Repères biographiques
Pierrette (Paule) Désy a fait une maîtrise en géographie humaine (1963) à l’Université Laval avant d’aller à la Sorbonne, l’EHESS et le Musée de l’Homme étudier en anthropologie sociale et culturelle. Elle a rédigé sa thèse de doctorat (1968), reçue avec mention très bien, sous la direction du professeur André Leroi-Gourhan.
Pierrette Désy a vécu au lac John (Schefferville) chez les Innus et les Naskapis et à Fort George (Chisasibi) chez les Cris et les Inuit. Cependant, elle a voyagé dans la péninsule du Nunavik, de la baie James à la baie d’Hudson, de la baie d’Ungava au détroit d’Hudson, dans l’hinterland de Schefferville et de Chisasibi, ainsi qu’aux îles Belcher au Nunavut. Par la suite, outre des pérégrinations qui l’ont conduite chez les Amérindiens au Canada et aux États-Unis, elle a dès 1973 séjourné au Dakota chez les Sioux, après l’occupation de Wounded Knee, et elle a assisté à la danse du Soleil (réserve de Rosebud, Dakota du Sud et réserve de Standing Rock, Dakota du Nord) ; elle est allée dans le Sud-Ouest chez les Navajo et en Argentine chez les Guarani. Elle a de plus voyagé dans plusieurs pays d’Amérique du Sud, du Brésil à la Patagonie jusqu’à la Terre de Feu.
Le Nord lui a révélé dès le premier contact une passion du paysage, éclairée par des relations affectueuses avec ses habitants. Jusqu’à aujourd’hui, les liens qu’elle a tissés, par affinités électives, avec des amis innus ne se sont jamais démentis. À peine âgé de quatre ans, François-Étienne, son fils, l’accompagnait dans le Nord une première fois, avant d’y retourner, séjours qui restèrent gravés en sa mémoire, tels de lumineux souvenirs.
Pierrette Désy a souvent reçu des subventions de recherches et des bourses d’études du gouvernement québécois, canadien et français, du Centre d’Études nordiques, et cela, pendant de nombreuses années. Elle a pu de la sorte consulter documents et archives dans les endroits suivants : Londres (Hudson’s Bay Company et Church Misionnary Society) ; Cambridge (Scott Polar Institute) ; Dartmouth College (Stefansson Collection) ; Paris (Revillon Frères et Archives de la Marine) ; Bigdoy près d’Oslo (Norsk Folkemuseum) ; Ottawa (Archives publiques du Canada) ; Chicago (Newberry Library).
Après avoir enseigné au département d’ethnologie de l’Université de Paris-X, où son premier cours « Le domaine amérindien » était déjà inscrit au programme, Pierrette Désy est rentrée à Montréal où elle a été nommée professeure à l’UQAM, d’abord au département de géographie et ensuite d’histoire. Son champ d’enseignement portait sur les sociétés amérindiennes. Par la suite, elle a été invitée à Paris à titre de directrice d’études à l’EPHE (section des sciences religieuses) et à l’EHESS. Des conférences et des séminaires ont été donnés régulièrement en divers lieux. Pour en citer quelques-uns, elle a été rapporteur à l’UNESCO lors d’une rencontre sur les relations interculturelles ; elle a fait un séminaire au Collège de France dans le cadre des cours de poétique du professeur Yves Bonnefoy ; lors d’une conférence internationale en sciences sociales, elle a également organisé un symposium à l’Université Laval sur le thème « Culture et Éducation » avec des femmes amérindiennes qu’elle avait connues lors de voyages ; coordonné encore un symposium à Moscou lors de la 7e Conférence sur les chasseurs-cueilleurs, tandis qu’elle faisait partie du comité organisateur. À cette occasion, avec quelques collègues, elle est allée dans la péninsule de Kola et à Lovozero chez les Saami [Lapons]. Elle fut de plus présidente de la Société canadienne d’anthropologie.
Outre ses travaux en anthropologie, dont l’ethnohistoire de Fort George, elle a écrit des nouvelles, un récit autoethnographique sur l’adolescence, elle a tenu un journal lors d’un voyage autour du monde à bord d’un porte-conteneurs, et rédigé un long récit analytique sur le deuil, qu’elle compte publier.
Source: l'auteure, le 5 mars 2012.
Source de la photo: “Les relations entre Blancs et Amérindiens: une perspective historique. Une entrevue avec Pierrette Désy.” par Louise Poulin, in revue Contact CIEC, vol. 10, no 1, printemps 1991, pp. 9-12. Ottawa: Conseil international d'études canadiennes.
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