Sociologue, professeur agrégé, Programmes de gérontologie,
Université de Sherbrooke
“Savoir, sublimité et vieillissement.”
Conférence de fermeture au Congrès québécois des Universitaires du troisième âge. Chicoutimi, 19 juin 1998, 13 pp.
- Introduction
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- La sublimité
- Connaissances et Savoir
- Savoir, vieillissement et sublimité : quelques pistes de réflexion
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- Conclusion
- Bibliographie
Mesdames,
Messieurs [1],
Qu'on me permette tout d'abord de remercier l'Association des universitaires du troisième âge de l'Université du Québec à Chicoutimi de m'avoir invité à vous adresser la parole. Quand j'ai préparé cette allocution, j'ai tenu pour acquis que vous étiez des gens avides de pensées profondes, et que les trois journées de causeries que vous venez de traverser n'auraient pas suffi à combler votre immense besoin de savoir. C'est donc à un voyage dans les arcanes de mes réflexions que je vous convie ce matin, un voyage que je veux agréable, intéressant, et surtout sublime...
Car c'est de sublimité dont je vais vous parler, un thème peu étudié par les universitaires québécois. La sublimité, je la relierai à deux sujets qui vous concernent directement : le savoir des aînés et le vieillissement. Au passage, j'aborderai d'autres thèmes comme le rôle que peuvent jouer les aînés auprès dans leur entourage, dans leur communauté et dans la société.
Je pense à ces questions depuis plusieurs années. Au fil du temps, des idées me sont venues, que je soumettrai à votre réflexion. Suivez-moi bien, car les voies qu'empruntera mon exposé seront tortueuses. Vous aurez besoin de beaucoup d'attention et de sensibilité pour vous rendre à bon port. Mais quand nous serons revenus au bercail, je crois que vous ne regretterez pas de m'avoir accompagné.
La sublimité
En bon universitaire du « deuxième âge » que je suis, il importe que je définisse les concepts à partir desquels j'ai bâti mon exposé, et que je fasse brièvement l'historique de leur usage. Tel est le cas de la notion de sublimité. L'adjectif sublime vient du latin sublimis qui signifie élevé [2]. Au sens propre, le sublime, c'est la hauteur, la montée vers le ciel. Au sens figuré, cette notion a été employée pour qualifier le style qui donne aux grandes œuvres littéraires leur pouvoir d'évocation. Mais le sublime a également un sens moral : la grandeur d'âme, le courage, l'héroïsme. La sublimité, c'est donc la noblesse et l'accomplissement, que ce soit dans le domaine littéraire ou le domaine social.
Un traité sur le sublime littéraire fut écrit au premier siècle après Jésus-Christ par un auteur grec inconnu auquel on a attribué plus tard le nom de Longin. Ce traité fut traduit en 1674 par Nicolas Boileau, puis par Henri Lebègue en 1939 et par Jackie Pigeaud en 1991 [3]. Il identifie les principales sources du style sublime, notamment : la capacité de concevoir des pensées élevées; la véhémence et l'enthousiasme de la passion; la « noblesse de l'expression et l'agencement en vue de la dignité et de l'élévation du style » (ibid., p. xxxiii et p. 10-11).
Aux dix-septième et dix-huitième siècles, des auteurs comme Emmanuel Kant et Edmund Burke ont fait du sublime une catégorie esthétique. Pour Burke, est source de sublime ce qui « est susceptible de produire la plus forte émotion que l'esprit soit capable de sentir » [4]. De son côté, Kant distingue le beau du sublime, puis le sublime mathématique du sublime dynamique. André Lalande écrit à propos des distinctions de Kant : « le Beau est caractérisé par son caractère fini et complet; le Sublime par le fait qu'il met en jeu l'idée de l'infini, soit sous forme de grandeur (sublime mathématique), soit sous forme de puissance (sublime dynamique) » [5].
Mais le sublime est également moral. Ainsi, Blaise Pascal parle de sublimité pour « qualifier l'état de participation à la divinité même où s'élèvent les justes » [6]. Pour lui, il s'agit d'une « action dépassant les possibilités de l'homme » [7]. Car, sur le plan moral, le sublime est associé à la lutte entre l'intelligence et les « obstacles qui gênent son développement », donc aux efforts pour surmonter les difficultés [8]. Le sublime devient alors un combat : celui du Sens contre les non-sens, celui de l'organisation contre les différentes formes de désorganisation qu'on nomme familièrement, insignifiance, absurdité, bêtise ou turpitude. Cette perspective rejoint celle de Kant et de certains philosophes et sémioticiens contemporains. Pour Kant, « des efforts et des difficultés surmontées provoquent l'admiration, et appartiennent au sublime » [9]. Toutefois, le « sublime est nécessairement simple », a-t-il écrit (ibid., p. 84). Dès lors, on peut en déduire que tout effort pour donner un sens aux choses simples et pour magnifier la simplicité du quotidien est susceptible de produire du sublime. Telle est la compréhension qu'en a le philosophe Philippe Lacoue-Labarthe. Selon lui, le sublime est dialectique : c'est une façon d'accomplir le beau en fusionnant le simple dans une totalité qui transforme, en la dépassant, la nature des éléments qui la constituent [10]. Le sublime surgit donc quand seule l'harmonie des éléments touche l'entendement, c'est-à-dire lorsque cette harmonie est à ce point grande qu'elle voile les éléments « sublimés » et surtout, quand disparaît toute trace des efforts effectués pour l'atteindre.
