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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Gabriel Gagnon, “Pour un socialisme décolonisateur.” Un article publié dans Parti pris, revue politique et culturelle, vol. 4, no 1, septembre-octobre 1966, pp. 40-56. [Autorisation confirmée par l’auteur, le 18 novembre 2004, de diffuser toutes ses publications en libre accès dans Les Classiques des sciences sociales.]

[40]

Gabriel Gagnon

Pour un socialisme
décolonisateur


Un article publié dans Parti pris, revue politique et culturelle, vol. 4, no 1, septembre-octobre 1966, pp. 40-56.

Introduction [40]

1. Le socialisme aujourd'hui [40]
La social-démocratie [40]
Le communisme orthodoxe [42]
Le socialisme autogestionnaire [43]

2. Au Québec, un socialisme décolonisateur ? [47]

un peu d'histoire [47]
les conditions objectives [48]
efficacité et égalité [49]
autogestion et décolonisation [50]
le contexte international [52]

3. Et la pratique [52]


Introduction

Puisque parti pris redevient cette année une revue de combat non directement engagée dans un mouvement politique concret, une de nos tâches principales devra être d'approfondir les trois grandes options sur lesquelles elle a basé son action depuis trois ans : laïcisme, décolonisation et socialisme.

Même si ces trois options forment un tout, on peut tenter de partir de l'une ou de l'autre pour essayer de rejoindre les deux autres en cours de route. C'est ce que j'aimerais faire ici au sujet du socialisme, en amorçant une discussion qui se poursuivra au sein de l'équipe et sous forme de confrontation avec les lecteurs en cours d'année.

Pour mieux poser le problème, je voudrais d'abord repasser les grands thèmes du socialisme plus ou moins bien réalisés par les partis et les pays qui se réclament de ce nom, quitte à voir ensuite dans quel sens pourrait se dévoiler le socialisme québécois que nous voulons construire. Je terminerai par quelques hypothèses sur les moyens de réaliser un tel socialisme.

1. Le socialisme aujourd'hui

En 1966, au-delà des divers programmes des partis socialistes, au pouvoir ou non, on peut discerner en gros trois tendances qui, avec leurs variantes, correspondent plus ou moins aux stades d'évolution de la société industrielle. La social-démocratie, le communisme orthodoxe et le socialisme autogestionnaire se distinguent ainsi selon leur plus ou moins grande insistance sur l'un ou l'autre des principaux thèmes de la pensée socialiste : l'efficacité, l'égalité, la justice sociale, la participation, la décolonisation, la laïcité, etc...

La social-démocratie

Au pouvoir ou principal parti d'opposition dans la plupart des pays protestants d'Europe occidentale, dépassée sur sa gauche par les partis communistes orthodoxes au cours de son évolution, la social-démocratie a vu ses intentions révolutionnaires globales se transformer graduellement en multiples projets de réformes partielles, à mesure qu'elle s'intégrait à la société capitaliste en acceptant d'accéder à sa gestion aux côtés d'autres partis situés à sa droite.

[41]

Soucieuse avant tout d'efficacité, dans un monde dominé par la technologie et l'automation, elle prône aussi une certaine égalité des revenus et du bien-être réalisée grâce à la fiscalité et à la sécurité sociale. La planification indicative présente la meilleure illustration de son souci d'efficacité : on fait des prévisions, on choisit un taux de croissance de l'économie nationale, on y ajoute les actions économiques de l'État, tout en suggérant au secteur privé de s'y conformer. [1]

Les nationalisations cèdent ainsi la place à l'économie mixte à prépondérance étatique, sauf dans le cas d'industries essentielles en perte de vitesse ou de secteurs où règne l'anarchie totale; c'est ainsi que la nationalisation de l'acier et du sol urbain font partie du programme du gouvernement travailliste de Wilson (elles n'ont pas encore été réalisées cependant).

Dans cette économie partagée entre le secteur coopératif, public et privé, ce dernier demeure finalement le plus favorisé, même s'il est plus ou moins obligé de se "civiliser". La social-démocratie aménage donc le capitalisme sans que s'opère aucune transformation globale de la société: la classe ouvrière y reste fort loin de toute participation véritable à la gestion de l'industrie ou du gouvernement.

Ce socialisme, du fait qu'il accepte le jeu démocratique et la multiplicité des partis, se veut à vocation majoritaire au sein du système capitaliste : à la recherche d'un programme assez modéré pour lui obtenir aux élections les suffrages de la majorité de l'électorat, il doit édulcorer encore plus sa politique. L'évolution du parti social-démocrate d'Allemagne de l'Ouest de. puis la fin de la guerre comme, au Canada, le passage du CCF au NPD sont là pour en témoigner [2].

Deux tendances importantes se dessinent cependant au sein de la social-démocratie actuelle :

- le type anglo-saxon où la référence au marxisme et à la lutte des classes est totalement abandonnée et où percent plusieurs des valeurs religieuses issues d'un protestantisme ascétique de gauche. Le NPD canadien en constitue un excellent exemple avec les travaillismes scandinaves, anglais et allemand, plus usés par la participation au pouvoir cependant.

