Avant-propos
Jean-Claude Karsenty
La sortie d'un numéro hors-série des Cahiers de la sécurité intérieure aura tout lieu d'étonner le lecteur, habitué depuis plus de dix ans à une parution trimestrielle de la revue sur une thématique liée à un aspect particulier de la sécurité intérieure.
Il n'y retrouvera donc pas cette approche thématique où, formant le noeud de chaque numéro, huit, dix articles dans la partie intitulée dossier dressent un vaste panorama autour d'une question d'actualité, ni l'approche purement documentaire de la partie repères qui présente tout aussi bien des recherches récentes que des textes de références ou encore un état des lieux d'une question de sécurité dans un pays étranger, ni enfin l'aspect purement informatif de la partie actualités qui permet une meilleure connaissance des auteurs et de leurs travaux.
Aussi ce numéro hors-série rompra-t-il avec nos habitudes éditoriales mais la parution du cinquantième numéro des Cahiers de la sécurité intérieure nous a paru un événement [6] suffisamment important pour souligner à travers lui l'originalité et la qualité de cette revue. L'originalité certes puisqu'il n'existe pas en France, à l'heure actuelle, de revue équivalente accordant ainsi à tous les acteurs de la sécurité un espace de débat et un accès privilégié à des recherches incontournables ou même des recherches en cours valorisant des sujets peu connus. Sans oublier la qualité que la revue s'est au fil des années constituée et qui est aujourd'hui reconnue par le CNRS, qui recommande aux chercheurs d'y publier.
À l'origine de ce projet, deux de nos plus fidèles collaborateurs : Dominique Monjardet, président du comité scientifique de l'IHESI, et conseiller technique puis directeur de la recherche à l'IHESI, de 1989 à 1994, dont l'ouvrage Ce que fait la police, sociologie de la force publique, publié en 1996, a constitué une étape importante dans la recherche française sur la police. Quant à Jean-Paul Brodeur, chercheur au Centre international de criminologie comparée à Montréal, prospecteur pour I'IHESI des travaux anglo-saxons ayant trait à la sécurité intérieure, il demeure un des tout premiers auteurs et des plus publiés de la revue.
Tous deux, depuis plusieurs années déjà (la première ébauche de ce numéro hors-série, doit-on l'avouer, remonte à 1998), réfléchissaient à la meilleure manière de valoriser certains travaux anglo-saxons publiés dans la rubrique « Les Fondamentaux de la sécurité » des Cahiers. Le moment était sans doute venu de mettre à la portée du public français tout un savoir sur la police qui s'est constitué dans les pays anglo-saxons et qui, aujourd'hui, en France, demeure encore insuffisamment connu. Le lecteur, qu'il soit simple étudiant ou chercheur patenté, va disposer enfin de ce recueil de textes qui font autorité dans le domaine de la recherche policière et que les Anglo-Saxons nomment reader.
[7] Dans leur introduction, D. Monjardet et J. P. Brodeur ne manqueront pas de vous convaincre du choix judicieux de leur sélection mais je voulais ici dresser un rapide historique et profiter de l'occasion pour rendre hommage à tous ceux qui ont contribué à la richesse de cette revue. Un de mes prédécesseurs, Jean-Marc Erbès, rappelait ainsi la vocation à la fois pluridisciplinaire, scientifique et pragmatique de la revue « conçue dans la perspective et avec la volonté de contribuer aux évolutions destinées à mieux comprendre les enjeux de la sécurité, et de répondre aux demandes de la société ». J'ajouterai que le choix de ce numéro hors-série, qui, s'il rencontre, comme je l'espère, votre intérêt ne restera pas une initiative isolée, est avant tout un hommage au savoir scientifique et à sa contribution à une meilleure connaissance de la police et à l'efficacité de cette dernière.
|