C'est d'ailleurs à cet endroit que loge le « sublime du sublime ». Certes, le sublime est magnifique quand il est accompli, mais il n'est pas flamboyant à l'origine, et ne s'annonce point comme tel. Il émerge subrepticement de presque rien. Il arrive de là où on ne l'attend pas et s'impose à l'insu de tous par la réitération constante et méticuleuse de l'acte créateur. Jusqu'à ce que l'œuvre atteigne son niveau optimal d'achèvement et que sa splendeur éclate au grand jour, telle une ogive nucléaire, forçant « l'admiration et le respect de tous » [11]. Bien souvent, l'être qui le porte disparaît de ce monde peu après. Cet individu entre alors dans la légende, et la sublimité de son œuvre l'immortalise. J'ai plusieurs exemples en tête quand je dis cela. Pensez à la sublimité de l'œuvre humanitaire de Mère Teresa ou encore, plus près de nous, au regretté Fernand Dumont dont les travaux sont estimables autant que fut l'affabilité de sa personne.
Certains d'entre vous seront tentés de rétorquer que le sublime et la sublimité, c'est pour les grands de ce monde. Erreur ! Erreur ! leur répondrais-je. Ceux qui parleraient ainsi oublieraient des évidences criantes. Primo, que les grands de ce monde n'ont pas toujours été grands et que leur « croissance » ne fut pas « naturelle ». Ils ont atteint leur sublimité par la qualité de leur travail, par leur persévérance et leur ténacité autant que par leur génie. Secundo : que chaque individu porte en lui les germes de sa sublimité, germes qu'il s'agit de cultiver et de faire fructifier. Car la sublimité se construit au jour le jour, comme les aptitudes reçues en héritage que l'on développe au fil des ans [12]. L'accession à la sublimité devient ainsi un idéal de vie que l'on poursuit sans le poursuivre parce qu'on l'atteint sans s'en rendre compte, en y œuvrant durant toute notre existence.
Nouvelle morale ? Je n'oserais l’affirmer et, le cas échéant, je ne m'en ferais pas le propagandiste parce que la sublimité n'est pas toujours synonyme de vertu et magnanimité. Il y a hélas! de la sublimité dans certaines formes de malices, de déviances et d'extravagances, même dans la terreur et l'horreur. Raspoutine n'était-il pas sublime à sa manière ? Et que dire de tyrans comme Yvan le Terrible ou Pol Pot ? Ou encore, pour évoquer d'autres genres, le féminin entre autres, il en fut ainsi de Cléopâtre, de Salomé et de Mata-Hari. La pensée que la terreur et la cruauté puissent être sublimes m'horripile ! Par contre, je suis à l'aise avec l'idée que le pouvoir de séduction le soit. Cependant, rassurez-vous : les sublimités auxquelles je songe sont très « correctement morales », mais elles ne sont pas moralisantes, car il n'y a point, je crois, de modèle universel de sublimité. En fait, pour être sublimes, les gestes et les œuvres se doivent d'être singuliers. Voilà ce qui fait leur grandeur nonobstant qu'ils soient simples ou impressionnants.
Mais revenons aux discours des sémioticiens sur la sublimité de tous les jours. Comment le quotidien peut-il être sublime, lui qui est tellement banal, la plupart du temps ? La réponse à cette question est dans son propre énoncé : le quotidien a tout pour être sublime justement parce qu'il est simple. Le quotidien devient sublime quand il est investi de Sens. Et cela se réalise par une combinaison particulière de ses éléments constitutifs, combinaison qui donne aux éléments leur harmonie essentielle, embellissant ainsi le quotidien lui-même, comme l'écrit en substance Herman Parret [13]. Dès lors, l'harmonie de la nouvelle totalité engendrée par l’organisation des éléments d'origine lui confère un Sens qu'on appellera style, manière ou personnalité, termes désignant les catégories fondamentales de l'esthétique des pensées, des sentiments et des actions de l'être humain. Toutefois, le sens des choses et leur harmonie ne sont jamais donnés au départ. Ils sont conquis au terme d'une lutte contre les forces du chaos et de l'insignifiance. Or, cette victoire résulte du travail conjugué du corps, du cœur et de l'esprit.
