Mona-Josée GAGNON, « Les femmes dans le mouvement syndical québécois »

“ Les femmes dans le mouvement syndical québécois. ” (1974)
Introduction

Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Mona-Josée GAGNON, « Les femmes dans le mouvement syndical québécois » in ouvrage sous la direction de Marie Lavigne et Yolande Pinard, Les femmes dans dans la société québécoise. Aspects historiques. (pp. 145-168). Collection “Études d’histoire du Québec”, no 8. Montréal : Les éditions du Boréal Express, 1977, 215 pp. • Texte paru dans Sociologie et sociétés, VI, 1 (mai 1974); 17-36. [Autorisation accordée par l'auteure le 23 juin 2003]
Introduction Il aura fallu la résurgence des mouvements féministes pour que des cher-cheurs s'intéressent à la place des femmes dans les diverses organisations, dont le mouvement syndical. La recherche concernant l'activité féminine dans tous les secteurs semble appelée à s'intensifier au cours des prochaines an-nées, à cause du caractère d'actualité de la discussion sur la condition fémi-nine. Mais le chercheur québécois, et cela est encore plus vrai dans le do-maine du syndicalisme, a bien peu à se mettre sous la dent. Le mouvement syndical québécois, comme entité, s'est trouvé peu d'historiens. Conjugué au féminin, ce sujet n'a inspiré qu'un nombre infime de thèses et d'enquêtes par-cellaires et autant de publications syndicales qui ont eu plus ou moins de re-tentissement. On n'a pas beaucoup non plus écrit sur la femme québécoise au travail: quelques statistiques (fédérales pour la plupart), des bribes d'arti-cles ou d'ouvrages traitant du sujet de façon tangentielle... Si d'autre part des ouvrages sérieux ont été faits en d'autres pays sur le travail féminin, les études sur la femme dans le mouvement syndical ne commencent qu'à apparaître de façon générale. Ce vacuum bibliographique dont nous faisons état conditionne forcément la rédaction d'un article consacré à la femme dans le mouvement syndical québécois. Puisqu'il faut bien commencer quelque part, au risque de ne rien dire du tout, cet article tente surtout de lancer des hypothèses, à la lumière des informations que nous détenons sur les organisations syndicales et à l'inté-rieur d'un cadre d'analyse féministe. Puisse-t-il susciter d'autres recherches. Car les femmes ne peuvent se permettre encore très longtemps d'être ab-sentes, tant physiquement qu'au niveau idéologique comme catalyseurs de discussion sur la condition féminine, dans le mouvement syndical québécois et dans les organismes militants qui gravitent autour de ce dernier. L'affirma-tion de la présence féminine dans le syndicalisme semble d'ailleurs heureu-sement être la tendance qui s'est dessinée au fil des derniers mois. Mais ceci seul ne saurait conférer à la collectivité syndicale féminine un «poids» politi-que qu'elle n'a pas encore su gagner.