dans l'harmonie parce qu’ils ont besoin les uns des autres. Mais aux autres niveaux, au niveau des députés par exemple, il est d’usage de dénoncer la bureaucratie. C’est évidemment, dans bien des cas, la manifestation d’une frustration facile à comprendre, la frustration de celui qui a peiné durement pour obtenir le pouvoir et qui le voit passer aux mains de ceux qui ne sont pas responsables au peuple.

L'homme politique a vu aussi diminuer son statut par suite du développement de corps intermédiaires se transformant facilement en groupes de pression et à l’intérieur desquels se manifeste la volonté populaire beaucoup plus facilement que par le truchement d’un député. Pour une bonne partie de la population, le véritable détenteur du pouvoir, ce n’est pas l’homme politique mais c’est celui qui, au moment de crise surtout, peut déterminer l’action de ce dernier. Les syndiqués, en particulier, regardent leurs chefs comme étant beaucoup plus puissants que les députés et même les ministres et, à l'autre extrémité de notre société capitaliste, un certain nombre de financiers ont la réputation de posséder avec leurs directorats quelques parcelles du pouvoir.

Le développement des médiums de communication, la grande presse, la radio et la télévision, qui permettent le contact direct de l’homme politique avec la masse et qui, en même temps, le mettent à nu, a aussi contribué à la transformation de son statut. Autrefois, on se faisait élire par un petit groupe d’électeurs faciles à manœuvrer et, pour réussir dans un parlement et être vénéré par ses concitoyens, il n’était pas toujours nécessaire d’être, selon l’expression canadienne, une « tête à Papineau ». Une tradition venue des milieux britanniques voulait même qu’une certaine nonchalance et un débit médiocre fussent des gages de succès dans un monde de « gentlemen » où il était malséant de briller trop rapidement. Bref, l’homme politique pouvait se bâtir une réputation qui ne correspondait pas à sa valeur réelle et, une fois élu, il n’avait qu’à soigner cette réputation auprès de ce club fermé qu’était le parlement. Pour les journaux de son parti, il était un grand homme, pour ceux du parti adverse, il n’était rien, et le grand public honorait « monsieur le député », et surtout « monsieur le ministre », comme il vénérait « monseigneur l’évêque ».

La radio d’abord et ensuite la télévision surtout ont changé tout cela en mettant les hommes politiques face au public dans toute la nudité de leur véritable valeur. Pour être jugé capable de détenir le pouvoir, il ne suffit plus d’utiliser avec habileté les règles de la procédure parlementaire et de [122] lancer des bons mots devant une centaine de personnes et quelques journalistes, mais, dans les moments de crise surtout, il faut conquérir directement le peuple. Il y a bien encore quelques vieux parlementaires attardés qui se scandalisent lorsqu’une décision importante est communiquée au public dans une entrevue télévisée au lieu de l’être entre quatre murs aux représentants de ce peuple mais, d’instinct, les véritables chefs comprennent qu’un studio de télévision s’ouvre davantage sur le pays réel que la Chambre des communes et l’Assemblée législative. Cette nouvelle orientation de la vie politique ne fera que se développer et le temps n’est pas loin où les campagnes électorales ambulantes disparaîtront pour être entièrement remplacées par des exposés à la radio et à la télévision. De plus en plus, pour réussir en politique, il faudra l’intelligence, la culture, le charme même, qu’exigent les médiums modernes de communication. Ils ont déjà replacé plusieurs hommes à leur juste valeur. Les ministres sentent le besoin d’aller au peuple non seulement pour lire des discours écrits par d’autres mais aussi pour répondre à des questions souvent embarrassantes. L’homme politique qui est obligé de faire face pendant quelques heures aux étudiants de nos universités ne peut plus être médiocre et sa réputation repose évidemment sur d’autres critères que ceux qui établissaient la renommée de M. Alexandre Taschereau ou de M. Maurice Duplessis.