Travail du corps. La sublimité, c'est le corps en acte dans ce qu'il peut faire de mieux, cela tant dans ses élans et ses gestes héroïques que dans ceux de tous les jours. La sublimité du corps, c'est le guerrier qui combat âprement! C'est l'athlète qui réussit une performance exceptionnelle. Mais c'est également le retraité qui maintient sa forme physique, qui est encore capable, même son âge, de faire de longues promenades ou des randonnées. Le travail du corps, c'est aussi ce qu'il fait de plus utile, de plus délectable et de plus beau. Dès lors, le sublime loge autant dans les objets que vous bricolez, les appareils que vous réparez, que dans vos productions artisanales, et dans les délicieux mets que vous préparez. À l'échelle du quotidien, réussir une bonne tarte aux bleuets ou bâtir un beau cabanon comporte autant de sublimité que la construction d'un pont ou d'un château. C'est l'intensité de l'effort fourni et l'habileté du maître d'œuvre qui confèrent leur sublimité aux travaux de tous les jours; ce n'est pas leur envergure. Cela, les chantres de l'excellence ne le disent pas souvent...
La sublimité du corps, ce n'est pas seulement ce qu'il produit, c'est aussi ce qu'il engendre de plus noble, ce qu'il montre de plus beau, et la sensualité qu'il exprime. C'est la maternité, c'est la façon de s'habiller et surtout, de se déshabiller... On oublie, hélas ! à quel point la maternité et la paternité sont sublimes. Or, il est beau le Québec d'aujourd'hui, et s'il l’est à ce point, c'est parce que votre progéniture est magnifique. D'autre part, il y a quelque chose de sublime dans la manière dont on se présente aux autres, dans l'esthétique du corps et de la tenue vestimentaire, ainsi que dans l'érotisme. Car le corps peut être beau à tout âge. Il s'agit d'en prendre soin et de savoir comment le montrer... On n'a pas besoin d'être riche et de faire recourir à de grands couturiers pour être bien vêtu. Il suffit d'avoir du goût... et un minimum de moyens. Quant à l'érotisme, est-ce nécessaire de rappeler que bien faire l'amour est éminemment sublime, et qu'un doctorat en sexologie n'est pas indispensable pour y arriver... (heureusement !) même si certaines notions élémentaires que l'on trouve dans les livres peuvent augmenter le plaisir.
Mais vaut mieux que je ne m'attarde pas trop sur ce terrain mou... Non, le temps passe et je veux vous entretenir du travail du cœur. Car la sublimité, c'est aussi le cœur qui vibre, dont les modulations ébranlent l'indifférence routinière des gens que l’on côtoie habituellement. Le sublime du cœur, c'est la tendresse et la bonté. Ce sont les encouragements que vous prodiguez à vos proches. C'est l'amour dont vous gratifiez quotidiennement votre conjoint, vos enfants, les membres de votre parenté et vos amis. C'est la magnanimité et l'indulgence : l'éternelle aptitude à pardonner ; la propension à comprendre plutôt qu'à juger et à condamner [14]. C'est également la sympathie envers ceux qui souffrent. C'est le don de soi et la générosité; la sollicitude à l'égard des malades, des pauvres et des délaissés. Mais ce n'est pas seulement ça. Ne sont-ils point sublimes les gens qui sont toujours de bonne humeur, qui répandent la gaieté autour d'eux ? On devrait ériger un monument en hommage aux boute-en-train du quotidien, à ceux qui sortent les taciturnes de leur tanière et qui parviennent à les faire rire! Que serait la face du monde s'ils n'étaient pas là ? Elle serait bien triste, il va sans dire ! Car les semeurs de joie rappellent aux « déprimés de la terre » que la vie ne se résume pas à des peines et à des tourments; qu'elle comporte de bons moments et que, pour être heureux, il faut, tels les tournesols, devenir « héliotrope », c'est-à-dire suivre le bonheur à la trace et ne jamais le perdre de vue, quoi qu'il arrive. Auquel cas le découragement n'a pas sa raison d'être.
La sublimité est aussi le fruit bénit du travail de l'esprit parce que le sublime est une catégorie esthétique et morale sujette à des variations dans l'espace et le temps. D'où sa relativité : il n'y a pas de sublimité absolue et universelle sauf, peut-être, dans le divin. En fait, l'acte est sublime quand il s'impose comme tel à l'esprit de gens qui vivent à une époque et dans un milieu donnés. Sinon, il est ignoré ou décrié. D'ailleurs, il arrive souvent que des gestes et des œuvres ne soient pas considérés comme sublimes dans certaines sociétés ou à certaines époques et le deviennent dans d'autres contextes. De toute manière, c'est par le travail de l'esprit et le travail sur les esprits qu'émerge la sublimité. Or, ce travail comporte plusieurs aspects. Pour les analyser, j'évoquerai un schéma systémique comprenant les éléments suivants : la perception, la réflexion, la mémorisation, la rationalisation, ainsi que l'expression des sentiments, des connaissances et des idées.
