Dix ans nous séparent de la mort de Léon Gérin. Sociologue formé à l'école de Frédéric Le Play, chercheur émérite, ancien président de la Société royale du Canada, Léon Gérin nous apparaît comme l'une des figures les plus attachantes de sa génération. Il s'éteignait sans bruit à Montréal en janvier 1951. Mais au terme d'une carrière exceptionnellement féconde, il laissait derrière lui une œuvre considérable qui avait, en son temps, attiré l'attention des sociologues en divers pays.

Le nom de Léon Gérin est désormais associé aux origines de la sociologie canadienne ; et l'on ne saurait actuellement critiquer l'image que nous entretenons du Canada français sans revenir à ses minutieuses descriptions de notre milieu.

Des débats s'étant engagés récemment sur la valeur des observations sociales que Gérin publia autrefois, nous avons cru bon de livrer au public cette esquisse où nous avons tenté de situer les travaux de l'auteur et le sens de son œuvre.

L'année même de la mort de Gérin, nous entreprenions de recueillir les éléments de la présente étude. Ce travail, sous sa forme originale, fut rédigé comme thèse de maîtrise à la Catholic University of America, à Washington, D.C. Nous évoquons ici avec reconnaissance les noms du Dr Bernard G. Mulvaney, C.S.V., et de Mgr Paul Hanley Furfey qui guidèrent nos premières recherches et orientèrent notre travail. Nous avons eu par .la suite le loisir de reprendre cette étude, grâce notamment aux papiers personnels, aux manuscrits et à la correspondance de Léon Gérin que la famille de notre auteur voulut bien nous confier pour les Archives du Collège Sainte-Marie, à Montréal.

Léon Gérin est redevenu actuel dans la mesure même où la sociologie canadienne s'affirme, progresse et suscite une légitime curiosité à l'endroit de ses initiateurs. Léon Gérin, estimons-nous, se révélera comme l'un des plus grands parmi les devanciers de la recherche sociale au Canada. L'année 1963 marquera le centenaire de sa naissance. Puisse la perspective de cet anniversaire engager bientôt ses continuateurs à lui préparer l'hommage que méritent ses travaux et ses étais de service.