- le type "latin" caractérisé par la SFIO (Section française de l'inter. nationale ouvrière) de Guy Mollet où, malgré une politique assez semblable en fait à celle du travaillisme anglo-saxon, la référence au marxisme et à la lutte des classes est conservée, avec une insistance pressante sur l'anti-cléricalisme et la laïcité : les partis socialistes [42] italiens de Nenni (PSI) et Saragat (PSD), actuellement en voie de fusion, se rattachent aussi à ce type.

Qu'il s'agisse du modèle latin ou anglo-saxon, la place faite aux valeurs nationales demeure extrêmement mince : l'expérience de la première guerre mondiale, où la presque totalité des partis sociaux-démocrates s'engouffrèrent dans un chauvinisme outrancier, comme les débordements plus récents du fascisme, ont amené ces partis à une énorme réticence vis-à-vis toute manifestation du nationalisme en Europe. Ils ont été ainsi complètement dépassés par le mouvement de décolonisation des vingt dernières années: le gouvernement Mollet s'est en effet révélé un des plus farouchement colonisateurs lors de la guerre d'Algérie alors que le travaillisme anglais, moins chauvin, hésite encore cependant à accélérer la libération de la majorité noire de la Rhodésie du Sud.

Le communisme orthodoxe

Nés la plupart du temps de scissions, provoquées par la montée des bolchéviques en Russie, au sein d'une social-démocratie avide de pouvoir, les partis communistes orthodoxes conservent l'intention globale du marxisme originel en ce qu'ils veulent changer l'homme total à partir de la base économique : voilà pourquoi leur lutte dépasse le simple niveau de la politique où s'enlise souvent la social-démocratie pour aborder de front les domaines de l'économie, de l'art, de la littérature et, de la religion. Cette vision globale se base évidemment sur la croyance à un socialisme scientifique contenant la clef de tous les problèmes qu'affronte l'humanité : d'abord instrument de recherche au temps de Lénine, ce socialisme scientifique s'est figé sous Staline dans les constructions déductives d'un matérialisme dialectique abstrait souvent préféré à toute observation empirique de la réalité.

L'encerclement capitaliste puis la menace du fascisme ont, comme on le sait, amené le communisme orthodoxe à insister sur la phase de la dictature du prolétariat, essentiellement provisoire chez Marx, et à la présenter comme une réalisation approchée de la société socialiste. On obtint en corollaires le parti unique et homogène tenant en mains tous les secteurs de la société et une planification coercitive, étatique et centralisée où les plans de développement des unités industrielles et territoriales sont définis de façon bureaucratique par en haut. [3]

On privilégie ici l'égalité, la disparition des classes sociales, au détriment de l'efficacité parfois et, toujours, de la participation : les organisations [43] de travailleurs industriels ou agricoles servent exclusivement de courroie de transmission pour les fonctionnaires du parti.

Ce type idéal représente assez bien l'URSS d'avant Khrouchtchev. La version agraire, ascétique et coercitive de la Chine s'en rapproche encore davantage aujourd'hui alors que l'URSS et les pays d'Europe semblent évoluer plutôt vers une variante industrielle, beaucoup moins rigide dans le domaine de la culture et beaucoup plus décentralisée dans celui de l'économie : un rapprochement s'effectue ainsi avec le modèle autogestionnaire de type yougoslave, à mesure que s'affirment les voies nationales vers le socialisme (Pologne, Cuba, Italie).

On connaît les lacunes de la théorie et de la pratique marxistes orthodoxes au sujet des questions nationales. L'appui accordé aux mouvements de libération a varié selon les impératifs de la politique étrangère soviétique : c'est ainsi que, pendant longtemps, le parti communiste français n'a rien compris aux cheminements de la révolution algérienne. Aujourd'hui, l'URSS appuie les bourgeoisies nationales au pouvoir dans la majorité des pays du tiers-monde alors que la Chine, au contraire, cherche à prendre la tête des prolétariats agricoles exploités par ces bourgeoisies nationales : selon elle, ils ne se libèreront que par la violence révolutionnaire.

Le socialisme autogestionnaire

Au confluent de la science et d'u. ne certaine forme d'utopie, les voies du socialisme autogestionnaire se dessinent surtout en Yougoslavie et partiellement en Algérie : [4] on peut y rattacher la plupart des idéologies du socialisme africain. [5]

On retrouve ici, avec l'efficacité et l'égalité prônées par les autres versions du socialisme, la recherche de cette phase ultime du communisme où l'État dépérit, où le politique disparait dans l'économique et le social, où la contrainte se dissout dans la spontanéité. Alors que les Yougoslaves recherchent cet âge d'or au delà du capitalisme et de la dictature du prolétariat, le socialisme africain veut le plus souvent le retrouver directement dans les traditions communautaires ancestrales.

Lorsqu'on consulte les textes politiques des principaux idéologues du socialisme africain (Senghor, Sekou Touré, Nkrumah etc.) [6], on s'aperçoit qu'ils cherchent à le distinguer soigneusement des diverses formes qu'il a prises en Europe. Ils refusent ainsi de faire appel à la lutte de classes qui, selon eux, n'existent pas dans leurs pays. L'unité réalisée autour de [44] l'indépendance politique doit se pour. suivre autour de la construction de l'économie socialiste. Ils cherchent aussi à intégrer les valeurs religieuses venues de l'Islam, du christianisme ou de l'animisme, au lieu de les considérer comme des survivances dépassées. Le socialisme africain se rattache enfin au courant autogestionnaire en cherchant constamment à favoriser la participation des communautés paysannes à la gestion de la société.