Le sublime de l'esprit, c'est d'abord une façon d'observer, d'écouter, de sentir et de percevoir les êtres et les choses. Car les gens insensibles, ceux qui inhibent leurs émotions, ceux qui se ferment au monde en refusant de recevoir les signaux qu'il émet, ces gens ne peuvent produire d'œuvres sublimes. En effet, la sensibilité est source d'inspiration parce qu'elle est émouvante. Elle informe l'intelligence et la dirige sur des voies de recherche originales. Aussi, elle imprègne les œuvres de leur auteur de sa perception des choses. Cultiver sa sensibilité est donc la première tâche à laquelle doit s'adonner celui ou celle qui veut atteindre sa sublimité.
Toutefois, il ne suffit pas d'observer et de sentir pour être sublime; il faut penser et réfléchir rationnellement. La réflexion est un « retour de la pensée sur elle-même (...) », dit Le Robert [15]. C'est un procédé intellectuel par lequel l'être humain se représente son univers physique, mental et social ainsi que les objets qui le composent [16]. Réfléchir, c'est analyser l'information qui nous arrive de l'extérieur. C'est intégrer à notre bagage cognitif la partie de cette information qui nous semble utile, puis rejeter ce qui nous apparaît comme faux ou inconvenant. C'est donc opérer un tri dans nos perceptions [17]. Le sublime de l'esprit consiste à rester ouvert au monde sans tout accepter ce qui vient de lui. Or, il n'est jamais facile d'effectuer ce genre de travail parce qu'on a tendance à souscrire aux idées et à reconnaître les faits qui nous confortent dans nos acquis et nos valeurs. Il faut du courage pour affronter l'inconnu sur le plan intellectuel, pour entrer dans les controverses, et pour se distancer des idées reçues. L'esprit humain est sublime dans sa progression, et il progresse quand il accepte de se confronter à la nouveauté, aussi choquante soit-elle.
De plus, la réflexion est concomitante à la mémorisation. Cultiver sa mémoire. Se donner des repères historiques, culturels, scientifiques et philosophiques. Retenir les noms des personnes et des personnages marquants; se rappeler les titres des œuvres majeures ainsi que leur trame ; se souvenir des dates des événements importants; de quelques statistiques fondamentales également. La mémorisation est un travail ardu, quotidien, mais agréable et valorisant. C'est une tâche qui façonne l'esprit, qui lui confère de la finesse, de la souplesse, de la profondeur, de la perspective, et qui lui permet de s'élever vers sa sublimité.
La réflexion passe aussi par la raison parce que la raison est la reine de l'esprit. C'est elle qui organise l'information, qui établit des liens entre des éléments apparemment disparates, qui lui donne sa structure ainsi que sa cohérence, et qui dégage la signification des choses. C'est la raison qui ordonne l'expression du senti et qui guide celle de la pensée. Sans la raison, il n'y a pas de pensée qui vaille : c'est l'improvisation et la confusion totales. Raisonner est donc l'activité par excellence de l'esprit humain, la source première de sa sublimité. Mais, paradoxalement, la raison ne peut se passer de la déraison. Car, pour bien raisonner, il faut déraisonner de temps en temps, ne fût-ce que pour redonner au raisonnable sa raison d'être. Et pour cause! La raison n'est raison que dans la perpétuelle construction et déconstruction des raisonnements. Pour raisonner de façon rigoureuse, il est nécessaire de mettre à l'épreuve les raisonnements que l'on construit en tentant continuellement de les déconstruire, cela jusqu'à ce que ce ne soit plus possible. Rendu à cette étape ultime, on a des chances d'avoir une pensée cohérente... Déraisonner fait voir les choses différemment, révèle les contradictions du discours, ce qui nous oblige à le rectifier. Ce faisant, on développe une autre qualité inhérente au sublime de l'esprit : la sagacité, c'est-à-dire la clairvoyance, la capacité de saisir les subtilités de l'existence [18]. Ceux qui ont peur de déraisonner ne peuvent acquérir cette qualité essentielle. Fort heureusement, il n'y a pas d'âge pour déraisonner... ni pour devenir sagace !
Le travail sublime de l'esprit consiste également à exprimer ce qu'on perçoit, ce qu'on sait et ce qu'on pense, à trouver les formes d'expression qui nous conviennent, et à faire fructifier les talents que l'on a reçus, que ce soit pour le bricolage, l'artisanat, la peinture, la sculpture, la littérature, la musique ou encore pour l'action sociale et politique. Ne pas hésiter à « Chanter sa chanson », comme dit Jean Lapointe. Exposer ses œuvres, aussi modestes soient-elles. Informer les membres de notre entourage qu'il se passe quelque chose en nous, quelque chose qui peut les intéresser.
La sublimité de l'esprit est un bel idéal, mais peut-on l'atteindre seulement par notre volonté et nos efforts ? Non, hélas ! Je l'ai dit : on parvient à la sublimité par le travail conjugué du corps, du cœur et de l'esprit. Si le corps a le potentiel pour être beau et vigoureux, si le cœur possède tout ce qu'il lui faut pour être sensible et généreux, l'un et l'autre ne sauraient être sublimes s'ils ne sont point guidés par un esprit fin, imaginatif, et puissamment rationnel-irrationnel. Or, l'esprit a besoin de s'alimenter à la connaissance pour progresser vers sa sublimité. Car dans l'ignorance, l'esprit est nu, vide, incapable de comprendre et de concevoir quoi que ce soit. Il n'y a donc pas de sublimité sans approfondissement de nouveaux savoirs. Telle est l'idée que je vais maintenant développer.
