“De l’interprétation de l’insécurisation alimentaire au processus de fabrication de la sécurisation alimentaire dans les lakou de la quatrième section communale de Saint-Marc, département de l’Artibonite, Haïti.”
Article produit à la suite d’une recherche menée dans une section communale de la ville et Saint-Marc qui relève du département de l’Artibonite (Haïti), mai 2022.
- Introduction
-
- Points herméneutiques sur les conflits d’interprétation entre ménage et lakou
- - Métamorphose du lakou et manifestations de sa contemporanéité
- - Dynamique contemporaine du lakou et ses nuances avec le concept de ménage
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- Expressions de l’insécurité alimentaire et le processus de sécurisation alimentaire par les partages, les commensalités, les hospitalités et les échanges au niveau de l’alimentation
- Indisponibilité alimentaire dans l’alimentation quotidienne
- Manifestation de l’insécurisation de l’alimentation par l’inaccessibilité alimentaire et la Sécurisation de l’alimentation par l’échange alimentaire
- Interprétation de l’insécurisation de l’alimentation par l’insuffisance de la production locale et la sécurisation endogène de l’alimentation par le partage des produits cultivés
- La non-utilisation des haricots comme facteur d’insécurité alimentaire et la sécurisation endogène de l’haricot dans les lakou
- Sécuriser l’alimentation par la sécurisation exogène de la production agricole : ébranler le joug des conditions pathétiques de production agricole (riz) par sa dissection
- Éradiquer les malaises dans la production agricole (haricot) par sa décomposition structurale
- Sécuriser l’alimentation tout en contournant la défaite du maïs dans la concurrence gustative
- Conclusion
- Bibliographie indicative
INTRODUCTION
Le sujet implique cette trajectoire épistémologique qui part de l’interprétation de l’insécurisation alimentaire pour aboutir au processus de fabrication de la sécurisation alimentaire dans les lakou [1]. La problématique de l’insécurisation et de la sécurisation alimentaire est une question à la fois sociale, politique, sanitaire et surtout économique.
La sécurité alimentaire ne suffit pas pour traduire le mécanisme dynamique et complexe visant à sécuriser l’alimentation, c’est pour cela l’usage du processus de sécurisation alimentaire est nécessaire. En d’autres termes la sécurisation alimentaire est l’expression de la construction de la sécurité alimentaire.
L’insécurisation alimentaire résulte du processus de dé-structuration de la production locale et de la consommation alimentaire en milieu rural, par conséquent cette notion est relativement démarquée du statisme de l’insécurité alimentaire. L’insécurisation alimentaire est une forme d’interprétation de l’insécurité alimentaire qui est en construction continue.
Le système économique de production agricole (ou agraire) en Haïti fait face à un dilemme : la production baisse, alors que le nombre de personnes à nourrir augmente de plus en plus (PROMODEV/CTA 2013 : 8). La production agricole est insuffisante pour subvenir aux besoins croissants de la population : avec, comme résultat, une tendance constante à la hausse des importations de produits alimentaires dont la contribution est passée de 44% à 46% de la disponibilité alimentaire de 2010 à 2011 (PROMODEV/CTA 2013 : 21). Le taux de croissance de l’agriculture est inférieur à 1% et le secteur agricole contribue à hauteur de 25 % dans le PIB national, alors qu’il perd sa potentialité avec l’ouverture du marché en 1987 (PROMODEV/CTA 2013 : 8).
Le rapport de la PROMODEV/CTA (2013 : 9-10) fait la démonstration de l’insuffisance de la production locale qui n’arrive pas à subvenir aux besoins de la population haïtienne. Cette situation est l’expression même de l’insécurité alimentaire par rapport à sa définition qui met l’emphase sur l’accès à l’alimentation de qualité. [2]
La production du riz est faible, la culture du maïs l’est aussi dans la vallée de l’Artibonite. Le rendement de la culture du haricot n’est pas différent. Le monde rural n’arrive plus à nourrir la population urbaine et rurale. Entre temps, l'agriculture haïtienne est réduite à un niveau de subsistance (CNSA/Université Laval, 2013 :12).