Malgré ces déclarations de principe, l'évolution récente de la plupart des pays africains, au delà des querelles entre les divers secteurs de la bourgeoisie nationale (élites traditionnelles, armée et, paradoxalement, syndicats formés surtout de fonctionnaires), dénote plutôt le renforcement de cette classe et la mise hors circuit de la paysannerie majoritaire. [7]

Si l'on excepte certains pays comme le Mali et l'Algérie, il semble donc que c'est Fanon qui avait raison lorsqu'il écrivait :

« Les corbeaux sont aujourd'hui trop nombreux et trop voraces eu égard à la maigreur du butin national. Le parti, véritable instrument du pouvoir entre les mains de la bourgeoisie, renforce l'appareil d'État et précise l'encadrement du peuple, son immobilisation. Le parti aide le pouvoir à tenir le peuple ... De même que la bourgeoisie nationale escamote sa phase de construction pour se jeter dans la jouissance, pareillement, sur le plan institutionnel, elle saute la phase parlementaire et choisit une dictature de type national-socialiste. Nous savons aujourd'hui que ce fascisme à la petite semaine qui a triomphé pendant un demi-siècle en Amérique Latine, est le résultat dialectique de l'État semi-colonial de la période d'indépendance » [8]

L'échec relatif de ces formes de socialisme décolonisateur de type autogestionnaire semble dû avant tout au faible développement des forces productives, imposant un choix sans intermédiaires entre un communisme à la chinoise ou une indépendance politique vide de toute réalité sociale et économique.

Au contraire, en Yougoslavie, un développement industriel plus important et une lutte révolutionnaire acharnée semblent avoir favorisé la naissance d'une véritable autogestion basée sur l'autonomie des communes et des collectivités ouvrières.

Cette expérience, unique dans l'histoire du socialisme, cherche à tenir compte d'un triple souci :

  • accélérer le passage à la société socialiste, caractérisée par le dépérissement de l'État et le dépassement des [45] déformations bureaucratiques de la période de transition (stalinisme et ses séquelles),
  • tenir compte de la nature multi-ethnique du pays,
  • réaliser une planification moins rigide et plus efficace que celle pratiquée par les Soviétiques.

Le parti unique est ici beaucoup moins monolithique qu'en URSS : ses dirigeants, choisis pour une période limitée, sont soumis à une véritable élection, au moins aux échelons inférieurs, alors que les collectivités ouvrières et territoriales conservent une partie des fonctions dévolues ailleurs au parti communiste.

La planification demeure coercitive et globale mais son élaboration et son exécution sont décentralisées. Un arbitrage entre les plans des entreprises autogérées s'effectue au niveau de la commune, puis de la région, de la république et de la Fédération.

L'autogestion permet enfin la spontanéité dans les manifestations artistiques et culturelles et le développement des diverses cultures nationales grâce à une large autonomie des républiques fédérées.

Après plusieurs années de fonctionnement, le socialisme yougoslave vient d'être remis en question par ses leaders qui ont finalement opté pour le renforcement d'une autogestion mieux encadrée par la planification. En effet, depuis quelque temps, la spontanéité semblait l'emporter sur l'efficacité et même sur les principes égalitaires qui sont à la base du socialisme : c'est ainsi qu'un certain décalage entre entreprises et collectivités territoriales riches et pauvres avait commencé à se manifester. [9]

Une autre expérience d'autogestion a été tentée en Algérie sous Ben Bella : il s'agissait de remettre à des conseils ouvriers et paysans élus les entreprises industrielles et agricoles européennes abandonnées ou confisquées. Encore ici, l'expérience, commencée dans l'enthousiasme, semble s'être heurtée à de nombreuses difficultés dues au manque de planification globale et à la pénurie de cadres techniques (comptables, agronomes, etc...) à mettre à la disposition des conseils ouvriers et paysans. [10]

Se rattachant encore à un socialisme de type autogestionnaire plusieurs partis créés ces dernières années dans les pays industrialisés d'Europe occidentale entre les groupes sociaux. démocrates et communistes; c'est le cas du PSU en France, du PSUP (Parti socialiste de l'unité prolétarienne) en Italie et de petits partis du même genre en Allemagne et en Scandinavie.

Un tel socialisme semble actuellement [46] la seule voie de dépassement de la contradiction communisme-social-démocratie dans les pays hautement industrialisés, où le niveau d'éducation s'élève. Cette impression se confirme lorsqu'on compare l'implantation difficile de l'autogestion en Algérie et dans les républiques moins développées de la Yougoslavie à ses succès relatifs en Slovénie et en Croatie, plus industrialisées. On peut se demander d'ailleurs si l'URSS et les pays d'Europe orientale ne sont pas eux-mêmes en train d'évoluer vers certaines formes de décentralisation et d'autogestion.