Connaissances et Savoir
À ce stade-ci, je dois devenir pédagogique. En effet, qu'est-ce que la connaissance et le savoir ? La lecture de quelques auteurs ayant écrit sur le sujet m'a permis de déduire ce qui suit (voir le schéma ci-dessous).
SCHÉMA : CONNAISSANCES ET SAVOIRS
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CONNAÎTRE = SAVOIR =
- - « Avoir présent à l'esprit un objet qu'on tient pour réel » (Le Robert, 1990).
- - « Bien saisir la nature d'un objet et ses propriétés » (Baraquin, N. et coll., 1995, p. 288).
Les unités de connaissance
- - Ce sont les choses avec lesquelles l'esprit entre en rapport, qu'il parvient à se représenter et à mémoriser.
La Connaissance
- - C'est la capacité de faire la synthèse d'unités de connaissance distinctes.
AVOIR INTÉGRÉ DES CONNAISSANCES,
C'EST POSSÉDER UN SAVOIR
Les savoirs particuliers
- - Champs de Connaissances intégrés.
- - Les savoirs particuliers peuvent être empirique, artistique, littéraire, philosophique...
LE SAVOIR EST LA CAPACITÉ DE FAIRE DES LIENS
ENTRE LES SAVOIRS PARTICULIERS
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Connaître et savoir, c'est sensiblement la même chose. D'ailleurs, Le Robert donne de ces deux termes des définitions presque identiques, c'est-à-dire : « Avoir présent à l'esprit un objet qu'on tient pour réel » [19]. Cela corrobore la pensée de philosophes pour qui « Connaître [et savoir], c'est pour la pensée entrer en contact avec un objet qui lui est extérieur (...) » [20] ; c'est « posséder la connaissance d'une chose (...); bien saisir la nature d'un objet et ses propriétés » [21]. Toutefois, il me semble que de fines distinctions s'imposent entre les connaissances et la Connaissance, ainsi qu'entre les savoirs et le Savoir. Je m'explique. Les choses que l'esprit perçoit, qu'il parvient à se représenter et à mémoriser, constituent des unités de connaissance. Les connaissances accumulées par une personne sont donc la somme de ces unités. Mais celles-ci peuvent être plus ou moins bien intégrées et organisées dans l'esprit de l'individu. C'est ce qui distingue les connaissances de la Connaissance et du Savoir. Car il est possible d’acquérir beaucoup de connaissances hétérogènes sans pouvoir faire des liens entre elles. Par exemple, savoir ce qui s'est passé dans différents pays à une époque donnée, mais ne pas comprendre les relations entre les événements. Ou encore, posséder des connaissances provenant de diverses disciplines qui s'intéressent à un même objet, mais ne pas avoir d'idée globale de l'objet. La Connaissance, c'est donc la capacité de faire la synthèse d'unités de connaissance apparemment distinctes.
Dès lors, avoir intégré des connaissances, c'est détenir un savoir. Et ce n'est pas donné à tout le monde... Certes, on ne peut tout connaître. Or, sur ce plan, la sublimité de l'esprit consiste autant à faire état de ce que l'on a appris qu'à reconnaître humblement nos zones d'ignorance. Cela dit, il y a les savoirs et le Savoir. Les savoirs sont des champs de connaissances relativement bien intégrés. Les plus solidement constitués sont les sciences qui se sont donné des méthodes pour « filtrer » les éléments de connaissance pouvant être acceptés dans leur corpus. Parallèlement, les sciences ont développé des théories pour organiser leurs connaissances, pour les mettre en perspective et pour leur conférer un sens. Cela ne signifie pas que les sciences soient les seuls savoirs valables et utiles. Il existe d'autres types de savoirs qui, sans être aussi systématiques et rigoureux, peuvent être porteurs de connaissances riches et pratiques. Il en va ainsi des savoirs empiriques qui renvoient à la mémoire individuelle et collective des choses et des événements. L'expérience fournit une connaissance « émique » (c'est-à-dire interne et intrinsèque) des phénomènes, ce que n'offrent pas les sciences méthodologiquement les plus « dures ». Or, l'expérience est irremplaçable parce qu'il est impossible de tout théoriser, de tout analyser et de tout mesurer. De même, les arts, les lettres et la philosophie sont des savoirs riches d'enseignements, même si les théories et les principes qu'ils énoncent sont rarement « réfutables », pour reprendre une idée de Karl Popper [22].