Ce serait convenable de retracer l’histoire de l’insécurité alimentaire en Haïti ou plus précisément dans la région de l’Artibonite. S’il faut attribuer une définition opérationnelle au concept de « Sécurité alimentaire [3] », l’inverse de l’insécurité alimentaire, serait parmi tant d’autres : avoir accès aux produits alimentaires disponibles et qui ont des valeurs nutritives réelles, naturelles, biologiques, ce qui se trouve dans les produits agricoles locaux.
Jadis, en Haïti la population consommait quasi-totalement les racines et tubercules, les légumes, les fruits, les céréales, bref, les principales productions agricoles nationales. Ce, jusque dans les années 50. Cette attitude était bénéfique à plusieurs points de vue. Économiquement, il suffisait de peu pour se procurer ces denrées ; d’autre part, sur le plan nutritionnel, elles sont riches en vitamines, tout ce dont le corps a besoin pour être en bonne santé. Malheureusement, il est un fait de constater des changements dans les habitudes alimentaires des Haïtiens et Haïtiennes, et ceci depuis des dizaines d’années (PROMODEV/CTA 2013 : 19).
La réalisation du travail de recherche est orientée par des objectifs qui me permettront de mener à bien mon entreprise scientifique. L’objectif principal de la recherche est une tentative d’interprétation de l’insécurisation alimentaire et d’étudier le processus de fabrication de la sécurisation alimentaire dans les lakou de la quatrième section communale de Saint-Marc.
De façon plus spécifique, il s’agit de déterminer les interprétations plurielles de l’insécurisation alimentaire dans les lakou.
Je compte particulièrement étudier et faire ressortir comment s’opère le processus de fabrication de la sécurisation alimentaire dans les lakou de la quatrième section communale de Saint-Marc.
Dans cet ordre d’idée, d’une part il serait opportun de savoir comment sécuriser l’alimentation en dehors de l’intervention de l’État ? En d’autres termes je m’interroge sur les possibilités de sécurisation endogène qui seraient facile par le biais des ethno-méthodes et des représentations. D’autre part il est important de savoir comment sécuriser l’alimentation par le biais des politiques publiques (avec l’État) ? C’est pour cela que je mentionnerai la notion de sécurisation endogène qui implique les acteurs locaux des lakou et la notion de sécurisation exogène qui nécessite un certain agissement de l’État central ou des autorités publiques et politiques.
Points herméneutiques sur les conflits d’interprétation
entre ménage et lakou
- Métamorphose du lakou
et manifestations de sa contemporanéité
J’ai opté pour une rupture épistémologique avec la tradition de l’anthropologie qui aborde les lakou sous l’angle de la tradionnalité et de ce fait j’ai mis l’accent sur la contemporanéité des lakou qui se trouvent dans les localités. Cette tradition anthropologique est représentée par Rémy Bastien, Paul Moral et Gérard Barthélémy. Contrairement à ce dernier j’ai montré que les lakou de la quatrième section communale sont caractérisés par l’inégalité.
Traitant de la contemporanéité du lakou, cela m’amène à décrire l’éclatement de cet espace comme une métamorphose au sens de Franz Kafka où celle-ci révèle une vérité méconnue, les conventions disparaissent et les masques tombent. Les lakou en tant qu’héritage familiale et spirituelle se métamorphosent par son découpage territorial.
- Dynamique contemporaine du lakou
et ses nuances avec le concept de ménage
À la lumière du terrain, il y a une clarification conceptuelle que j’ai pu faire entre les acceptions de Lakou et de ménage qui doivent être envisagées d’une manière très nuancée. Je précise que le lakou renvoie à une communauté de famille, il y a des situations où il peut être renvoyé au terme de ménage dans la mesure où l’on prépare un seul repas pour toute la famille qui habite ce lakou. C’est ainsi que le ventre de ces personnes partageant des liens de parenté, dépendent d’un seul repas.