La publicité moderne a aussi contribué à faire connaître au grand public certaines formes d’immoralité politique, et on peut se demander jusqu’à quel point tout ce dont, ces dernières années, on a accusé plusieurs hommes publics canadiens-français a pu contribuer à diminuer leur statut. Je serais porté à croire que ce n’est pas un facteur très important. Les scandales ont été de tous les temps et une bonne partie de la population se rend compte que, dans des domaines où elle peut le vérifier elle-même, dans celui des élections par exemple, les mœurs se sont considérablement améliorées.

L’homme politique canadien-français traditionnel fait donc face maintenant à plusieurs rivaux et, de sa lutte avec d’autres vedettes, il sort un peu diminué ; par ailleurs, je crois qu’apparaît à ses côtés une autre espèce d’homme politique qui acquiert de plus en plus de prestige et qui heureusement est peut-être celle dont nous avons le plus besoin dans notre démocratie. Je veux parler de l’homme politique local, qui joue son rôle dans le domaine municipal et scolaire, qui généralement est indépendant des grands partis fédéraux et provinciaux, et qui souvent a consenti à servir ses concitoyens par mystique plus que par ambition ou soif des honneurs.

L’absence de véritable démocratie locale a toujours été une faiblesse de nos institutions politiques et déjà, en 1839, Lord Durham regardait « comme une des causes principales de l’insuccès du gouvernement représentatif et de la mauvaise administration du pays l’absence totale d’institutions municipales qui donneraient au peuple une certaine autorité sur ses affaires [123] régionales ». [6] Notre système municipal devait naître quelques années plus tard mais il s’est développé dans l’incohérence et la médiocrité. Avec l’augmentation des services publics et l'accroissement des impôts locaux, on s’est aperçu que la politique municipale était importante et qu’elle devait faire appel à d’autres personnes que des hâbleurs ou des combinards. J’affirmerais volontiers que si le statut de l’homme public canadien-français s’est élevé sous certains aspects dans l’opinion publique, c’est grâce à l’apparition de certains maires dynamiques qui ont rompu avec plusieurs traditions et qui ont transporté dans l’activité municipale les méthodes et l’efficacité de l’entreprise privée moderne.

Je crois d’ailleurs que, d’ici quelques années, en face de quelques vedettes qui continueront d'être puissantes et qui formeront l’Exécutif, en face des députés qui perdront de plus en plus d'importance à moins de se transformer en véritables contrôleurs, nous assisterons à une rénovation de ce que j’appellerais la démocratie locale et qui se manifestera non seulement au niveau municipal, mais aussi dans le domaine de l’éducation et dans celui de la sécurité sociale. Dans d’autres pays, on en fait l’expérience et avec une population plus instruite que celle que nous avons aujourd’hui ; avec le recours aux méthodes d’animation, nous pourrons vraiment renouveler la démocratie. Le phénomène se manifeste déjà dans l’éducation où les antiques commissions scolaires se voient de plus en plus remplacées par des comités régionaux. Ces comités ont témoigné d’un dynamisme remarquable, ont fait des études sur le milieu environnant et ont formulé de nombreuses et intelligentes suggestions. Ils ont parfois accompli un tel travail que l’État a éprouvé des difficultés à les suivre. Ce genre de démocratie est possible, grâce à des gens, hommes et femmes, qui refuseraient peut-être de se considérer comme des chefs politiques mais qui n’en sont pas moins, pour autant qu’ils assument des responsabilités pour la collectivité.