On peut posséder des savoirs particuliers sans pouvoir les relier dans notre esprit. Là se trouve la différence entre ces savoirs et le Savoir, ce dernier étant la capacité de faire de tels liens. Mais est-ce encore possible de nos jours de maîtriser des savoirs hétérogènes et d'en produire une synthèse ? N'est-ce pas trop demander aux universitaires contemporains, et ce, nonobstant leur âge ? Et puis, quel est le rapport entre l'intégration des savoirs, la sublimité de l'esprit, et le rôle des aînés dans le monde d'aujourd'hui ? La suite de cet exposé me permettra de répondre à ces questions.
Savoir, vieillissement et sublimité :
quelques pistes de réflexion
L'intégration des différents types de savoirs et de connaissances est un problème auquel sont confrontées les sociétés modernes. Cette difficulté entrave la coordination des efforts entre les experts et les gens d'action, ce qui, par le fait même, nuit au bon fonctionnement de ces sociétés. Ainsi, peu de gens comprennent les relations entre les aspects biologiques, psychologiques et socioéconomiques de la santé et de la maladie, par exemple. Il en va de même des dimensions macrosociales, microsociales et individuelles des comportements humains. De sorte que les spécialistes de chacun de ces domaines ont tendance à privilégier les interventions qui relèvent de leur discipline. Il en résulte souvent des « erreurs de parcours » et de l'incohérence dans les actions entreprises. Or, ce sont les citoyens qui paient pour ça...
Différentes raisons expliquent pourquoi l'intégration des savoirs et des connaissances pose problème dans le monde moderne [23]. Qu'on songe à la complexité des phénomènes, au développement fulgurant de la recherche, à son internationalisation et aux milliers d’experts que compte l’univers scientifique. La dispersion des connaissances dans une multiplicité de sphères « académiques » est conséquente à l’essor des savoirs particuliers. C'est la loi du nombre : lorsqu'un ensemble devient trop gros, il a tendance à se fractionner en de plus petites unités [24]. C'est ce que j'ai appelé la dissociation et la dislocation des sphères [25]. Les sphères sont dissociées quand les entités humaines correspondantes n'ont pas d'activités communes. Auquel cas ces entités n'entretiennent guère de relations. Les sphères sont disloquées lorsqu'elles sont axées sur des buts différents. Dès lors, quand elles ont des relations, celles-ci sont la plupart du temps concurrentielles et conflictuelles.
Les sociétés contemporaines sont constituées de sphères d'activités plus ou moins fermées sur elles-mêmes et plus ou moins disloquées les unes des autres. Il en va ainsi des sphères (ou champs) de connaissances, et des sphères où évoluent les divers groupes d'âge. C’est un phénomène d'atomisation sociale : chacun dans sa « bulle » avec ses semblables. C'est pourquoi l'interdisciplinarité est plus un projet qu'une réalité (ibid.). C’est également le cas des relations intergénérationnelles. Est-ce qu'une société peut fonctionner adéquatement de cette façon ? À court et moyen terme, peut-être, mais à long terme, j'en doute. Car une société qui se veut harmonieuse, prospère et productive se doit d'intégrer de façon optimale ses composantes, en l'occurrence, de créer des ponts entre les champs de connaissances ainsi qu'entre les groupes d'âge [26]. Or, ce sont des tâches essentielles pour une société, et les aînés scolarisés peuvent contribuer significativement à leur exécution.
Évidemment, elle est révolue l'ère des génies universels, l'époque où des érudits pouvaient assimiler presque tout le Savoir de l'humanité. Cependant, il y a encore de la place pour les personnes cultivées et pour les généralistes. Or, c'est là que je vois les universitaires du troisième âge. Ces individus sont capables de donner un sens aux savoirs particuliers, car ils ont le loisir d'en parcourir de façon critique les différentes sphères. En effet, qui a le temps, de nos jours, de lire simultanément des romans, des ouvrages de vulgarisation scientifique, des livres d'histoire ainsi que des rapports de recherche ? Qui a le temps de réfléchir sur l'avenir de la planète ? Qui, en cette époque particulariste, a encore des préoccupations universelles ?
Qui, croyez-vous ? Les universitaires du « premier âge », c'est-à-dire les étudiants « réguliers » ? Mais voyons! les étudiants sont bombardés d'évaluations de toute sorte : essais par ci, examens par là; travaux pratiques et stages... Sans parler des emplois qu'ils occupent, de leurs « chums », « blondes », copains, copines et parfois, de leurs propres enfants et de leurs vieux parents. De sorte que les étudiants d'aujourd'hui n'ont guère le temps d'étudier, encore moins de se cultiver et de réfléchir sur le sort du monde. Beaucoup d'entre eux se contentent d'assimiler le minimum de connaissances dont ils ont besoin pour réussir leurs examens et reportent à plus tard la véritable formation de leur esprit [27]. C'est pourquoi les institutions d'enseignements produisent quantité de diplômés scolarisés qui sont peu cultivés, donc des diplômés qui n'ont pas de vision globale des choses.
Toutefois, il y a d'heureuses exceptions, cela va de soi. Pas assez nombreuses, hélas !
