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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Gilles Dussault, “Professionnalisation et déprofessionnalisation”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Jacques Dufresne, Fernand Dumont et Yves Martin, Traité d'anthropologie médicale. L'Institution de la santé et de la maladie, Chapitre 28, pp. 605-616. Québec: Les Presses de l'Université du Québec, l'Institut québécois de recherche sur la culture (IQRC) et les Presses universitaires de Lyon (PUL), 1985, 1245 pp. [Autorisation accordée par l'auteur le 15 mai 2006.] Introduction Il n'y a pas si longtemps encore, le soin des malades était une responsabilité qui incombait d'abord aux parents ou amis ou à la rigueur à une institution charitable. Ce n'est que dans des circonstances particulièrement critiques qu'on avait recours aux services d'un « expert », médecin ou autre guérisseur. Depuis le début du siècle, le balancier s'est déplacé graduellement et on observe maintenant que les soins sont désormais dispensés par une multitude de spécialistes auxquels les individus confient, de routine, leurs besoins réels ou virtuels. Soigner, traiter, prévenir sont devenus des activités professionnelles réservées à des personnes qui ont reçu une formation spécialisée, qui s'y livrent à temps plein contre rémunération et qui font carrière dans le métier de soignant. De nos jours, on naît et on meurt à l'hôpital et, entre ces deux étapes, on fait carrière comme « usager » des services de santé. Naguère le domaine privilégié de la pratique de la charité et de la compassion, le secteur de la santé est devenu un champ de production où des spécialistes de disciplines diverses « gèrent » la santé et la maladie des individus qui leur cèdent le contrôle de leur corps et de leur esprit. Comment cette « professionnalisation » des services de santé a-t-elle pu se produire ? Voilà la première question que nous examinerons. Nous le ferons en essayant de comprendre comment s'est formée et développée la structure occupationnelle à travers laquelle les soins et services de santé sont présentement produits. Dans un deuxième temps, nous nous demanderons si cette situation est là pour durer ou si, comme certains le prétendent ou encore le souhaitent, un mouvement de « déprofessionnalisation » est en train de voir le jour. Mais d'abord précisons ce que nous entendons par « professionnalisation » et « déprofessionnalisation » des services sanitaires. La notion de professionnalisation sera utilisée ici pour désigner le processus de prise en charge de la production d'une catégorie de biens ou services par un groupe occupationnel qui est parvenu à réserver à ses membres le contrôle, à la fois de la définition des besoins de leurs clients et de la manière de les satisfaire. La professionnalisation des services de santé est un processus qui a amené le transfert de la responsabilité des soins des individus aux professionnels de la santé, des profanes aux experts. L'État lui-même a légitimé ce transfert par des lois qui confirment le droit de certaines personnes à exercer de façon exclusive certaines activités soignantes. La notion de déprofessionnalisation, elle, désigne le processus d'érosion de l'autorité et du contrôle des professionnels sur un secteur de production donné. C'est un processus par lequel les conditions qui ont favorisé l'émergence et le développement du professionnalisme sont transformées ou cessent d'exister pour entraîner soit un retour à la situation antérieure soit la création d'une situation nouvelle où le contrôle de services sanitaires est exercé différemment. Compte tenu de l'état des connaissances sur l'histoire sociale de la médecine et des services de santé, l'analyse proposée ici tiendra forcément de l'essai.
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