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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Ali DAHER, “Les événements du 11 septembre et les Québécois de religion islamique”. (automne 2001)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Ali DAHER (sociologue), “Les événements du 11 septembre et les Québécois de religion islamique”. Un article de M. Ali Daher publié dans la revue électronique Bulletin Vivre ensemble, vol. 10, no 34, Automne 2001. [Autorisation accordée par l'auteur le 27 juillet 2004]
Introduction

Les événements du 11 septembre n'ont pas seulement fait basculer la vie des Américains. Ils ont bouleversé la vie de tous les hommes de notre petite planète, de la dernière ville de Californie jusqu'à Calcutta, en Inde. Tout citoyen ou tout croyant doté de bon sens ne saurait souscrire à de tels gestes destructeurs qui ont pris aveuglément pour cible des civils. On ne peut que déplorer, condamner de tels actes et adresser des condoléances à toutes les familles américaines affligées par ces attentats.

Les Québécois de religion islamique ont, eux aussi, dénoncé ces actes. Leurs leaders religieux et laïc, ont multiplié les déclarations condamnant catégoriquement ces actes déplorables considérés comme étant contraires aux préceptes du Coran en insistant sur le fait que «Allah n'aime pas les trans-gresseurs» et «quiconque tuerait une personne non coupable d'un meurtre ou d'une corruption sur la terre, c'est comme s'il avait tué tous les hommes. Et quiconque lui fait don de la vie, c'est comme s'il faisait don de la vie à tous les hommes» (Coran sourate 5, verset 32).

Si cette catastrophe a eu un impact sur la vie de tous les Québécois, indépendamment de leur appartenance religieuse, cet impact a été plus lourd pour les Québécois de foi islamique. Hormis la surprise, le choc et la peur dont chaque Québécois a touché sa quote-part, cette catastrophe a semé, parmi les Québécois de confession islamique, la tristesse, l'inquiétude et la crainte pour leur vie et leur avenir. Surtout que, dès les premiers jours qui ont suivi ces tristes événements, les musulmans en général, et les musulmans d'origine arabe en particulier, ont été l'objet de regards accusateurs, ont été montrés du doigt, ont même été les cibles d'insultes et d'attaques à cause de leur religion, de leur faciès arabe ou de leur tenue vestimentaire.

Il ne fait pas bon être Arabe ou musulman, ces jours-ci. Plusieurs ont limité leurs sorties sauf pour le nécessaire; des femmes ont laissé tomber leur voile; des hommes ont rasé leur barbe ou ont caché les corans en or ou en argent qu'ils portaient dans leur cou. La fréquentation des lieux de culte islamique a diminué et plusieurs ont cessé d'utiliser les vocables islamiques dans leur discours par peur d'être mal compris. À la porte d'un restaurant, on a même affiché: «Arabs, go home». Des familles québécoises, qui vivaient au Québec depuis plusieurs années, ont de fait plié bagages et sont retournées dans leur pays d'origine. Des commerçants ont vu leur chiffre d'affaires diminuer et certains ont enlevé les livres islamiques qu'ils exposaient dans leurs commerces. Les membres de ces communautés craignent, à la lumière de certaines mises à pied, d'être davantage touchés par le chômage et qu'on leur interdise de travailler ou d'étudier dans certaines branches: l'ingénierie, l'aviation, le camionnage, les sciences de laboratoire, l'électronique, les systè-mes bancaires, l'armée, la poste, etc.

De telles manifestations, si elles se poursuivent, risquent de miner les relations entre les Québécois de foi islamique ou d'origine arabe et les autres. Elles minent les ponts que certaines personnalités de ces groupes ont établi avec la société d'accueil. Elles les poussent à se replier sur eux-mêmes, ren-versant une tendance qui était à l'œuvre avant les événements du 11 septembre et qui visait l'ouverture des Arabes et des musulmans à la société d'accueil. Un travail acharné, s'étalant sur plusieurs années, qu'une partie de leur leadership a exercé, s'est vu menacé à cause de ces événements.

La crainte pour la vie a regagné ces groupes qui ont paradoxalement fui cette même crainte qui sévissait dans leur pays d'origine. Ils sont attristés et leur avenir, sur cette terre jusqu'ici accueillante, est assombri et incertain. Malgré certains gestes de solidarité et quelques interventions d'un nombre trop limité de politiciens, qui ont appelé les Québécois à ne pas faire de discrimi-nation, un sentiment terrible de solitude s'est répandu chez les Québécois d'origine arabe ou de foi islamique: «Nos concitoyens nous ont laissés seuls pour affronter notre sort».

Pourquoi sommes-nous arrivés, nous les Québécois, à cette conjoncture ? Plusieurs causes sont à la base de cette situation. Nous en signalons quelques-unes.

Retour au texte de l'auteur: Ali DAHER, sociologue, chercheur autonome, CCIQ. Dernière mise à jour de cette page le Lundi 23 août 2004 11:56
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
 



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