À travers ses divers avatars, le socialisme mondial oscille donc entre science et utopie, planification et participation, efficacité et liberté, à la recherche d'une voie qui dépasserait ces contradictions. Même s'il n'existe pas de solution unique, le socialisme devant s'adapter aux conditions historiques de chaque pays, en particulier à l'état de développement des forces productives, le type autogestionnaire me semble la principale voie de l'avenir d'abord pour les pays industrialisés puis pour tous les autres, à mesure que s'accélérera le développement de leur économie.

Après la révolution d'octobre, Lénine caractérisait le socialisme russe par "les soviets plus l'industrialisation". De la même façon, le socialisme de demain réside, selon le philosophe marxiste Henri Lefebvre, dans "un dense réseau d'organismes de base plus des machines électroniques".

"Le réseau d'organismes à la base, dans les unités de production et les unités territoriales, assurerait le caractère démocratique de la planification, l'expression des besoins vitaux, le contrôle de la base sur le sommet. Gestion collective des moyens de production, donc disparition de la bourgeoisie comme classe dominante, et, finalement, dépérissement de l'État. Sans ce réseau, l'électronique et la cybernétique appliquées à la gestion de l'économie donneraient le pouvoir aux technocrates. Sans les machines, la démocratie à la base risque de tomber dans l'inorganisation économique et sociale. Les deux éléments constituent un tout. L'un ne va pas sans l'autre. Avec les machines, l'autorégulation devient technique, mais il faut aussi dominer la technique". [11]

Un tel socialisme permettrait d'éviter à la fois toute transformation structurelle qui ne ferait que changer l'identité des détenteurs du pouvoir sans toucher aux relations des travailleurs avec leurs outils (capitalisme d'État, technocratie, socialisme étatique) et toute tentative partielle de participation à l'intérieur de structures [47] globales de propriété, de pouvoir et d'information qui en limite, raient et en fausseraient les mécanismes de base (expérience du BAEQ, coopératives, développement communautaire).

2. Au Québec,
un socialisme décolonisateur ?


Après cet essai d'orientation sur les routes du socialisme mondial, je voudrais tenter maintenant de poser les jalons d'une voie québécoise spécifique. Il ne s'agira pour le moment que de proposer un certain nombre d'hypothèses puisque la théorie du socialisme décolonisateur que prône Parti Pris est encore loin d'être mûre et d'autant moins son application aux réalités québécoises. Nous comptons d'ailleurs consacrer une bonne partie de nos efforts cette année à l'étude des conditions théoriques et pratiques d'un tel socialisme.

un peu d'histoire

Le socialisme officiel végète au Québec depuis les débuts de sa courte histoire. D'abord réservé à une minorité d'anglophones, il n'a réussi qu'autour de 1955 à rejoindre quelques Canadiens français : ces individus isolés sont restés peu nombreux, n'ayant pas réussi à entraîner avec eux les groupes dont ils faisaient partie.

Absent aux élections provinciales de 1960 et 1962, le socialisme officiel obtint ainsi en 1956 et 1966 le même pourcentage insignifiant du vote. En fait, il n'y a pas beaucoup plus de membres dans le PSQ de 1966 qu'il n'y en avait dans le PSD de 1956 : les plus vieux ont été remplacés par des plus jeunes à mesure qu'ils adhéraient aux vieux partis ou abandonnaient tout intérêt pour la politique.

Durant l'époque pessimiste du duplessisme, la majorité des socialistes québécois crurent que la lumière viendrait d'Ottawa grâce à l'avènement du CCF (puis du NPD) entraînant le Canada, puis le Québec dans son sillage, sur les voies d'un travaillisme de type anglais ou suédois. Or, 1960 devait leur révéler que la révolution, tranquille ou pas, pourrait finalement venir de Québec autant que d'Ottawa. L'évolution du NPD vers une social, démocratie plus édulcorée encore que celle du CCF, comme l'émergence du néo-nationalisme, [12] permirent a, lors aux plus clairvoyants des travaillistes québécois [13] de retrouver les valeurs nationales en approfondissant et radicalisant leur socialisme : nous eûmes alors la rupture avec le NPD et la formation du PSQ en 1963. Mais, depuis lors, le PSQ n'a pu réussir à proposer une vision cohérente de la société québécoise : il hésite à [48] s'engager sur le thème de la décolonisation, pour ne pas froisser certains leaders syndicaux dont il voudrait obtenir l'appui.

De leur côté, les mouvements indépendantistes, d'abord obnubilés par une indépendance politique sans contenu, devaient peu à peu découvrir une certaine pensée social-démocrate dans le cas du RIN, les prémisses d'un socialisme décolonisateur dans le cas du MLP et l'anarchie terroriste pour le FLQ, sans parler du créditisme obtus du RN.