Et les universitaires du « deuxième âge » ? N'est-ce pas à eux, les professeurs, les chargés de cours et les chercheurs, qu'échoit l'obligation de développer et d'intégrer les savoirs particuliers? Ne devraient-ils pas rédiger à un rythme soutenu des essais permettant de mieux comprendre le monde et les gens qui le composent ? Ne leur revient-il pas de nous indiquer les voies qui mènent à la Raison, tout en nous instruisant sur notre univers ? Tel est sans doute le rôle qui leur est dévolu, mais peu d’entre eux le jouent pleinement. Pourquoi ? Parce que le mode de fonctionnement des universités les en empêche ; parce qu'on exige trop de choses des universitaires de carrière. Ils doivent concevoir des cours, enseigner un peu partout, rédiger des demandes de subventions, réaliser des projets de recherche pointus. On veut qu'ils publient des articles scientifiques et des comptes rendus de lecture, et qu'ils évaluent ceux de leurs collègues. Ils sont obligés de siéger sur une pléthore de comités et d'assemblées. Ils doivent être présents dans les congrès et les colloques, préparer des conférences... servir leur collectivité. Les universitaires de métier sont contraints d'être productifs, et ils le sont. Mais que produisent-ils exactement? Des connaissances utiles et intéressantes, certes, mais pas toujours porteuses de Sens. Car ils ne sont pas assez nombreux les professeurs et chercheurs qui prennent le temps de faire la synthèse de leurs acquis, et qui livrent au public leur compréhension des choses. Or, à quoi ça sert de connaître le monde si l’on ne met pas en évidence les dynamiques qui le mobilisent ? Pour en arriver là, il faut non seulement étudier les phénomènes, mais les analyser à la lumière des savoirs que l'on possède.
Qui a le temps de faire ça ? Je vous le demande encore. Et je vous fournis ma réponse : vous, Mesdames et Messieurs. Vous, qui vous êtes donné le joli nom « d'universitaires du troisième âge ». Vous êtes bien placés pour vous adonner à de telles tâches, des tâches sublimes, il va sans dire. Je vais conclure là-dessus.
Conclusion
Qu'on me permette de récapituler brièvement mon propos. Je vous ai parlé de sublimité. Je vous ai dit que la sublimité consistait à donner un sens à ce qui, apparemment, n'en a pas. Or, de nos jours, les connaissances et les savoirs ont tendance à se disperser dans toutes les directions, à s'atomiser. Comme les générations. Mais les sociétés ont besoin d'harmonie et d'unité pour fonctionner adéquatement. Donc, il leur faut des gens pour les aider à intégrer leurs composantes, et les aînés sont dans une position privilégiée pour accomplir ce travail.
Privilégié, dis-je ? Oui ! Parce que vous en avez le temps, les capacités et la compétence. Le temps. Certes, vous êtes très occupés, et ce ne sont pas les obligations qui manquent dans votre existence. Mais, à part les engagements familiaux et les contingences de la vie quotidienne, les aînés s'acquittent des obligations qu'ils veulent bien assumer [28]. Dès lors, ils ont la liberté de se plonger dans l'étude des œuvres qui les intéressent, et d'en appréhender les filiations.
Non seulement vous avez le temps d'acquérir des connaissances, mais vous avez également la compétence pour leur donner un sens. La psychologie gérontologique est sans équivoque sur ce sujet : les aînés sont capables d'apprendre aussi aisément que les adultes plus jeunes, quoique les aînés apprennent différemment [29]. Or, le savoir accumulé par les plus âgés a d'autant plus de valeur qu'ils ont l'expérience nécessaire pour saisir la portée des connaissances qu'on leur enseigne. Ils sont donc en mesure de distinguer ce qui est pertinent de ce qui ne l'est pas. De plus, l'éclectisme des universitaires du troisième âge leur permet de faire des liens entre les divers domaines du Savoir, et de comprendre les multiples facettes d'un problème, cela même s'ils ne sont pas membres d'une équipe multidisciplinaire... Par conséquent, les aînés sont bien placés pour soulever des débats entre les tenants d'une pluralité d'approches, et pour dégager des enseignements de ces débats. C'est ainsi que les aînés peuvent contribuer au dialogue entre les champs de connaissances et favoriser leur intégration.
Alors, qu'attendez-vous ? Plongez dans le savoir! Fouillez dans les bibliothèques, les cinémathèques et les archives. Apprivoisez Internet ! Faites-vous-en un ami ! Visitez les musées et les lieux historiques. Entrez dans les universités. « Cuisinez » vos professeurs! Faites-les rôtir à petit feu ! Forcez-les à sortir leur science et à exprimer leur compréhension de l’univers. Vous verrez, ils aimeront ça comme des fous! Envahissez les salles de concert et de spectacle! Familiarisez-vous avec les musiques du monde. Apprenez à vos petits-enfants l'origine des sons bizarres qu'ils écoutent et initiez-les à d'autres mélodies. Devenez la mémoire des générations! Dites aux jeunes comment on vivait quand vous aviez leur âge. Faites-leur comprendre que la vie était aussi difficile qu'aujourd'hui, mais aussi belle. Car de tout temps, les aînés ont transmis à leur progéniture les savoirs indispensables à l'existence quotidienne qui ne sont pas enseignés dans les écoles. Il en va ainsi des façons d'être. Montrez à vos descendants comment donner un sens à leur vie. Soyez leur conseiller ! Utilisez vos connaissances pour les aider à résoudre leurs problèmes.
