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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Marc-André Delisle, La République du silence. Solitude et vieillissement. Préface de M. Nicolas Zay. Laboratoire de recherches sociologiques, Département de sociologie, Université Laval. Collection rapports de recherche no 25, 1987, 149 pp. Texte du 2e tirage revu et corrigé par M. Marc-André Delisle, édition internet, 2005. Une édition numérique réalisée par Marcelle Bergeron, bénévole, professeure à la retraite de l'École polyvalente Dominique-Racine de Chicoutimi, Ville de Saguenay. Introduction Solitude et vieillissement sont-ils synonymes ? Le discours sur le vieillissement parle souvent de la solitude et nombreux sont ceux qui associent étroitement les deux phénomènes. C'est le cas d'individus travaillant pour le compte du gouvernement du Québec ; de défenseurs des droits des retraités et de Simone de Beauvoir [1]. Cette dernière a écrit dans La vieillesse [2] : La tristesse des gens âgés n'est pas provoquée par un événement ou des circonstances singulières : elle se confond avec l'ennui qui les dévore, avec l'amer et humiliant sentiment de leur inutilité, de leur solitude au sein d'un monde qui n'a pour eux qu’indifférence. Certains chercheurs prétendent cependant que l'abandon des personnes âgées par leurs proches est un mythe et que la majorité des gens âgés sont bien intégrés socialement [3]. Cette opposition entre les écoles de pensée suscite des interrogations. En vieillissant, les individus sont-ils irrémédiablement condamnés à la solitude ? Quelles sont les causes et les conséquences de ce phénomène ? La situation des aînés au Québec se compare-t-elle à celle de leurs homologues américains et européens ? C'est pour répondre à ces questions que nous avons entrepris, en 1975, une démarche de recherche qui a conduit à la soutenance de notre thèse de doctorat [4], puis au présent ouvrage. Cette démarche a consisté dans l'analyse et la critique des études étrangères et québécoises relatives à la solitude des gens âgés. Nous avons commencé par les essais sur l'aliénation dans les sociétés industrielles. Les premiers travaux sur ce sujet ont été publiés par K. Marx au XIXe siècle [5]. Celui-ci a décrit et expliqué le processus par lequel l'industrialisation capitaliste a rendu les êtres humains étrangers à eux-mêmes et à leurs semblables. Une des conséquences de ce processus historique aurait été la marginalisation et l'isolement des personnes âgées. Cette idée a influencé plus tard les premiers gérontologues sociaux. Quelques-uns d'entre eux l'ont reprise à leur compte et d'autres l'ont contestée. Ces derniers ont alors soulevé un débat parmi les chercheurs en gérontologie qui est à l'origine de plusieurs études empiriques menées dans le monde occidental au cours des années soixante, soixante-dix et quatre-vingt. Ces études ont porté sur l'ampleur des phénomènes considérés ; sur leurs antécédents historiques ; sur leurs déterminants socio-économiques et sur leurs conséquences, notamment en ce qui a trait à la demande de services socio-sanitaires publics. La recherche québécoise sur l'isolement social et le sentiment de solitude chez les personnes âgées a débuté sensiblement à la même époque qu'à l'étranger, c'est-à-dire après la Seconde Guerre mondiale, mais les travaux dont l'envergure est la plus grande sont, sauf exception, postérieurs à 1970. Le plan de ce livre est à l'image du cheminement intellectuel qui a mené à sa rédaction. Tout d'abord, les concepts utilisés habituellement pour analyser les phénomènes considérés ont été définis (chapitre un). La documentation étrangère a ensuite été systématiquement passée en revue (chapitres deux, trois et quatre). Il est alors apparu nécessaire de poser d'une manière différente le problème de la solitude des gens âgés et de formuler de nouvelles hypothèses pour l'expliquer (chapitre cinq). Après quoi, ces hypothèses ont été vérifiées sur la base de recherches effectuées au Québec (chapitre six). Les implications des principales constatations de cette étude ont été dégagées dans la conclusion générale. [1] Pour mieux vieillir au Québec, 1980 : 10; Manifeste: la situation économique des retraités, 1977 : 12 ; DE BEAUVOIR, 1970. [2] DE BEAUVOIR, 1970 : 283. [3] DE BEAUVOIR, 1970 : 283. [4] ABU-LABAN, 1980 ; CANTOR, 1979; PEPLAU et al., 1982 ; RATHBONE-McCUAN & HASHIMI, 1982 ; SHANAS, 1979 a ; SHANAS et al., 1968 ; SHANAS & STREIB, 1965. [5] CALVEZ, 1970.
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