Références
bibliographiques
avec le catalogue
En plein texte
avec GoogleRecherche avancée
Tous les ouvrages
numérisés de cette
bibliothèque sont
disponibles en trois
formats de fichiers :
Word (.doc),
PDF et RTF
Pour une liste
complète des auteurs
de la bibliothèque,
en fichier Excel,
cliquer ici.
Collection « Les sciences sociales contemporaines »
L'histoire de l'art est terminée (1981) Introduction
Une édition électronique réalisée à partir du livre d'Hervé Fischer, L'Histoire de l'art est terminée. France: Balland, Éditeur, 1981, 219 pp. [Autorisation formelle accordée par l'auteur le 25 octobre au congrès de l'ASTED (Congrès pour l'Avancement des sciences et techniques de la documentation) tenu à Québec et confirmée par courrier le 29 octobre 2004.
Introduction Quand Platon voulait chasser les artistes et les poètes de la république, même s'il «touchait juste», selon le commentaire moderne de Proudhon (1), il ne prédisait pas la mort de l'art -qui n'avait pas encore d'histoire. Il dénonçait seulement les artistes comme menteurs néfastes. Curieusement, l'idée de la mort de l'art est née aussitôt qu'est apparue la conscience historique, au début du XIXe siècle. L'idée était alors nouvelle. Tel n'est plus le cas. Et, depuis bientôt deux siècles qu'on en parle, l'idée de la mort de l'art est devenue vieillotte et d'autant moins crédible que l'histoire de l'art semble remettre sans cesse sa mort à plus tard.
De Hegel à aujourd'hui, pourquoi serait-ce par hasard maintenant que l'art rendrait son dernier souffle? Par quel hasard historique ma question et l'histoire coïncideraient-elles? Cette coïncidence à elle seule jette le doute sur le débat. Nous en connaissons trop qui, chacun à leur tour, ont cru être nés au moment précis où l'histoire prenait le tournant radical qu'ils annonçaient: les Fourier, les Auguste Comte, les Marx, les hommes d'espoir comme aussi les catastrophistes.
Trop de doutes pesaient sur ma question même. Avant de jeter les dernières pelletées de terre, fi fallait donc s'efforcer de dépasser la problématique actuelle de l'art:
- renouveler les supports ou media,
- mener l'analyse sociologique de l'art (idéologie et institutions) pour dépasser le blocage et sortir du ghetto artistique,
- éprouver la force des arguments en polémiquant dans le milieu artistique.
La critique, par rapport à l'art en cours, ce fut l'hygiène de l'art.
Parallèlement (1971), nous avons recherché une autre voie: l'art sociologique (2).
Depuis dix ans je m'interroge sur la mort des avant-gardes et observe autour de moi, parmi d'autres, avec attention les démarches des artistes pour voir s'ils libèrent l'art de l'essoufflement avant-gardiste et relancent son histoire. Or je ne vois personne découvrir d'issue.
Et nous nous interrogeons aussi sur l'art sociologique bien qu'il ait pris aujourd'hui valeur collective. S'fi a développé sa capacité d'interrogation critique, c'est sans doute plus vis-à-vis de lui-même en tant qu'art, que vis-à-vis de la société comme sociologie interrogative. En d'autres termes sa force s'est vivement exercée à l'intérieur du micro-milieu, comme interrogation polémique; il n'a certainement pas la capacité de transformer la société. Possibilité qui est même un non-sens selon l'analyse freudienne de l'art, mais paraît d'autant plus importante aujourd'hui que l'art sociologique, s'il ne peut y répondre positivement, risque cependant de perdre dans cette tentative son statut d'art.
Serait-ce un avantage ou un inconvénient?
Si l'art sociologique, dans la mesure où il offre une issue dans l'impasse de l'art, devient nettement autre chose que l'art que nous avons connu depuis des siècles, cela veut-il dire que la problématique de l'art ait changé? Cette rupture dans l'histoire de l'idéologie artistique - déjà annoncée par Maïakowski par exemple - signifie-t-elle un tournant radical, une mutation de l'idée d'art, de sa fonction, de ses valeurs, de ses supports? Ne parle-t-on pas sans cesse de mutation à notre époque?
L'analyse freudienne nous assure de la nécessité sociale de l'art, de la pérennité de sa fonction imaginaire. Mais la crise généralisée de l'idéologie avant-gardiste nous suggère une fin ou une mutation.
La volonté de formuler ces questions et de les mettre à l'épreuve, tant des faits que des théories en présence, fonde la nécessité même de l'essai qu'on va lire.
Avant d'étudier la fin de l'histoire de l'art, évoquons son commencement. D'autres que moi diront si le premier historien d'art important fut Stendhal, auteur d'une Histoire de la peinture en Italie (1817), Chennevières Peintres provinciaux de l'ancienne France (1847-1862), Henri Focillon Vie des Formes ou Salomon Reinach Histoire générale des Arts plastiques (1904) ou Arnold Hauser Histoire sociale de l'art ou Aloïs Riegl, Frederick Antal, E.H. Gombrich, H. Wölflin, ou tout autre qui aborda cette histoire d'un point de vue social et formel au lieu des traditionnelles vies d'artistes et des narrations littéraires.
Quant à la conscience d'une esthétique nouvelle impliquant le rejet de la précédente, elle est sans doute ancienne déjà et il serait impertinent de la situer du temps de Charles Perrault avec son Parallèle des Anciens et des Modernes (1688) plutôt qu'à la Renaissance ou bien avant...
Nous soulignerons seulement, pour ce qui concerne notre époque, qu'une rupture très nette dans la conscience des artistes apparaît avec les Futuristes qui veulent un art nouveau pour une nouvelle société et rejettent le passé. Cette attitude inaugurait, pour quelques décades à venir, une conscience historique aiguë parmi des artistes qui revendiqueront désormais l'avant-gardisme comme une valeur nécessaire, voire suffisante.
Notes :
1. Proudhon, Du principe de l'art et de sa prédestination sociale. 2. Cf. Hervé Fischer, Théorie de l'art sociologique, éd. Casterman, Paris, 1977.
Dernière mise à jour de cette page le Dimanche 14 novembre 2004 20:25 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
La vie des Classiques des sciences sociales
dans Facebook.
×
À tous les utilisateurs et les utilisatrices des Classiques des sciences sociales,
Depuis nos débuts, en 1993, c'est grâce aux dons des particuliers et à quelques subventions publiques que nous avons pu mener à bien notre mission qui est de donner accès gratuitement à des documents scientifiques en sciences humaines et sociales de langue française.
Nous sollicitons votre aide durant tout le mois de décembre 2020 pour nous aider à poursuivre notre mission de démocratisation de l'accès aux savoirs. Nous remettons des reçus officiels de dons aux fins d'impôt pour tous les dons canadiens de 50 $ et plus.
Aidez-nous à assurer la pérennité de cette bibliothèque en libre accès!
Merci de nous soutenir en faisant un don aujourd'hui.
Jean-Marie Tremblay, fondateur des Classiques des sciences sociales