CONCLUSION

Beaucoup d’hommes politiques et surtout la grande majorité des votants, ceux qui en définitive établissent un statut, n’ont pas encore compris ou accepté les transformations que je viens d’esquisser et c’est à l’intérieur d’institutions politiques traditionnelles qu’ils essaient de résoudre des problèmes de la fin du XXe siècle. Mais un jour, les faits se révolteront contre le droit et les traditions. Comme il est à la mode, aujourd’hui, de compléter l’étude d’une évolution par une prospective, je ne puis m’empêcher de tenter d’imaginer ce que sera l’homme politique canadien-français de l’avenir. S’il a choisi de travailler à Ottawa continuera-t-il de se sentir [124] aliéné ? Je l’ignore ou plutôt je n’en ai cure, car ce grave problème d’aujourd’hui peut s'estomper dans la transformation générale de la politique elle-même à laquelle participera inévitablement l’homme politique canadien-français. À mesure que se développeront les techniques et que s’élèveront le niveau d’éducation et le niveau de vie des masses, la politique deviendra une fonction plutôt qu'une fin ou un jeu. La conception aristotélicienne de la politique, « science suprême et au plus haut point ordonnatrice — αρχιτεκτονιχη), — » [7]  disparaîtra ou plutôt se réalisera par I.B.M., la machine étant devenue plus habile et plus honnête que l’homme dans la recherche du bien commun. Nos désirs de souveraineté et notre culte enfantin des symboles feront sourire nos descendants qui n’auront plus besoin d’être convaincus par les détenteurs de charismes mais qui feront appel aux véritables hommes politiques de l’avenir, ceux qui alimenteront les machines et surtout surveilleront sous l’angle humain leurs décisions. L’homme politique de l’avenir, qu’il soit canadien-français ou autre, sera avant tout un contrôleur, et je vous avoue que, préparant cette communication en même temps que j’avançais péniblement dans la thèse de notre collègue Gérard Bergeron, Fonctionnement de l’État, [8] j’ai commencé à sentir que dans sa rage iconoclaste contre la notion de pouvoir, il avait peut-être raison d’y opposer sa trinité fonctionnaliste : relation - contrôle - fonction. Sous cet éclairage, je résumerais, en terminant, l’évolution du statut de l’homme politique canadien-français en disant qu’il cesse dans la plupart des cas d’être un titulaire du pouvoir pour devenir un instrument de contrôle. Le drame actuel est qu’il ne s’en rend pas compte et que le peuple ne le sent que confusément. Pour toutes ces raisons, on se contente de replâtrer les institutions traditionnelles alors qu’il faudrait avoir l’intelligence et l’audace de les transformer profondément.

Jean-Charles Bonenfant
Bibliothèque de la Législature,
Québec.


[125]

COMMENTAIRE

par
Robert BOILY

La plupart des démocraties occidentales font actuellement face à une même nécessité : modifier leur structure politique et, en particulier, la distribution interne du pouvoir, pour mieux adapter le fonctionnement des institutions aux conséquences de l'accroissement considérable du rôle de l’État. Ce processus d'adaptation est plus ou moins avancé dans les différents pays selon qu’ils ont été plus ou moins touchés par les facteurs généraux qui ont poussé à cet accroissement du rôle de l’État — facteurs d'ordre international (les guerres), d’ordre économique (les crises), d’ordre idéologique (le socialisme ou le fascisme), ou selon que le type de système politique rendait plus facile (le parlementarisme à l’anglaise), ou plus difficile (parlementarisme français ou présidentialisme américain), une telle adaptation.

Dans tous ces pays, l'accroissement du rôle de l’État s'est traduit par une importance accrue de l’Exécutif et par l’introduction, à côté de l'homme de gouvernement, d’un personnel qui lui est intimement lié dans l’exercice du pouvoir mais qui lui demeure extérieur : l'expert. Il s’est traduit aussi par l’affaiblissement du statut d’une autre catégorie d’hommes politiques, les parlementaires. Personnalisation du pouvoir, multiplication des ministères, gonflement des effectifs administratifs, réglementation sévère des débats parlementaires et développement hors de tout contrôle réel possible des délégations de pouvoirs, sont autant de signes d’une évolution que l’on pourrait qualifier d'universelle.