Il y a une catégorie de lakou qui regroupe plusieurs maisons qui sont des ménages eux-mêmes car chacune de ces maisons préparent leurs propres repas, possède sa propre cuisine quoique les personnes qui y vivent constituent une communauté de famille et ont par conséquent des liens de parenté. Dans cette catégorie de lakou, il y a autant de maison que de repas. Le lakou est un endroit qui regroupe une famille qui est répartit dans plusieurs petites maisons qui composent l’espace en question.
Cette nouvelle configuration du lakou qui peut aussi renvoyer au concept de ménage n’est pas pris en compte par l’administration haïtienne du point de vue statistique, surtout dans la définition que propose l’Institut Haïtien de Statistique et d'Informatique (IHSI). Concernant la définition que l’IHSI [4] donne au concept de ménage, je mentionnerai une nuance dont je pense tenir compte.
Dans le cas où le lakou est un ménage, et qu’il est constitué de plusieurs chaumières, alors les personnes qui font partie de ce lakou/ménage ne vivent pas dans un même local à usage d’habitation mais pourtant elles prennent généralement leurs repas en commun, d’où une certaine nuance. Cette définition officielle du ménage ne tient pas compte du lakou, dans le cas où il y a des personnes qui, ne vivant pas nécessairement sous le même toit mais pourtant prennent leurs repas en commun. Un lakou peut être considéré comme un ménage. C’est une structure à plusieurs maisonnettes qui forment un lieu l’habitation pour un groupe de personnes liées historiquement par la parenté (tous venant du même et premier fondateur).
Je comprends pourquoi l’État haïtien, plus particulièrement l’administration haïtienne n’a pas tenu compte du lakou en définissant le concept de ménage. Le lakou [5] a toujours existé en dehors de l’État et sans celui-ci. Si les experts de l’IHSI se complaisent dans la définition du ménage mais celle-ci ne n’applique pas à la réalité des lakou.
Gérard Barthelemy prétend que le lakou est un système égalitaire qui existe en dehors de l’État (outside the state) et sur ce je cite volontiers : « Existing entirely outside the state, the lakou became what Gérard Barthélemy called “an egalitarian system without a state [6] »
Dans les lakou, il y a bel et bien des inégalités. L’instruction est en quelque sorte un capital culturel et à l’intérieur des lakou il y a une répartition inégale de l’instruction entre les membres. Cette situation d’inégalité existe aussi dans la possession du domaine foncier, des têtes de bétail, des plantations, de réseau relationnel (capital social). Il existe aussi un rapport d’autorité, d’inégalité voire de soumission entre le chef religieux du lakou et les autres sujets.
Expressions de l’insécurité alimentaire
et le processus de sécurisation alimentaire par les partages,
les commensalités, lles hospitalités et les échanges
au niveau de l’alimentation
Je ferai ressortir les formes de manifestation de l’insécurité alimentaire dans les lakou et je montrerai comment les partages alimentaires, les échanges alimentaires impliquent le processus de fabrication de la sécurisation alimentaire qui sont des palliatifs ou des stratégies de la population locale face à l’indisponibilité et de l’inaccessibilité alimentaire.
Indisponibilité alimentaire dans l’alimentation quotidienne
L’insécurité alimentaire est un produit historico-anthropologique et l’indisponibilité alimentaire est une fabrication humaine, historique et géopolitique. La continuité spatio-temporelle ininterrompue de l’insécurité alimentaire facilite l’usage de la notion d’insécurisation alimentaire.
Si la disponibilité alimentaire est une composante de la sécurité alimentaire par conséquent l’indisponibilité alimentaire serait un des éléments constitutifs de l’insécurité alimentaire. Cette déduction est logique. J’ai fait le choix d’approcher les données empiriques par la notion d’indisponibilité alimentaire car dans la majeure partie des cas empirique, la proportion de produits agricoles produits est consommée dans un ou deux mois et les lakou dont la situation socio-économique est meilleures peuvent arriver jusqu’à 6 mois. En résumé, l’agriculture familiale est incapable de nourrir la famille pendant une année et c’est ici toute l’expression de l’indisponibilité alimentaire par rapport aux produits agricoles issus de l’agriculture familiale.
