Sous le pseudonyme du frère Untel, Jean-Paul Desbiens se livre à une critique mordante de la société québécoise, attaquant la pauvreté de la pensée, dénonçant la religion marquée par la peur et pourfendant le système d'enseignement qu'il juge archaïque. Desbiens propose également des pistes de réforme dans cet ouvrage qui sera précurseur des bouleversements de la Révolution tranquille.
Entre octobre 1959 et juin 1960, le journal «Le Devoir» avait publié une série de lettres du frère Untel dénonçant la situation du français au Québec. Son livre, «Les Insolences du frère Untel», a l'effet d'une bombe dans la société québécoise encore fortement imprégnée par les valeurs catholiques, d'où la condamnation romaine qui pesera sur l'auteur. Le livre se divise en deux parties : «Frère Untel démolit» et «Frère Untel ramollit». La deuxième partie, moins dure que la première, constitue en quelque sorte une harangue aux professeurs laïques sur le métier d'enseignant. Le frère Untel a vraisemblablement voulu y atténuer les effets corrosifs de la première partie dans laquelle il s'attaque aux valeurs de la société en ce qui a trait à l'éducation, la langue et la religion. À cet égard, la démarche de Desbiens reste profondément politique. De plus, il renouvelle le débat sur le joual en affirmant que l'État québécois doit légiférer sur le français, cette langue étant un bien commun qu'il faut protéger. Sa revendication invite à la dignité collective, puisque la langue rappelle notre servilité et notre cassure comme peuple. Enfin, l'auteur démontre l'échec de notre système d'enseignement, plus particulièrement de notre système public. Les attaques du frère Untel ne manquent pas de piquant : «Je pense qu'il faudrait fermer le Département (de l'Instruction publique) pendant deux ans, au moins, et envoyer tout le personnel enseignant à l'école. La crise de tout enseignement, et particulièrement de l'enseignement québécois, c'est une crise d'enseignants. Les enseignants ne savent rien. Et ils le savent mal.»
Jean-Paul Desbiens, alias "Frère Untel", meurt à l'âge de 79 ans
MONTREAL (PC) Lundi, le 24 juillet 2006. - L'essayiste et polémiste Jean-Paul Desbiens, qui s'est fait connaître avec la publication des "Insolences du Frère Untel", dans les années 1960, est décédé dimanche. Il avait 79 ans.
M. Desbiens, qui était membre de la congrégation des frères maristes depuis 1945, est mort d'insuffisance respiratoire, a indiqué lundi le frère Jean-Yves Savard, directeur de la résidence de l'ordre religieux à Château-Richer, près de Québec.
M. Desbiens avait été admis à la résidence de retraite des frères maristes en décembre 2005, "parce qu'il nécessitait des soins", a dit M. Savard.
Les funérailles de M. Desbiens auront lieu cette semaine mais le jour n'a pas encore été précisé, a affirmé M. Savard.
Né au Lac-Saint-Jean en 1927, Jean-Paul Desbiens a été ordonné frère mariste en 1945. Il est arrivé au ministère de l'Education du Québec en 1964 pour diriger les programmes du niveau collégial jusqu'en 1970, date à laquelle il est devenu éditorialiste au journal "La Presse".
En 1961, il a reçu le Prix Liberté pour "Les Insolences du Frère Untel", publié l'année précédente. Sous le pseudonyme du frère Untel, Jean-Paul Desbiens s'est livré dans cet ouvrage à une critique mordante de la société québécoise. Il y attaquait la pauvreté de la pensée, dénonçant la religion marquée par la peur et pourfendant le système d'enseignement qu'il jugeait archaïque.
En quelques mois, le tirage du livre a dépassé les 100 000 exemplaires.
En février dernier, M. Desbiens avait été fait officier de l'Ordre du Canada. Il était chevalier de l'Ordre du Québec depuis 1988.
Dernière mise à jour de cette page le dimanche 9 août 20097:34
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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