Le MLP s'étant par la suite fusionné avec le PSQ, les deux ailes radicales de l'indépendantisme et du socialisme se trouvèrent réunies. Les résultats de cette évolution ont été jusqu'à date assez peu convaincants et au point de vue de l'action électorale et à celui de l'élaboration d'un véritable socialisme décolonisateur : elle nous semble cependant dessiner la seule voie possible vers un socialisme québécois.

les conditions objectives

On l'a assez dit en effet, le Québec est un pays industrialisé où l'industrie et les services l'emportent largement sur l'agriculture. L'industrialisation ne s'est cependant pas étendue égale. ment à l'intérieur du territoire, laissant subsister, à côté d'usines automatisées dans les secteurs de pointe, des industries périclitantes comme celle du textile, réussissant à peine à faire vivre leurs ouvriers à coup de protectionnisme douanier. Et je ne parle évidemment pas de toutes ces usines marginales qui, un peu partout dans les petites villes, figurent encore les pires époques du capitalisme : l'usine Ayers de Lachute n'est qu'un exemple qui se répète à plusieurs exemplaires chez nous. L'industrialisation du Québec a ainsi créé des poches de prospérité relative au sein de zones rurales et urbaines vivant dans le chômage, la misère ou la pauvreté [14].

Parallèlement à l'industrialisation, se développait un syndicalisme surtout intéressé à la convention collective qui lui permettait d'atténuer une partie des rigueurs du capitalisme au profit des ouvriers des secteurs industriels avancés et, depuis quelque temps, des collets blancs et des techniciens, [15]. Une bonne partie de la classe ouvrière n'a pu être atteinte par ce syndicalisme qui, par ailleurs, s'est refusé obstinément à toute action politique globale au niveau provincial. De son côté, une classe agricole en diminution tentait d'arracher quelques lambeaux de prospérité à la société industrielle en passant graduellement à certaines formes de syndicalisme revendicateur.

[49]

Tout socialisme ici doit donc essayer de répondre aux aspirations de deux types de prolétariat, de deux sociétés vivant côte à côte. Alors que les ouvriers des secteurs de pointe commencent déjà à s'intéresser à l'autogestion, pour une bonne partie des travailleurs et des chômeurs ce thème ne signifiera rien tant que leur salaire et leur niveau de vie en feront les parias de la société industrielle. Jusqu'à maintenant, le socialisme officiel s'est contenté d'atteindre, avec les intellectuels, une partie des travailleurs les mieux organisés de Montréal, sans rejoindre les couches les plus défavorisées du prolétariat, qui, en milieu rural, n'ont rencontré que le crédit social pour s'occuper d'elles.

Mais, dira-t-on, laissons l'industrialisation se poursuivre : elle fera graduellement disparaître les classes les plus pauvres ou, grâce au syndicalisme, les intégrera mieux à la société industrielle nord-américaine. On ne peut plus dangereusement se leurrer. Le développement industriel canadien s'est surtout fait jusqu'à date par et pour l'"establishment" ontarien et de façon secondaire, la haute bourgeoisie anglo-saxonne de Montréal. Dans le contexte du capitalisme nord-américain, avec la perspective prochaine d'un libre échange Canada-U.S.A. prôné par une partie des libéraux fédéraux [16], cette situation ne pour. rait qu'évoluer vers une plus grande inégalité entre la réserve québécoise et le reste du continent. Le Québec ne deviendra un pôle de développement autonome et progressif que s'il se dégage en même temps des structures économiques et politiques d'un Canada qui se vide lui-même au profit des U.S.A.

efficacité et égalité

Car un des premiers impératifs de toute pensée socialiste, c'est le développement des forces productives, l'augmentation du niveau de vie des travailleurs : la société sans classes prévue par Marx sera caractérisée par l'abondance et la liberté. Pour des motifs de cet ordre, plusieurs leaders syndicaux s'opposent à une indépendance du Québec qui, selon eux, réduirait le niveau de vie des travailleurs. Cette crainte, justifiable peut. être si l'indépendance devait se réaliser, dans le cadre de l'organisation économique actuelle, par et pour la petite bourgeoisie québécoise, n'aurait, à mon avis, aucune raison de subsister dans la perspective d'un Québec socialiste décolonisé.

En effet, les tergiversations libérales au sujet de Sidbec l'illustrent abondamment, si l'État est le seul moteur possible du développement [50] économique québécois, le besoin de capitaux semble l'empêcher de jouer pleinement son rôle. Or, ces capitaux, ils existent : ils se trouvent dans les impôts payés à Ottawa et dépensés pour une défense inutile et désuète, dans les dividendes versés par les monopoles qui nous exploitent, dans les profits non-distribués des compagnies minières, dans l'épargne des travailleurs québécois utilisée au développement de l'Ontario par les compagnies d'assurance et aussi, il ne faut pas l'oublier, dans nos caisses populaires et bientôt dans notre Caisse des Dépôts. Un État québécois libéré des contraintes économiques et politiques du système fédéral actuel pourrait seul mettre ces capitaux à la disposition des travailleurs en vue du développement des forces productives : les entreprises de pointe que l'État pourrait alors créer accélèreraient l'expansion de l'ensemble de l'économie. Au fond, un tel socialisme décolonisateur constitue la seule façon de conserver le niveau de vie des secteurs avancés de la classe ouvrière tout en permettant à l'ensemble des travailleurs d'y accéder. Le secrétaire de la FTQ l'admettait lui-même cet été: jusqu'à maintenant le syndicalisme québécois n'a réussi à protéger adéquatement qu'une partie de la classe ouvrière. Cette situation ne peut évidemment que se perpétuer dans les structures actuelles, en même temps que se poursuivra l'inégalité économique entre les travailleurs québécois et leurs collègues ontariens et américains. Les seuls à souffrir d'une libération éventuelle seraient des catégories sociales que le mouvements ouvrier n'a jamais prétendu défendre : la haute bourgeoisie anglo-saxonne de Montréal et la petite bourgeoisie canadienne française qui devrait peut-être troquer quelques-unes de ses consommations de luxe pour une amélioration des services sociaux essentiels à sa disposition (santé, bien-être, éducation, urbanisme, etc...). Voilà pourquoi, à mon avis, les travailleurs, contrairement aux idées répandues, devraient être les premiers bénéficiaires réels d'un Québec libre, laïc, et socialiste.

