|
RECHERCHE SUR LE SITE
Références bibliographiques avec le catalogue En plein texte avec Google Recherche avancée
Tous les ouvrages
numérisés de cette bibliothèque sont disponibles en trois formats de fichiers : Word (.doc), PDF et RTF |
Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir du livre de Thierry Gaudin, 2100, Odyssée de l’Espèce. Prospective et programmes du 21e siècle. Paris: Éditions Payot et Rivages, 1993, 293 pp. Collection: Documents Payot. Repris par l’auteur en 2003. [Autorisation accordée par l'auteur le 20 septembre 2004 de diffuser ce livre.] Avertissement de l'auteur Si vous ne croyez pas au futur, essayez donc le passé ! Le passéisme nationaliste s'exacerbe dans les Balkans. Le passéisme théologique enflamme les intégrismes dans toutes les religions (islamique, chrétienne, juive, hindouiste...). La politique et les affaires s'engluent dans des contentieux. Faute d'être en mesure de regarder l'avenir, les années 90 foncent tête baissée vers leur passé. C'est un mouvement compréhensible. Les psychanalystes l'appellent une régression. Face au "choc du futur" [1], on va chercher des solutions toutes faites. On rejoue les drames d'autrefois, on boit la coupe jusqu'à la lie. Alors seulement, une fois ce mouvement accompli, on peut accepter que reviennent les temps créateurs et tourner à nouveau son regard vers l'avenir. J'invite à le faire le plus tôt possible. Je suis un ingénieur, venu aux sciences humaines et à la philosophie à la fois par goût et par métier. L'essentiel de ma vie active a été consacré aux innovateurs. Pour eux, j'ai essayé de comprendre pourquoi et comment le monde évolue. Après avoir travaillé dix ans à aider les innovations, j'ai, pendant les dix années suivantes, dirigé un centre de veille technologique [2] d'évaluation et de prospective. En 1987, je me suis senti en mesure d'organiser un grand chantier de prospective mondiale du 21ème siècle. Ce travail, publié en 1990 [3], s'appuie d'un côté sur une recherche et une connaissance personnelle des mécanismes de l'innovation et des interactions technique société, de l'autre sur les résultats de la Science. Pour lui, j'ai pris le risque d'interroger la Science et la Technique du futur, celles qui sont en train de se faire et n'ont pas encore pignon sur rue. Mon réseau d'information me le permettait. Libre de ma parole, ne représentant aucune organisation officielle, je vais résumer ici le résultat de notre décennie de travail et donner aussi mon sentiment personnel. J'ai perçu peu à peu un monde nouveau, comme émergeant de la brume, à la fois plus technique et plus humain. Ce que j'ai appris doit être restitué au public. Je le dirai comme je le pense, sans me cacher derrière des mots obscurs, ni feindre des doutes superflus. Il faut rester clair. Toutefois, dans un ouvrage condensé comme celui-ci, je ne pourrai pas détailler tous les arguments ni présenter tous les débats qui ont mené au scénario du vingt et unième siècle. Je répondrai seulement aux questions qui me sont le plus souvent posées, quand je le présente en conférence. Je n'aurai pas non plus la place de décliner les conséquences de cette vision sur telle ou telle profession, bien que j'aime à le faire en présence des hommes de métier. Ce texte n'est qu'une des interprétations possibles du futur : la mienne. Ce n'est pas une improvisation : elle résulte de plusieurs années de travail avec plusieurs centaines de personnes. Néanmoins, ne la considérez pas comme une prophétie. J'ai seulement gardé de mes origines l'instinct de distinguer ce qui marche de ce qui ne marche pas [4]. Mais jamais je n'ai autant douté. Jamais je ne me suis senti aussi utile. Car ma vision a maintenant mûri, et je peux en déduire des propositions. Je les présenterai dans la dernière partie. Ce livre s'adresse à ceux qui vont changer le monde. Ils sont partout, encore inconnus. Je veux leur donner un message d'espoir, les aider à préciser le tableau de l'avenir et fournir des armes pour leur combat. [1] Expression dûe à Alvin Toffler (Le choc du Futur, éd Fayard), par laquelle il signale que nous entrons dans un monde de surinformation où l'excès de choix produit un choc d'incertitude. [2] On appelle ainsi la surveillance des progrès techniques à travers le monde (en fait, surtout aux Etats Unis, au Japon et en Europe). Ce service s'appelait le CPE, et éditait un bulletin mensuel de veille destiné aux industriels., [3] Avec la collaboration de Jean-François Degrémont, Catherine Distler, Gilbert Payan, François Pharabod, Jean-Pierre Brunerie, Diane Pinelli et la contribution de centaines de chercheurs sous le titre "2100, récit du 21ème siècle", Payot, 600 pages. Voir aussi les contributions scientifiques à 2100, éditées par le GRET, 213 rue la Fayette, 75010, Paris. [4] Le discours de Parménide, aux débuts de la philosophie grecque, en réaction aux effets oratoires des sophistes, disait : "il faut savoir distinguer ce qui est de ce qui n'est pas". Avant que de penser l'Etre, je préfère penser les fonctionnements. Les mathématiques contemporaines m'y invitent.
|