AVANT-PROPOS
Serge Genest
Charny, le 2 janvier 1985
L'anthropologie se définit globalement comme l'analyse comparative de l'ensemble des rapports sociaux et de leurs représentations dans les différentes sociétés de la Terre. Pour atteindre cet objectif, les anthropologues ont développé une approche qu'ils partagent avec d'autres spécialistes des sciences humaines, mais ils ont probablement plus que quiconque privilégié la communication directe avec les membres des groupes ou des sociétés constitués en objets de recherche. C'est ce qu'il est convenu d'appeler le terrain.
Étant donné l'importance accordée au terrain, on a évidemment beaucoup écrit sur le sujet, mais peu de travaux font état de la pratique quotidienne de l'anthropologue. Afin de combler cette lacune, nous avons demandé à des praticien-ne-s de cette discipline de livrer, de façon simple et honnête, une partie de leur expérience de terrain. Les textes de cet ouvrage sont précisément orientés vers cet objectif.
Cependant, plusieurs années se sont écoulées depuis l'idée de départ du projet et il aura fallu créer une dynamique auprès de quelques collègues pour qu'ils acceptent enfin de raconter l'une ou l'autre de leurs expériences de recherche. Cette démarche remonte à plus de trois ans maintenant, de la proposition même du thème général aux étapes à franchir.
Par ailleurs, non seulement les projets comme celui-ci doivent-ils prendre le temps nécessaire pour se développer, mais encore faut-il tenir compte des délais entre la rédaction des textes et leur publication. Il a été impossible d'éviter cet écueil puisque ce document est majoritairement composé d'articles qui datent de 1982.
Le recrutement des auteur-e-s s'est effectué en regard de l'accueil reçu lors de la présentation du projet. Bien sûr, il était plus aisé de solliciter la collaboration de mes camarades de travail. Toutefois, plusieurs autres anthropologues ont été contacté-e-s au début du processus et le produit final, tel qu'il se présente aujourd'hui, relève davantage de la conjoncture que de la sélection arbitraire. Cependant, il demeure un point sur lequel il n'y eut aucun compromis, soit la profondeur de la pratique de terrain chez les collaboratrices et les collaborateurs recherchés.
Aborder le métier d'anthropologue par le truchement d'événements et de comportements qui font partie intégrante de la vie professionnelle de chaque personne explique peut-être que ces textes n'aient aucunement perdu de leur pertinence, malgré les années qui nous séparent de l'étape de leur rédaction. Conçu initialement comme un manuel relatant des expériences de terrain en anthropologie, cet ouvrage semble avoir atteint l'objectif de départ. Non seulement est-il destiné aux futur-e-s anthropologues, mais également aux personnes désireuses d'en savoir davantage sur ce métier. De plus, nos collègues anthropologues y trouveront des éléments de réflexion complémentaires à ceux de leur propre expérience.
D'autre part, je ne saurais terminer cet avant-propos sans remercier une personne qui, elle aussi, pratique un métier et l'exerce consciencieusement. C'est à Madame Christine Bédard que revient le mérite de la dactylographie des différentes versions du manuscrit. Sa collaboration a été des plus appréciées.
Serge Genest
Charny, le 2 janvier 1985
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