Soulignant plusieurs des facteurs qui peuvent expliquer ce phénomène très généralisé, le professeur Bonenfant a mis particulièrement en relief certains aspects de cette évolution au Québec, notamment ceux qui ont trait aux modifications apportées au statut de l'homme politique canadien-français.

Au personnel politique traditionnel s’identifiant assez bien à l’homme politique à la fois intermédiaire entre le pouvoir et les électeurs et législateur, se serait substitué un personnel politique nouveau, fortement différencié : d'un côté, un petit groupe de gouvernants détenteurs officiels de la force considérable de l’État, en étroit contact avec les technocrates et les représentants des groupes de pression ; de l’autre, le groupe des simples députés, de plus en plus démunis du pouvoir législatif réel. Ceci n’exclut pas l’influence personnelle que pourraient avoir quelques-uns de ces individus. Monsieur Bonenfant ne croit pas, avec raison pensons-nous, que ce dernier sous-groupe du personnel politique ait trouvé dans une fonction de contrôle une nouvelle puissance. Il souligne l’impossibilité dans laquelle se trouvent les parlementaires québécois d’exercer un véritable contrôle des finances publiques ou de la législation déléguée. Toutefois, mon collègue ne reconnaît pas davantage un pouvoir de décision réel en matière législative à l’autre sous-groupe du personnel politique, la minorité dirigeante. Non seulement, dit-il, la masse des hommes politiques ne peuvent plus jouer ce rôle de législateurs, mais même les quelques chefs qui « semblent le jouer ne sont en réalité que les instruments des groupes de pression et les interprètes des technocrates ».

Laissant de côté, dans ce commentaire, l’intéressant problème des hommes politiques locaux, je voudrais soulever un certain nombre de problèmes concernant les caractères particuliers de l’évolution du statut [126] de nos hommes politiques. Il s’agit, plus précisément, d’une double série de questions. Il nous semble, en effet, que l'étude de l'évolution du statut de l’homme politique canadien-français doit se faire dans une double dimension, à deux niveaux qui sont interdépendants mais qui doivent être distingués. Le statut de l’homme politique canadien-français est tout d’abord déterminé par son appartenance à un groupe social particulier : le personnel politique ou la classe politique du Québec. À ce niveau, l’évolution du statut de l'homme politique est fonction des modifications apportées à la structuration de ce groupe et à la distribution du pouvoir à l’intérieur de ce groupe. Mais le statut de l’homme politique, c’est aussi la position qu'occupe ce personnel politique dans la société globale face aux autres catégories dirigeantes. Dans cette perspective, s’interroger sur l’évolution du statut de l’homme politique canadien-français, c’est rappeler quels étaient les rapports entre le personnel politique et les autres catégories dirigeantes du Québec dans le passé, et décrire ensuite les modifications récentes apportées à ces rapports.

Cette insistance de notre part sur la nécessité de distinguer ces deux niveaux d’analyse n’est pas un reproche au professeur Bonenfant car nous retrouvons cette distinction dans son exposé. Nous voulons seulement souligner combien il est important, d’abord, de reculer assez loin dans le temps pour évaluer l’importance relative des facteurs particuliers au Québec et des facteurs plus généraux, universels ; ensuite, de rappeler la situation toute particulière du personnel politique canadien-français dans la société québécoise et non pas uniquement canadienne-française. Ajoutons enfin qu’en faisant cette remarque nous sommes très conscients des difficultés énormes devant lesquelles se trouvait notre collègue et devant lesquelles nous nous trouvons nous-mêmes, par suite de l’état de nos connaissances actuelles sur ces différentes questions.

