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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir du texte de Roch DENIS, Plaidoyer pour le Front commun. Un article publié dans Conjoncture politique au Québec, no 3, septembre 1983, pp. 23-31. Dossier: Famille et société. Montréal: Éditions Albert Saint-Martin. (Autorisation formelle accordée le 15 janvier 2003.) Introduction Les loups sont lâchés. La proie : le syndicalisme en général et les syndicats du secteur public et para-public en particulier. Vu le nombre des travailleurs et des travailleuses impliqués directement et indirectement, vu le caractère socialement décisif des secteurs où cette force de travail est concentrée, et vu aussi le rapport direct qui s'établit face à l'État et au gouvernement dans cet enjeu, les luttes des employés des services n'ont jamais eu, depuis 20 ans, la dimension de luttes économiques locales mais elles ont toujours touché à la question décisive des rapports généraux entre État, capital et travail dans cette société. Pour saisir l'enjeu de la lutte actuelle, il ne suffit pas, me semble-t-il, de dire que la charge livrée contre les organisations ouvrières est sans précédent depuis le duplessisme. Il suffit de rappeler quelques dates. En février 1967, le gouvernement de l'Union nationale du Premier ministre Johnson faisait voter à l'Assemblée nationale sa Loi 25 qui décrétait les conditions de travail des enseignants du Québec, et leur enlevait le droit de grève et de négociation pendant un an et demi. En 1972, les dirigeants des trois centrales syndicales ont été condamnés à l'emprisonnement pour avoir dirigé la grève du Front commun. En 1974, ce fut au tour des dirigeants du Syndicat du transport de Montréal d'être frappés de la même condamnation, après que les ouvriers d'entretien de la CTCUM aient ouvert par leur action la lutte pour l'indexation des salaires au coût de la vie. Le Québec de ce point de vue ne souffre d'aucun exceptionnalisme national. Ces dernières années, la présidente du Syndicat canadien de la fonction publique, Grace Hartman, et le président du Syndicat des postiers, Jean-Claude Parrot ont été jetés en prison essentiellement pour les mêmes raisons. Quand les grèves étaient légales, la loi est venue les rendre illégales. Et quand les amendes et la loi du Parlement ne suffisaient plus pour enrayer la combativité ouvrière on a eu recours aux prisons. Les gouvernements disposent pour affronter les syndicats d'un arsenal que chaque patron particulier n'a pas. Et en déployant cet arsenal, les gouverne-ments ne visent pas seulement le rapport de force immédiat avec la force de travail qu'ils emploient, mais ils opèrent au compte de tout le patronat et de toute la classe dominante pour maintenir ou rétablir ce qu'ils appellent l'équilibre des relations de travail. Voilà une évidence qu'il est devenu banal de rappeler.
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