autogestion et décolonisation

J'ai longuement traité plus haut du socialisme autogestionnaire. je crois en effet que le Québec industrialisé pourrait rapidement aller beaucoup plus loin que l'Algérie et même la Yougoslavie sur cette voie de l'avenir. Sans longue tradition socialiste, nous pouvons accepter plus aisément de nouvelles expériences en évitant certains aspects figés et anachroniques des modèles européens. Par ailleurs, notre statut de colonisés [51] nous fait mieux sentir, au sein d'entreprises à direction anglo-saxonne, la nécessité de confier le pouvoir aux travailleurs autochtones. Les problèmes de droits de gérance et certaines conventions collectives de cadres ou de collets blancs négociées récemment amènent même le syndicalisme à évoluer insensiblement en ce sens. Les traditions communautaires du Canada français, en plus de notre niveau d'éducation et de développement économique, exigent en effet autre chose qu'un socialisme d'État où les travailleurs ne participeraient que par délégation à la gestion de la société : ce ne serait là qu'atténuer l'aliénation ouvrière sans en changer la nature fondamentale. l'État a évidemment un rôle important à jouer dans la transformation des structures de propriété préalable à toute autogestion, mais il devrait vite céder son pouvoir aux travailleurs des entreprises et à des "communes" territoriales dotées de pouvoirs économiques importants.

Le passage à l'autogestion, entreprise délicate, devrait s'effectuer graduellement. Le processus pourrait facilement s'amorcer dans certains secteurs para-étatiques comme les écoles et les hôpitaux et dans les entreprises industrielles nationalisées (Hydro, etc...) pour s'étendre ensuite à l'ensemble de la société [17].

Un tel socialisme, en insistant sur la spontanéité et la participation, accorde beaucoup plus d'importance aux spécificités culturelles et individuelles que les modèles coercitifs inspirés du communisme archi-orthodoxe. En plus de libérer les Québécois, il tendrait à les désaliéner dans leur travail quotidien : c'est donc sûrement dans cette voie que doit s'engager tout mouvement vraiment décolonisateur. Le Québec serait ainsi susceptible de construire un modèle de socialisme d'abondance à proposer aux sociétés industrielles avancées.

On voit bien, dans cette perspective, ce qu'aurait d'illusoire une indépendance purement politique qui ne toucherait pas aux structures économiques, comme un socialisme d'État qui ne poursuivrait pas jusqu'au bout les possibilités de libération des Québécois.

De la même façon, il semble évident qu'une telle société ne peut, dans l'état actuel des choses, s'édifier que dans un Québec libre de toute entrave constitutionnelle. Le seul socialisme actuellement réalisable à Ottawa, le travaillisme du NPD, nous propose une idéologie pleine de bonnes intentions mais qui achoppe sur le problème québécois et ignore tout du socialisme autogestionnaire. Une fois au pouvoir, le NPD ferait du Canada [52] une sorte de Suède, ce qui est déjà pas mal : nous ne pouvons que le souhaiter aux "Canadians". Quant aux Québécois, leur situation de colonises industrialisés permet et exige à la fois qu'ils aillent plus loin dans la transformation de leur société.

La décolonisation véritable exige ainsi le socialisme comme la libération des travailleurs exige la décolonisation. [18]

le contexte international

Notre libération s'effectuera dans un contexte international précis dont nous avons peut-être trop tendance à négliger les limites et les possibilités, pour nous en tenir à une optique trop exclusivement québécoise.

Nous devons malheureusement traiter de naïfs ceux qui croient que les U.S.A. de Johnson, ou même de Robert Kennedy éventuellement, pourraient favoriser l'indépendance du Québec et que, par conséquent, notre stratégie devrait nous inciter à nous abstenir de toute contestation de l'impérialisme américain et de la guerre qu'il poursuit au Vietnam [19]. Lorsque les U.S.A. ont encouragé l'indépendance de certains pays d'Afrique, ce fut avant tout pour permettre à leurs capitalistes d'y remplacer les Anglais et les Français. En Amérique Latine, la seule indépendance qui les intéresse, c'est celle des "banana republics" ou des dictatures militaires. L'indépendance dans ces conditions, je ne crois pas qu'il vaille vraiment la peine de l'obtenir. C'est donc dire que, sur le continent américain, tout socialisme décolonisateur a pour premier ennemi les U.S.A. dont les politiciens canadiens ne sont que les fidèles valets. En ce sens, tout ce qui touche à l'arrogance américaine nous concerne directement : notre décolonisation se fait aussi dans les faubourgs de Chicago, dans les rizières du Vietnam et dans les maquis des Andes.

