Présentation
Par Laurent Potvin, frère mariste, 10 août 2011.
En parcourant le présent Journal 2002-2003, j’ai relevé une affirmation très nette sur la conception que Jean-Paul Desbiens se fait de Journal quand il se défend de rédiger un Journal intime. Il se donne la peine d’écrire ceci : « En fait, je ne tiens pas un journal intime. Certes, je fais parfois mention de mes états d'âme, mais j'enregistre plutôt mes réflexions sur l'actualité, mes lectures, mes rencontres, la vie religieuse et la vie spirituelle. »
Je laisse aux lecteurs, à tous les lecteurs, le souci d’interpréter cette affirmation. Quant à moi, après avoir parcouru tous ses Journaux, je suis bien forcé d’affirmer que ses Journaux comportent beaucoup de pages d’un Journal intime qu’il dit ne pas écrire…En cela, je tombe d’accord avec certaines réflexions qui m’ont été faites par des fidèles lecteurs de ses Journaux et par des passages qu’il cite lui-même : réflexions reçues de lecteurs de ses ouvrages.
Les Journaux de ceux qui disent rédiger des Journaux intimes y insèrent de façon je dirais toute naturelle des pages qui ne sont pas si intimes que cela. Et cela ne nuit pas du tout à l’intérêt que les lecteurs portent à leurs ouvrages. Et l’inverse se présente ici pour Jean-Paul Desbiens : il nous livre pêle-mêle des réflexions intimes après avoir parlé de la pluie et du beau temps, de telle personne qui ne lui revient pas, de sa lecture du Devoir ou de telle revue, de tel ouvrage d’un auteur de son choix.
Je pose une question : « Y a-t-il parmi les Journaux une catégorie de Journaux mixtes? » S’il n’y en a pas, il faudrait en créer une! Ici, le diariste Jean-Paul Desbiens parle plus souvent de ses lectures, ses rencontres, ses voyages, ses relations que de ses état d’âme, ses exercices de piété : retraites, récollections, pratiques religieuses, lectures de livres reliés à la religion, etc. Même la langue employée à plusieurs reprises, le latin, amène le lecteur à relier ce fait à la religion, le latin étant demeuré une langue très employée dans la liturgie de l’Église catholique.
Cette distinction entre les trois formes du Journal personnel : Journal, Journal intime, Journal mixte a pour but de clarifier les choses. Chacune de ces formes comporte son intérêt spécifique et peut guider les lecteurs dans leurs choix dans le monde des Journaux.
Classifier les Journaux de Jean-Paul Desbiens parmi les Journaux mixtes ne leur enlève pas du tout leur intérêt. Cela ne constitue qu’une sorte de clarification commode.
J’ai tenu à mentionner, dans cette sélection, certaines personnalités disparues en 2002 et 2003, car Jean-Paul Desbiens y joint ses propres réflexions. Il s’agit parfois de personnes très en vue qu’il a bien connues, avec lesquelles il a collaboré pendant parfois des années ou de personnes du monde artistique, politique ou littéraire.
L’auteur a signalé aussi certains grands moments de la vie politique et littéraire. On devine souvent le journaliste qui apprécie de façon souvent pointue le rôle que ces personnes ont joué sur la scène locale ou internationale.
Jean-Paul Desbiens donne volontiers son appréciation sur des décisions qui concernent l’éducation et le monde de la jeunesse. Si on se souvient du rôle qu’il la joué dans ce domaine dans sa carrière, il n’y a pas là raison de s’étonner qu’il expose son point de vue et que ce signalement comporte un certain poids compte tenu de son expérience.
Mais il reste un fait : vous prendrez un intérêt supplémentaire en parcourant vous-même l’ouvrage entier : COMME UN VEILLEUR.
Laurent Potvin, frère mariste, Château-Richer,
10 août 2011.
Les Classiques des sciences sociales
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