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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Jean-Charles Falardeau (1914-1989), “Le sens de l'œuvre sociologique de Léon Gérin”. Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. vol. 4, no 3, septembre-décembre 1963, pp. 265-289. Québec: Les Presses de l'Université Laval. Avec l’autorisation formelle accordée le 8 janvier 2004 par la directrice de la revue Recherches sociographiques, Mme Andrée Fortin, professeure de sociologie à l’Université Laval. Introduction De Paris, le 26 mars 1886, Léon Gérin écrit à son frère : « Mon cher Henri - J'ai acheté quelques ouvrages de LePlay. C'est un esprit très puissant, et sans vouloir endosser toutes les opinions qu'il émet, la méthode scientifique dont il a doté l'économie politique est admirable. Si tu t'en sens le goût, nous travaillerons a répandre sa doctrine au Canada. Plus de théories ! du positif, du positif ! ... » [1] Ces mots décrivent une exaltante découverte ; ils expriment un enthousiasme ; ils formulent sans réticence une détermination pour l'avenir. Cette découverte, cet enthousiasme et cette détermination marqueront toute la vie et toute l’œuvre de Léon Gérin. Pour comprendre ce qu'avait été jusqu'à 1886 et ce que fut par la suite son existence, il faudrait parcourir la volumineuse correspondance de Gérin qui est conservée aux archives du collège Sainte-Marie de Montreal et reconstituer ce qu'elle nous apprend de l'élève modèle au séminaire de Nicolet ; du fils soucieux de répondre aux attentes de sa mère, de son père, de l'oncle curé ; du chercheur solitaire qui adressait à ses maîtres de Paris de longues épîtres admiratives et interrogatives. Il faudrait, en particulier, retracer les similitudes psychologiques et intellectuelles entre Léon et son père, Antoine Gérin-Lajoie, dont on sait qu'il n'a jamais été parfaitement heureux de sa condition de fonctionnaire : dans son roman Jean Rivard, c'est dans le terne personnage de l'avocat Charmenil qu'il a incarné les conditions de son existence réelle mais c'est par le héros colonisateur, Jean Rivard, qu'il a fait exprimer l'ardent lyrisme d'une vie qu'il aurait voulu vivre. Il faudrait enfin évoquer l'atmosphère intellectuelle, les dilemmes économiques et les luttes idéologiques du dernier tiers du XIXe siècle canadien-français afin de mieux déterminer en quoi Gérin a été marqué par son milieu et en quoi il lui est demeure imperméable. Ce cher monsieur Gérin ... J'ai déjà dit [2] quelle importance avait eue, au début de ma carrière, ma rencontre avec cet accueillant aîné, soit à Claire-Fontaine, soit à son foyer d'Outremont. Il n'en croyait pas ses oreilles d'apprendre qu'on parlait de lui à Québec, dans la nouvelle Faculté des sciences sociales. Pas plus qu'a n'avait osé croire Édouard Montpetit lorsque celui-ci saluait en lui notre premier sociologue, le premier sociologue du Canada tout entier. Il serait, encore aujourd'hui, l'homme le plus étonné du monde d'apprendre que l'on ait songé à célébrer son anniversaire et que l'on fasse si grand état de son oeuvre. Celle-ci en effet est maintenant familière à tous les sociologues et à tous ceux qui se préoccupent de l'histoire des idées au Canada français. Elle a été rapprochée de nous récemment par l'analyse méthodique qu'en a faite le Père Carrier, s.j. [3] La meilleure façon d'honorer la mémoire de Gérin n'est-elle pas de relire son oeuvre et de la situer dans la lumière qui lui donne sa vraie signification et tout son relief ? [1] Archives du collège Sainte-Marie[ACSM], Fonds Léon Gérin. [2] « Mon ami Léon Gérin », Cité libre, XI, 26, avril 1960, 27. [3] Hervé CARRIER, s.j., Le sociologue canadien Léon Gérin, Montréal, Les Éditions Bellarmin, 1960.
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