Ottawa nous laissera peut-être aller mais Washington veille et la frontière n'est pas loin. Il vaut mieux l'admettre pour s'éviter des désillusions.

*  *  *

Voilà donc posés quelques jalons d'un socialisme décolonisateur. Comme il s'agit d'une société à inventer, j'ai surtout voulu ramasser les éléments d'un problème autour duquel nous espérons diriger les discussions de nos lecteurs, de nos amis et de nos ennemis au cours de l'année.

3. Et la pratique

Ce socialisme décolonisateur, quelles en sont les possibilités concrètes en 1966 ? Quels groupes sociaux, quelles [53] forces politiques, quelles classes sont le plus susceptibles de le dévoiler ? Sans vouloir donner à personne de conseils non désirés, je crois indispensable d'essayer de dégager certaines possibilités latentes dans la situation politique actuelle et que parti pris pourrait contribuer avec d'autres à réaliser. [20]

Il faut bien admettre au départ que ni le PSQ ni le RIN actuels ne constituent l'instrument adéquat du socialisme décolonisateur.

Les résultats obtenus par le PSQ aux dernières élections ont infirmé son principal pari : dans des circonscriptions habitées par une majorité de travailleurs, les votes du RIN ont en effet amplement dépassé les suffrages obtenus par le PSQ. Par ailleurs, l'idéologie du parti reste assez ambiguë et sur la décolonisation et sur le socialisme, partagé qu'il est entre un groupe venu du communisme orthodoxe et des éléments de type "nouvelle gauche".

Le RIN représente avant tout les collets blancs [21] : il tente de rejoindre a la fois la petite bourgeoisie, qui peut facilement faire l'indépendance sans lui, et les travailleurs, qui ne se reconnaissent encore ni dans son personnel politique ni dans son idéologie où se retrouvent des éléments de démocratie chrétienne, de social-démocratie et de corporatisme. Le RIN exprime ainsi l'ambiguïté des classes moyennes qui oscillent entre la bourgeoisie, foyer de leurs aspirations et la classe ouvrière à laquelle ils appartiennent objectivement.

Un élément essentiel manque donc à ces deux partis : l'appui des travailleurs organisés et de leurs syndicats: CSN, FTQ, UCC, UGEQ.

La CSN s'est refusée jusqu'à maintenant à toute action politique. En net progrès depuis six ans, elle compte dans ses rangs un nombre de plus en plus important de collets blancs [22]. Complètement autonome, elle recrute la très grande majorité de ses membres au Québec et constitue de ce fait un des principaux éléments de notre potentiel politique.

La FTQ, plus près du milieu ouvrier traditionnel par sa base et son leadership, a déjà une certaine tradition électorale. Sauf quelques cas exceptionnels, son action se confine cependant à la politique fédérale où le socialisme du NPD semble la satisfaire : la motion d'un de ses derniers congrès, préconisant la fondation d'un parti populaire au Québec, n'a pas eu de suite. Cette centrale, moins puissante que ses affiliés nationaux et internationaux, hésite encore entre un syndicalisme d'affaires à l'américaine et le militantisme inspiré par les anciens [54] adhérents de la FUIQ (Fédération des unions industrielles du Québec).

Quant aux cultivateurs et aux étudiants, leur accès plus récent au véritable syndicalisme les libère de certaines traditions périmées sans leur permettre encore de définir clairement leur insertion dans lu société globale. Jusqu'à maintenant, l'UCC a surtout cherché à maintenir, au sein de la société capitaliste, le niveau de vie d'une classe agricole en nette diminution alors que l'UGEQ hésite toujours entre ses objectifs à moyen terme (accessibilité à l'éducation, système de prêts) et la transformation globale de la société.

Et pourtant, seules ces organisations de masse pourraient faire naître un socialisme décolonisateur où les revendications des travailleurs avancés s'uniraient à celles des couches sociales abandonnées par l'industrialisation, où les avantages économiques obtenus par les secteurs de pointe du mouvement syndical s'élargiraient aux dimensions de toute la société politique.

Si, comme le prétend Piotte [23], le facteur national colore plus les revendications des collets blancs que celles des ouvriers d'usine moins socialement mobiles, de tous les syndicats, la CSN, dont près de la moitié des membres sont collets blancs, apparaît la plus susceptible à opter d'abord pour le socialisme décolonisateur. Certains indices semblent d'ailleurs présager un engagement politique prochain de cette centrale, évidemment facilité par le départ de Marchand et la défaite des libéraux provinciaux. D'ailleurs la CSN est plus libre de ses mouvements que la FTQ, trop dépendante de ses affiliés internationaux et nationaux. Un mouvement de la CSN pourrait cependant faire tourner la balance du pouvoir à la FTQ, où les éléments socialistes et décolonisateurs sont fort nombreux.

Mais, vu la dure concurrence entre les deux centrales, il serait préférable qu'un autre groupe joue le rôle de catalyseur. je pense ici à l'UGEQ qui, mieux que tout autre groupe politique ou syndical, pourrait prendre l'initiative d'un tel regroupement des gauches, en amenant des rencontres qui ne se feraient pas autrement, à cause des rivalités latentes RIN-PSQ et CSN-FTQ. La centrale étudiante dépasserait ainsi le réformisme dans lequel elle risque de s'enliser, et prouverait la sincérité de ses objectifs de transformation de la société. En est. elle capable ?