Et n'en restez pas là. Soyez les messagers du Sens! Sortez de vos cuisines, de vos clubs de l'âge d'or et de vos salles de cours. Prenez publiquement la parole pour dire au monde comment vous voyez l'avenir à la lumière de votre expérience du passé et de ce que vous savez du présent. Participez aux débats collectifs en mettant en évidence le bon côté des choses. Bref, soyez intensément actifs dans la société des Vivants, celle à laquelle vous appartenez plus que jamais! C'est ainsi, Mesdames et Messieurs, qu'à votre insu et à celle de vos proches, vous progresserez lentement mais sûrement sur le chemin de votre sublimité.
Je vous remercie de la « sublime » attention que vous m'avez accordée...
Références
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[1] Une première version de ce texte a été publiée dans Delisle, M.-A., 1999. Il a été révisé en juin 2013.
[2] Voir principalement: Auroux, S. (dir.), 1990. Voir aussi: Baraquin, N., Baudart, A., Dugué, J., Laffite, J., Ribès, F., Wilfert, J., 1995; Deguy, M., 1988; Lalande, A., 1992; Legrand, G., (1993).
[3] Lebègue, H., 1939; Longin, D., 1991. Voir aussi: Monk, S., 1960.
[4] Burke, E. cité par Lalande, A., 1992, p. 1043; voir aussi, Monk, S., 1960 et Auroux, S. (dir.), 1990, p. 2485.
[5] Lalande, A., 1992, p. 1043. Voir aussi: Kant, E. 1990 [1764].
[6] Auroux, S. (dir.), 1990, p. 2484.
[7] Baraquin, N. (dir.), p. 307.
[8] L. Robin, cité par Lalande, A., 1992, p. 1043; voir aussi: Kant, E. 1990 [1764], p. 122.
[9] Kant, E. 1990 [1764], p. 122.
[10] D'après Lacoue-Labarthe, P., 1988 : « La vérité du sublime est donc (la) dialectique (...) Le sublime est l'inaccomplissement du beau, c'est-à-dire le beau cherchant à s'accomplir (p. 118) ». « Ce paradoxe de l'effacement de la technè est évidemment inscrit dans l'oxymore constitutif du génie: art naturel. Et il entraîne cette logique hyperbolique que j'ai tenté de cerner ailleurs: plus la technè s'accomplit, plus elle s'efface. Le comble de la mimèsis est dans son voilement et sa dissimulation. Tel est du reste peut-être ce qui fera dire à Kant que le sublime est dans la simplicité » (p. 142).
[11] Parret, H., 1988, p. 22.
[12] Auroux, S. (dir.), 1990, p. 2485.
[13] Parret, H., 1988, p. 20.
[14] « Juger, c'est de toute évidence ne rien comprendre, car si l'on comprenait, l'on ne pourrait plus juger. » François Mauriac (de mémoire)
[16] D'après D'Arcy, P., 1972.
[17] Fourastié, J., 1966. Burgun, I., 1998.
[19] Le Robert définit le fait de connaître, comme étant: « Avoir présent à l'esprit un objet réel ou vrai (concret ou abstrait; physique ou mental); être capable de former l'idée, le concept, l'image de ». Les auteurs de ce dictionnaire définissent le fait de savoir de la manière suivante: « Avoir présent à l'esprit (un objet de pensée qu'on identifie et qu'on tient pour réel)... ». Cf. Le Robert, 1990, p. 368 et 1771.
[20] Legrand, G., 1986, p. 65; voir aussi: Auroux, S. (dir.), 1990, p. 2304.
[21] Baraquin, N. (dir.), 1995, p. 288.
[22] Popper, K., cité par Grawitz, M., 1988, p. 411.
[23] J'évoque ici les problèmes de l'interdisciplinarité et de la transdisciplinarité. Cf. Valade, B., 1999.
[24] Bourdieu, P., 1971; Durkheim, É., 1978; Wolff, K. H., 1950.
[27] Cf. Entrevue de Fernand Dumont dans laquelle il disait que la culture ne « collait pas » aux étudiants, et que souvent, ces derniers s'instruisaient sans se cultiver (de mémoire).
[28] Les études réalisées sur l'occupation de leur temps appuient largement mon propos. Cf. Delisle, M.-A., Boulanger, L., Marier, G., 1992; Pronovost, G., 1993.
[29] Leclerc, G., 1998; Vézina, J., Cappeliez, P., Landreville, P., 1994.
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