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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

La sociologie dans tous ses états” (1985)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Marcel Fournier, “La sociologie dans tous ses états”. Un article publié dans la revue Recherches sociographiques, vol. 26, no 3, 1985, pp. 417-443. Montréal: Les Presses de l'Université Laval. [Numéro intitulé: Situation de la recherche sur “le Canada français”, 1962-1984. [Autorisation accordée par l'auteur le 12 décembre 2002 pour cette oeuvre et toutes celles publiées au Québec]
Introduction

Analyse des changements institutionnels qui ont marqué le développement de la sociologie: dissémination à l'extérieur des départements disciplinaires, institutionnalisation de la recherche, insertion dans les réseaux scientifiques internationaux, etc. Le mouvement de la grande recherche annonce une nouvelle hiérarchisation entre les institutions et entre leurs membres. Il se caractérise en outre par une intervention accrue des organismes gouvernementaux, au détriment des mécanismes internes de régulation, que l'hétérogénéité du milieu risque de perturber. La crise actuelle de la sociologie ne se situe pas seulement au plan des paradigmes: elle provient d'un changement de position de la discipline dans le système universitaire et sur le marché des emplois hautement qualifiés.


La sociologie québécoise s'est construite autour d'une opposition centrale, celle qui distingue chronologiquement un «avant» et un «après»: (1) avant, la pré-sociologie, la pensée sociale de quelques membres du clergé et d'intellectuels éclairés; après, la «vraie» sociologie, le savoir savant de spécialistes, le plus souvent formés par et associés à l'institution universitaire. La transition entre cet «avant» et cet «après», synonyme d'un passage qui mènerait de l'obscurité à la lumière, est habituellement analysée en termes de processus d'institutionnalisation: il s'agirait de l'acquisition, par un groupe de spécialistes, d'une légitimité culturelle et d'un accès à des postes dans les institutions universitaires et gouvernementales. (2) Longuement préparée, cette conquête se réalise au Québec dans les décennies qui précèdent la Révolution tranquille: à l'autorité, on oppose la liberté; contre l'esprit doctrinaire, on privilégie la con-naissance de la réalité; à la tradition et au conservatisme, on préfère le progrès; bref tout semble être mis en place pour qu'enfin on entre dans la Modernité et qu'à l'idéologie, on substitue la Science. (3) Depuis, plus nombreux, les sociologues se seraient donné une assise institutionnelle plus forte, auraient développé des préoccupations et des problématiques diverses - division du travail et pluralisme - et se seraient cantonnés dans des domaines de plus en plus restreints. Les notions les plus souvent utilisées pour rendre compte des changements qui marquent cette évolution sont celles de consolidation, de diversification et de spécialisation.

Le développement d'une discipline n'est cependant pas aussi simple: rien n'est linéaire ni totalement acquis. Et l'histoire intellectuelle n'est pas, pour reprendre une expression de Durkheim, le seul fruit de la «force innée de l'idée vraie»; elle est aussi le produit de la rencontre, dans des conjonctures particulières, souvent imprévisibles, de l'action des membres, de la structuration du champ disciplinaire et de l'organisation des institutions éducatives et culturelles. Au lieu de présenter une chronologie détaillée de tous les événements qui se sont déroulés (nomination d'un tel à tel poste, élection d'un tel à telle société, mise à la retraite d'un tel et son remplacement par une telle, etc.) et de toutes les idées qui ont été émises au cours des quinze dernières années, nous centrerons notre attention sur les changements institutionnels qui, de quelque importance et généralité, ont marqué le développement récent de la sociologie en tant que discipline universitaire. Au risque d'apparaître schématique, on peut distinguer, dans une telle analyse, quatre niveaux ou ensembles de facteurs: le contexte sociétal, les multiples demandes sociales, les conflits politiques, les problèmes sociaux et économiques, etc.; les institutions, dont principalement le système universitaire, dans lesquelles s'effectuent les activités d'enseignement et de recherche; le champ sociologique comme système de positions scientifiques avec ses instances de régulation, de diffusion et de gratification; enfin les agents eux-mêmes, avec leurs caractéristiques sociales, scolaires et professionnelles.

Notes

(1) Voir: Jean-Charles FALARDEAU, «Antécédents, débuts et croissance de la sociologie au Québec», Recherches sociographiques, vol. XV, no 2-3, 1974, pp. 135-137.

(2) Voir: Marcel FOURNIER, «L'institutionnalisation des sciences sociales au Québec», Sociologie et sociétés, vol. V, no 1, 1973: 27-59.

(3) Voir: Marcel FOURNIER, «Science, culture et société au Québec. L'entrée dans la modernité», dans: C. SAVARY et C. PANACCIO, L'idéologie et les stratégies de la raison, Montréal, Éditions Hurtubise HMH ltée, 1984, pp. 213-236.


Retour au texte de l'auteur: Marcel Fournier, sociologue, Université de Montréal Dernière mise à jour de cette page le mardi 6 juin 2006 18:59
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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