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Les illusions du pouvoir.
Les erreurs stratégiques du Gouvernement Lévesque.
Avant-propos
Certains intellectuels ont choisi la voie de l’appui inconditionnel aux stratégies douteuses de l’étapisme. Pour ces inconditionnels à la remorque des milieux gouvernementaux et péquistes, quiconque ose suggérer que le gouvernement Lévesque est en bonne partie responsable de la défaite référendaire est accusé de vouloir déstabiliser le PQ et de faire ''objectivement'' le jeu des ennemis de la souveraineté du Québec.
L'échec du 20 mai 1980 et ses conséquences (rapatriement unilatéral, possibilité d’une défaite électorale, menaces à la Loi 101 par les « Libéraux » Trudeau et Ryan), s'expliqueraient uniquement par la perfidie des adversaires ou la peur du changement. Dans ces milieux, on est incapable de concevoir comment le gouvernement eût pu agir autrement et on se désespère de la fragilité politique d’une grande partie des citoyens qui ont voté NON.
Ce livre est le témoignage de deux indépendantistes qui ont choisi la voie plus exigeante et plus difficile de la critique, de la lucidité et de la franchise.
Nos analyses démasquent la conception libérale et technocratique qui a inspiré au gouvernement Lévesque cet étapisme qui a paralysé le mouvement indépendantiste.
Après les trois ans d’apathie qui suivirent la victoire du 15 novembre 1976, le contrepoids participationniste des regroupements pour le OUI est arrivé trop tard pour neutraliser les millions de la publicité fédérale et les sophismes de Pierre Elliott Trudeau.
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Depuis 15 ans, au Québec, se livre une lutte idéologique féroce entre fédéralistes et indépendantistes comme en témoigne la chronologie à la fin de ce livre.
La principale illusion du gouvernement Lévesque aura été de croire que la bataille pouvait être gagnée sur le seul terrain de l'idéologie ''libérale''. Si, dès le lendemain du 15 novembre 1976, les leaders du gouvernement avaient annoncé clairement un référendum sur la souveraineté et encouragé l’action des milliers de militants et d’indépendantistes, nous n’aurions peut-être pas gagné le référendum, mais nous ne serions pas, aujourd’hui, devant l’apathie des jeunes, la morosité des militants et le scepticisme généralisé par rapport à l’option indépendantiste.
Devant un tel gâchis, bien malin celui qui pourrait prédire l’avenir du mouvement indépendantiste québécois. C’est pourtant la perspective de voir ce mouvement reprendre de la vigueur qui nous a motivés dans ce livre qui sonne le glas de cet étapisme qui a enlisé dans les ruses politiciennes un projet politique exaltant.
Même si nous avons choisi la voie de la critique, nous avons appuyé sans hésiter la campagne du OUI. Bien que la perspective d’un gouvernement Ryan ne nous plaise guère, puisque la défaite du 20 mai 1980 n’a pas suffi, nous nous demandons s’il ne faudra pas un choc plus douloureux encore. Quoi qu’il en soit, nous souhaitons que le mouvement indépendantiste, dont l’expression politique est le Parti Québécois, revienne plus fort que jamais, après les épreuves référendaires et électorales.
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