Quelle qu’ait été la manière de concevoir la fonction de l’homme politique canadien-français dans le passé, soit dans la perspective de l’élu lui-même, soit dans la perspective de l’électeur, n’y eut-il pas toujours au sein de ce personnel une minorité dirigeante toute-puissante et une majorité démunie de pouvoirs, en particulier du pouvoir législatif ? La non-correspondance entre la fonction officielle de législateur de cette majorité et sa fonction réelle est-elle un phénomène vraiment nouveau ? En d’autres termes, le phénomène oligarchique actuel remarqué par le professeur Bonenfant au sein du personnel canadien-français n’est-il pas une réalité ancienne au Québec ?

Certains traits particuliers de la société canadienne-française et de l’histoire politique du Québec nous portent à croire qu’une telle stratification du personnel politique doit bien peu à l’évolution actuelle qui met en évidence une situation ancienne plutôt qu’elle ne l’explique. Cette stratification ancienne de notre personnel politique trouverait, selon nous, son origine et son développement dans certains caractères de notre société, en particulier dans le très grand rôle qu’ont joué nos partis politiques.

L’implantation du parlementarisme au Québec à partir de 1791 a donné naissance à un personnel politique canadien-français dont l’unique fonction était de représenter les intérêts d’une collectivité menacée dans son existence, au sein d’une Assemblée démunie de pouvoirs législatifs réels. L'homme politique canadien-français, c’est alors essentiellement un député. Du point de vue de la fonction politique qu’exerce ce personnel, on peut parler d'une certaine homogénéité, d’une identité de statut pour tous les membres. Il n’en reste pas moins que c’est un personnel qui, très [127] tôt, se différencie. Il y a les chefs, la minorité dirigeante constituée des meilleurs éléments d’une jeune bourgeoisie libérale, cultivée, animée d’une volonté de puissance ; et les autres, des individus simples, modestes qui ne savent très souvent ni lire ni écrire.

Cette différenciation à l’intérieur de ce personnel politique n’est pas uniquement le résultat d’une nécessité politique, c'est-à-dire qu’elle ne répond pas uniquement au besoin de distinguer du groupe quelques individus qui serviront d’interlocuteurs aux dirigeants anglais ; elle répond aussi à une autre fonction : entrer en politique à un niveau ou à un autre, c’est et cela demeurera longtemps pour le Canadien français l’unique voie de promotion sociale en dehors du clergé, soit par le prestige immédiat que la fonction apporte, soit par l’accès qu’elle procure à d’autres milieux dirigeants. Cette minorité dirigeante du personnel politique canadien-français recevra toujours du sang neuf mais il est difficile de ne pas remarquer que, peu à peu, l’appartenance à l’une ou l’autre des deux catégories du personnel politique aura très souvent une relation assez étroite avec le niveau social d’origine de l'homme politique canadien-français.

Au moment où elle a accès à toutes les charges politiques, surtout à partir du moment où la Confédération lui accorde une zone d’action privilégiée, cette minorité dirigeante sera tout naturellement la détentrice des postes les plus importants. Et cela, d’autant plus facilement qu’avec la naissance et le développement des partis, le phénomène partisan prendra au Québec une ampleur démesurée ; il en viendra à envelopper totalement ou presque le phénomène politique. À partir du début du XXe siècle, le statut de l’homme politique canadien-français à l’intérieur du système politique sera de plus en plus déterminé par la place qu’il occupe dans le parti et la situation majoritaire et minoritaire de celui-ci au Parlement, avant de l’être par l’appartenance à l’une ou l’autre des deux branches de l’autorité politique, l’exécutif et le législatif.

