BIOGRAPHIE
Jean Chapuis a grandi sur les bords du Bassin d’Arcachon et a étudié la médecine à Bordeaux, études interrompues le temps d’un voyage de six mois dans les Andes sur la trace des civilisations inca et pré-incaïques. Médecin, il a d’abord exercé en Ethiopie durant vingt mois, à l’époque de la dictature sanglante de Mengistu : ce séjour sera initiatique à plusieurs titres. À son retour, il a pratiqué plusieurs années en médecine générale ainsi que dans un centre de soins pour toxicomanes, découvrant une population de l’ombre, à la marge de la marge. Au cours de cette période, il a obtenu diverses qualifications universitaires dans le domaine de la santé, notamment en gériatrie, en médecine tropicale, en psychologie médicale, en alcoologie et toxicomanie ou encore sur le SIDA.
En 1991, ressentant le besoin d’approfondir sa connaissance de l’être humain, il s’est inscrit au laboratoire d’Ecologie humaine et d’Anthropologie du professeur Jean Benoist à Aix en Provence. Après un D.E.A. (diplôme d’études approfondies) et l’obtention d’une allocation de recherches du ministère de la recherche et du travail, il a choisi d’effectuer son terrain chez les Wayana du Litany, en Guyane française, avec lesquels il a vécu deux ans entre 1992 et 1998, tout en conservant une activité médicale épisodique. Jean Chapuis a soutenu sa thèse d’anthropologie en 1998 : « La personne wayana entre sang et ciel », consacrée à la notion de personne avec une forte polarisation sur le corps.
De 1996 à 2000, il a été membre du projet européen A.P.F.T. (Avenir des peuples des forêts tropicales, Bruxelles), sous la direction de Pierre Grenand pour le versant américaniste : à ce titre, il a effectué plusieurs missions longues chez les Wayana.
Qualifié au grade de maître de conférences des universités (spécialité : anthropologie) en 2000, en même temps qu’il était admis au concours national de praticien conseil de l’assurance maladie, il a opté pour un poste de médecin conseil en Guyane afin de poursuivre concomitamment ses travaux en sciences humaines. Ce séjour, durant lequel il recevait ses amis Indiens à Cayenne où il vivait, a permis l’avancement de plusieurs recherches et l’aboutissement de différentes publications, notamment l’ouvrage majeur « Wayana eitoponpë, (une) histoire orale des Indiens Wayana », paru en 2003.
Jean Chapuis a été membre associé de l’Equipe de recherches en ethnologie amérindienne, EREA-CNRS, Paris, dont les responsables étaient alors Jean-Pierre Chaumeil et Anne-Christine Taylor, de 2000 à 2005.
Il a quitté la Guyane en 2004, date de son dernier passage chez les Wayana, et démissionné de l’Assurance maladie pour se former à la psychiatrie, discipline qu’il avait commencé à étudier après sa thèse de médecine. D’abord assistant, puis admis au concours de psychiatre des hôpitaux (PH), sans jamais interrompre ses travaux d’anthropologie ni ses publications, dont « L’ultime fleur, essai d’ethnosociogenèse wayana », édité en 2008, il s’est ensuite dirigé vers le libéral. Il exerce maintenant en cabinet, tout en continuant à se former à différents types de psychothérapies.
Jean Chapuis a publié en mars 2015 chez Ibis Rouge son dernier ouvrage, La perspective du mal (des dérèglements du corps à l’ordre du monde chez les Wayana de Guyane), qui tente de montrer comment les maux du corps permettent aux Wayana d’organiser l’univers et notamment leurs rapports aux autres - et d’interroger en continu les relations qu’ils entretiennent avec lui. Le corps représente le support où se manifeste la communication entre les humains eux-mêmes et entre ces derniers et le cosmos. Une part importante de l’ouvrage est réservée au chamanisme.
Le positionnement de l’auteur à la marge des institutions et sa volonté de mener une double carrière de médecin et d’anthropologue répondent à un choix personnel.
Source: de l'auteur lui-même, le 12 avril 2015.
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