Les partis politiques qui représentent actuellement la gauche, le PSQ et le RIN, devraient évidemment s'effacer [55] devant un tel regroupement. L'opération se ferait sans doute facilement du côté du PSQ qui souhaite cette évolution sans pouvoir lui-même la réaliser. Quant au RIN, il lui faudrait alors définitivement choisir entre les travailleurs et la petite bourgeoisie, sous peine de disparaître ou de végéter. Sa composition sociale actuelle nous porte à croire qu'il opterait pour les forces populaires.

La situation politique actuelle semble d'ailleurs offrir une occasion favorable à la naissance d'un tel parti populaire, socialiste et décolonisateur. La victoire de l'Union Nationale dé. gage les travailleurs de toute pseudo-reconnaissance vis-à-vis les principaux artisans de la révolution tranquille, de tout leur attrait pour la position ambiguë de René Lévesque. Il serait temps d'ailleurs d'aller chercher ces éléments valables avant que le parti libéral ne trouve de nouveau les moyens de faire miroiter à nos yeux les avantages de son néo-capitalisme tronqué. En remplissant le vide actuel, que le RIN, malgré ses succès relatifs, ne peut évidemment suffire à combler, les travailleurs agricoles, industriels et intellectuels posséderaient enfin l'instrument politique de leur libération.

Parti pris, pour sa part, espérerait pouvoir contribuer à un tel projet. Mais je suis peut-être en plein rêve. La réponse appartient aux travailleurs québécois.

Gabriel Gagnon.



[1] cf Bauchet, P., La planification française. Seuil 1962.

[2] Il suffit de comparer le programme fédéral du NPD au Manifeste CCF de Régina pour s'en convaincre.

[3] Cf., entre autres Bettelheim, C. Problèmes théoriques et pratiques de la planification (PUF, 1951) et Marcuse, H., Le marxisme soviétique. Collection Idées.

[4] Nous insistons particulièrement sur ce type de socialisme, moins connu ici et, comme nous le montrerons plus bas, particulièrement adapté à la perspective d'un socialisme décolonisateur. Consulter le "Programme de la Ligue des Communistes Yougoslaves" (Temps Modernes, 1958) et l'ouvrage d'Albert Meister "Socialisme et autogestion" publié au Seuil en 1964.

[5] Voir sur ce point les nombreuses publications des éditions François Maspéro.

[6] Senghor, L.S., "Nation et voie africaine du socialisme", Présence Africaine, 1961.

Touré, S., "L'expérience guinéenne et l'unité africaine", Présence Africaine, 1959.

N'Krumah, K., "Le consciencisme", Payot, 1964.

[7] Dumont, R., L'Afrique noire est mal partie, Seuil, 1962.

Meister A., L'Afrique peut-elle partir ?, Seuil, 1966.

[8] Fanon, F., Les Damnés de la terre, Maspéro, 1961, page 129. [Livre disponible dans Les Classiques des sciences sociales. JMT.]

[9] Le Nouvel Observateur a publié en juillet une bonne enquête sur ce sujet.

[10] Voir "L'Algérie, un an après...", enquête de J. Ben Brahem publiée dans Le Monde, Sélection hebdomadaire, No 923 (23-29 juin 1966).

[11] Lefebvre, H. "S'agit-il de penser". Le Monde, Sélection hebdomadaire, 20-26 fév. 1964.

[12] Voir l'article de J.M. Piotte dans ce numéro.

[13] Je songe ici en particulier à des gens comme Pierre Vadeboncoeur.

[14] Les enquêtes du professeur Émile Gosselin à Montréal et celles du BAEQ en Gaspésie on abondamment démontré cet état de choses.

[15] Vadeboncoeur, P., "Projection du syndicalisme américain" dans La Ligne du Risque.

[16] La conférence des libéraux de l'Ouest tenue cet été le laisse assez deviner.

[17] Parti pris compte explorer plus à fond ce problème dans un numéro spécial sur "Néocapitalisme, syndicalisme et autogestion" prévu pour le mois de mars et autour duquel nous comptons organiser un de nos colloques.

[18] Je laisse à Pierre Maheu le soin d'explorer ailleurs dans ce numéro la troisième dimension de notre projet, celle de la laïcité, qui reste intimement liée aux deux autres.

[19] C'est ce que suggèrent entre autres nos amis de "l'Indépendantiste" dans leur numéro de juin 1966. Nous nous proposons de répondre plus en détails aux questions qu'ils nous posent dans le prochain numéro de Parti Pris.

[20] J'ai hésité à élaborer ces hypothèses concrètes mais je crois qu'il est indispensable de les soumettre comme point de départ à la discussion de gauche.

[21] Les occupations de ses candidats aux dernières élections en fournissent un excellent indice.

[22] Selon certaines informations récentes, ils formeraient près de 50% des effectifs de la CSN.

[23] Consulter son article dans ce numéro.



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 29 septembre 2016 19:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur associé, Université du Québec à Chicoutimi.
 



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