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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Philippe Combessie, “Le pouvoir en prison: comme dans toute entreprise ?” Un article publié dans Les cahiers de la sécurité intérieure, no 31, 1er trimestre 1998, pp. 111-122. [Autorisation accordée par l'auteur le 7 septembre 2006.] Introduction La prise en compte du contexte [1] n’est pas nouvelle dans les travaux sociologiques. Max Weber, déjà, étudiait le lien entre le développement du capitalisme et le contexte religieux des régions où il s’est développé[2]. Puis, quand est apparue la sociologie électorale, elle s’est développée en s’appuyant sur le contexte socio-démographique local. C’est durant les années 1960 que la sociologie des organisations a commencé à prendre en compte le contexte environnant les établissements étudiés [3]. En 1978 paraissait même un ouvrage entièrement consacré à ce phénomène [4]. Cet angle d’analyse reste néanmoins marginal ; on notera par exemple que lors de la traduction en français du livre d’Henry Mintzberg Power In and Around Organizations le titre a été amputé pour devenir Le pouvoir dans les organisations [5] ; la prise en compte de l’environnement avait disparu. En matière de sociologie du système carcéral, si les références aux paradigmes de la sociologie des organisations sont fréquentes [6], peu de recherches ont accordé une grande importance au contexte. Dès 1961 pourtant, Erving Goffman, dans le livre où il développait le concept d’institution totale[7], soulignait l’intérêt à ne pas négliger cet aspect que lui-même n’avait guère approfondi [8]. La lecture de ces maîtres m’a conduit à l’étude des interactions entre prisons et environnement. En matière de rapports de force et de luttes de pouvoir, ce point de vue se révèle doublement fécond. D’une part il permet de voir apparaître certaines formes de solidarités objectives entre des groupes souvent présentés comme concurrents (et qui le sont certainement, mais pas au point de s’opposer entre eux lorsque leurs intérêts communs sont menacés). D’autre part, on voit émerger des paramètres souvent méconnus dans l’analyse des différences de rapports de force entre établissements [9]. [1] Jean-Claude Passeron le définit ainsi : « Sous-ensemble du monde historique dont on peut montrer que sa description est indispensable pour le sens d’une assertion empirique quand on veut trancher de la vérité ou de la fausseté de cette assertion […] » (Le raisonnement sociologique. L’espace non-poppérien du raisonnement naturel, Paris, Nathan, 1991, p. 399). [2] Max Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Plon, 1964, 286 pages. [3] Auteur de référence, Charles Perrow consacre tout un chapitre à « The Environment » dans Organizational Analysis : A Sociological View, Londres, Tavistock, 1970, p. 92-132. [4] Jeffrey Pfeffer, Gerald R. Salancik, The External Control of Organizations. A Resource Dependance Perspective, New-York, Harper & Row, 1978, 300 pages. [5] Traduction de Paul Sager, en 1986. [6] Y compris quand il ne s’agit pas de l’enfermement proprement dit, cf., par exemple, Guy Lemire, « La libération conditionnelle : le point de vue de la sociologie des organisations », Criminologie, vol. 26, n°4, 1981, p. 81-93. [7] Pour une étude de l’évolution de la traduction de total institution en institution totalitaire puis en institution totale, cf. Claude Faugeron, Antoinette Chauvenet, Philippe Combessie (Eds.), Approches de la prison, Bruxelles, De Boeck / Montréal, PUM / Ottawa, PUO, p. 136, note infrapaginale n°13. [8] Erving Goffman, Asiles, études sur la condition sociale des malades mentaux et autres reclus, Paris, Éditions de Minuit, 1968, p. 171, il suggère l’étude de « quelques unes de relations dynamiques qui existent entre l’institution total[e] et la société environnante » et propose le concept de « coefficient de perméabilité ». [9] On surestime souvent les marges de manœuvre du directeur d’établissement (cf. Claude Faugeron, Antoinette Chauvenet, Philippe Combessie (Eds.), op. cit., p. 71-99).
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