Sous Taschereau et Duplessis, cette situation est de plus en plus évidente à mesure que le phénomène partisan se perfectionne et atteint tous les secteurs de la collectivité québécoise. Il y a, d’une part, ceux qui dirigent le parti et qui, lorsqu’ils ont la majorité, exploitent le pouvoir politique dans une dimension et à des fins surtout partisanes ; d’autre part, ceux qui, simples parlementaires ou ministres, servent de base à l’exercice de ce pouvoir. Leur élection et leur réélection en nombre majoritaire est la condition fondamentale de l’exercice et de la conservation du pouvoir. D’où l’importance et la nature de leur rôle d’intermédiaires. Il s’agit d’entretenir les liens les plus étroits possibles entre le parti au pouvoir, qui devient la source de toute autorité, et les électeurs, clientèle de ce parti. Il leur faut être très attentifs aux besoins tant locaux qu’individuels. Divers moyens fort connus sont employés pour se conserver l’affection de ces publics électoraux. Ce rôle d’intermédiaires semble d’autant plus naturel que la forte centralisation de l’administration, l’inexistence de structures intermédiaires, obligent l’élu à jouer le rôle d’agence de renseignements et facilite son rôle de distributeur normal des largesses gouvernementales. Le patronage devient ainsi la simple coloration d'une fonction toute naturelle. L’évolution actuelle qui, comme l'a souligné si justement notre collègue, fait du député un fonctionnaire à plein temps retenu presque toute l’année à Québec, et tend à lui enlever l’utilisation du patronage comme source d’influence, est venue diminuer considérablement ce rôle traditionnel d’intermédiaire [128] et mettre à nu sa seule véritable fonction : être un instrument de l’exercice du pouvoir, non un détenteur.

Ainsi, bien avant que l’évolution actuelle soit venue grossir l’importance de l’Exécutif, par suite de l’accroissement des domaines d’intervention de l’État, et mettre en évidence l’existence de deux sous-groupes très différenciés au sein du personnel politique québécois, la fonction d’accès à un statut social plus élevé ou de débouché tout naturel pour une certaine bourgeoisie ainsi que l’importance démesurée du phénomène partisan, facilitée par le rôle très longtemps limité de l’État québécois, avaient donné naissance à deux types d’hommes politiques aux fonctions différentes — deux types d’hommes politiques dont les caractères socio-économiques et la carrière présentaient des différences profondes. Parmi tous les facteurs qui ont pu pousser à cette différenciation, la nécessité pour la lutte partisane, dans le contexte québécois, d’une autorité très forte et d’un monopole du pouvoir, est certainement un des plus importants.

Il semble bien, comme le laisse entendre notre collègue à la fin de sa communication, que seules des modifications radicales des institutions politiques permettraient d’associer plus intimement aux processus de décision ceux qui, parmi ces hommes politiques, jouissent d’un statut que je qualifierais d’inférieur. Plutôt qu’à l’intérieur du personnel politique lui-même, c’est beaucoup plus, semble-t-il, chez ce petit groupe de dirigeants face aux autres catégories dirigeantes qu’il faut chercher les signes d’une modification notable, par suite de P évolution actuelle de l’État québécois.

Malgré l’importance que peut avoir à nos yeux ce deuxième point, nous sommes forcé d’être beaucoup plus bref, en raison même de l’état de nos connaissances actuelles sur les relations entre catégories dirigeantes politiques — non seulement les relations qui impliquent le clergé mais aussi les relations auxquelles participent toutes les autres sources d’influence de la société québécoise, en particulier les pouvoirs économiques et le gouvernement central.

La principale question que nous posons est celle-ci : à partir du moment où il fut possible aux hommes politiques canadiens-français d’accéder à toutes les charges officielles, la minorité politique dirigeante fut-elle en position d’exercer effectivement le pouvoir politique dont elle était formellement investie ? fut-elle en position, à ce moment-là et par la suite, d’orienter en toute autonomie le développement de la société canadienne-française en fonction de ses besoins ? Etrangers la plupart du temps aux autres catégories dirigeantes, notamment aux catégories de nature économique, ou n’y ayant qu’un statut inférieur quant au nombre ou à l’influence, les hommes politiques canadiens-français furent-ils les représentants fidèles de ces autres pouvoirs ou les maîtres d’une zone autonome d’action ? Doit-on parler, dans le cas du Québec, d’identification, de collaboration ou de séparation du pouvoir politique et des pouvoirs sociaux ? Si l'hypothèse de la collaboration apparaît comme la plus plausible, en raison même de la faiblesse de la société canadienne-française et de l'importance du caractère partisan dans l’exercice de ce pouvoir politique, comment se fit cette collaboration ? Quelle fut l’importance des affinités de classes, d'idéologies, d’intérêts ; l’importance des relations familiales ? S’il semble bien que l’on ait très peu utilisé au Québec la colonisation de l’appareil politique par les détenteurs mêmes des pouvoirs économiques et sociaux, nos dirigeants ne furent-ils que leurs intermédiaires, leurs agents ?

[129]

Répondre à ces questions serait décrire le statut du personnel politique canadien-français dans la société canadienne-française du passé, marquer les modifications survenues, évaluer leur importance et leurs causes. Il resterait encore à mesurer l'effet, sur le statut du personnel politique, du mouvement actuel qui donne à l'État québécois un rôle de plus en plus considérable et qui fournit à nos dirigeants les moyens d'utiliser ce pouvoir politique dans l'intérêt de la collectivité dont ils ont pour fonction essentielle d’assurer non seulement la survie mais aussi le plein épanouissement. Assistons-nous présentement, ou assisterons-nous par suite de cette transformation, à un rajustement des rapports des diverses catégories dirigeantes entre elles et de celles-ci avec le pouvoir politique ? Doit-on croire qu'à peine investi de cette nouvelle puissance, l’homme politique canadien-français la perde au profit de ceux qu’il a appelés à ses côtés pour lui apporter l’aide de leurs connaissances techniques ? N’y a-t-il pas une part de fiction dans l’influence démesurée que nous accordons aux technocrates ? Ne faut-il pas distinguer entre décisions d’orientation générale et décisions particulières, entre décisions à caractère purement technique, s’il en existe, et décisions politiques ? L’homme politique, enfin, ne trouve-t-il pas sa supériorité dans le choix qui lui incombe entre le techniquement possible et le politiquement souhaitable ?

Il se peut que, dans l’avenir, la machine I.B.M. soit la meilleure source de décisions. Nous doutons cependant que si on lui soumet le même problème lié à la variable « intérêt national » et ensuite à la variable « intérêt partisan, » pour prendre une situation extrême, on obtienne chaque fois la même réponse. Nous sommes porté à croire que, dans le choix à faire, ce n’est pas le technocrate qui l’emportera. Peut-être qu’au fond l’autonomie de l’homme politique, sa force à l’égard des technocrates, il la trouve dans quelques-unes de ses faiblesses.

On le voit, les questions soulevées par ce problème de l’évolution du statut de l’homme politique canadien-français sont nombreuses. Les réponses sont difficiles à formuler dans l’état actuel de notre connaissance de la société québécoise. Cette absence de données et la difficulté du sujet rendent les réflexions du professeur Bonenfant encore plus dignes d’éloges.

Robert Boily
Département de science politique,
Université de Montréal.

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[1] Politique, liv. I, chap. 1.

[2] Pierre SÉVIGNY, Le grand jeu de la politique, Montréal, Éditions du Jour, 1965.

[3] Débats de L'Assemblée législative, sixième session, 27e législature, 22.

[4] François GOGUEL, « Les méthodes du travail parlementaire », Revue française de science politique, octobre-décembre 1954, 682-683.

[5] Jacques VRIGMAUD, « Quel avenir pour les Parlements ? », Revue politique parlementaire, 763, janvier 1966, 70.

[6] Le Rapport Durham présenté, traduit et annoté par Marcel-Pierre HAMEL, Éditions du Québec, 1948, 156.

[7] Aristote, Éthique à Nicomaque, liv. I, chap. 2.

[8] Gérard Bergeron, Fonctionnement de l’État, Paris, Librairie Armand Colin, Québec, Presses de l'Université Laval, 1965, 660 p.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le dimanche 12 novembre 2017 19:11
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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