L’indisponibilité alimentaire est évidente dans la mesure où il y a douze mois dans une année. Les cultivateurs font une seule récolte de riz par année et la portion qui est destinée à la consommation domestique ne sera consommée que dans un seul mois de l’année. L’agriculture familiale n’est même pas une agriculture de subsistance qui pourrait servir uniquement à répondre aux besoins alimentaires des cultivateurs consommateurs.
Il existe toute une échelle d’indisponibilité alimentaire, dans ce cas il y a des lakou où ils peuvent produire une quantité de façon à ce que des produits agricoles soient disponibles pendant un intervalle de trois à six mois. En dépit de cela, il y a lieu quand même de parler d’indisponibilité alimentaire dans la mesure où il n’y a pas que trois à six mois dans l’année. Ces lakou sont dans l’obligation de chercher d’autres sources de revenu pour corriger cette situation d’indisponibilité des produits agricoles produit dans l’agriculture familiale. Même dans ce cas, je ne saurais qualifier ce dernier d’agriculture de subsistante parce qu’elle est encore insuffisante dans la mesure qu’elle n’est pas suffisante pour les 12 mois de l’année.
Manifestation de l’insécurisation de l’alimentation
par l’inaccessibilité alimentaire et la Sécurisation de l’alimentation
par l’échange alimentaire
Si l’accessibilité alimentaire est une condition de la sécurité alimentaire par conséquent l’inaccessibilité alimentaire est un des éléments constitutifs de l’insécurité alimentaire, ce qui est une déduction probable et logique. Les produits agricoles issus de l’agriculture familiale ne sont accessibles que pendant un mois au minimum et cinq à six mois au maximum, alors il y a lieu de s’interroger sur les stratégies d’acteurs et les ethno-méthodes développés par les acteurs locaux pour résoudre ce problème empirique d’inaccessibilité alimentaire pendant soit onze mois restants ou les six à sept mois restants.
Il y a une dynamique alimentaire où le repas une fois préparé, il n’a pas de propriétaire ou de maître et l’on doit donner à manger à tous ceux et à toutes celles qui sont présents dans l’espace où l’on est en train de séparer la nourriture. La nourriture, toujours selon le même répondant, une fois préparée elle appartient à tous le monde et l’on ne saurait laisser quelqu’un mourir de faim alors qu’il y avait de quoi à manger. Le repas dans les lakou est devenu un bien commun à tous les membres de cet espace social. Cette situation est un palliatif pour la situation de l’inaccessibilité alimentaire dans les localités. C’est en quelque sorte une stratégie pour sécuriser l’alimentation dans les lakou. C’est le processus de fabrication de la sécurisation alimentaire. C’est en quelque sorte une stratégie d’acteur qui apporte dans un sens un certain correctif à cette condition d’inaccessibilité alimentaire.
Les liens de parenté qui existent entre les membres des lakou favorisent dans un certain sens, le renforcement de ce partage alimentaire ou des repas entre les acteurs locaux de la quatrième section communale. Dans le lakou, les membres partagent aussi des liens de parenté et d’alliance, en ce sens ils sont des cousins et cousines, des frères et sœurs. Le fait que leurs voisins font aussi partie de leurs familles et qu’ils prennent toujours l’habitude de manger ensemble.
Interprétation de l’insécurisation de l’alimentation par l’insuffisance de la production locale et la sécurisation endogène
de l’alimentation par le partage des produits cultivés
Si une production locale suffisante est une condition sine qua non de la sécurité alimentaire par conséquent l’insuffisance de la production locale serait un des aspects constituants de l’insécurité alimentaire. De ce fait, il y a un problème empirique qui se pose car l’agriculture familiale dans son état actuel est insuffisante pour les lakou par rapport aux douze mois de l’année. Comment sécuriser l’alimentation dans les lakou ? Où comment les lakou font pour compléter et /ou corriger cette insuffisance dans la production agricole familiale ? Quelles sont les stratégies des acteurs locaux et quelles sont les ethno-méthodes des protagonistes locaux pour arriver à continuer d’exister socialement dans le cadre spatio-temporel des localités ? Existe-il une sécurisation endogène voire exogène ?
Pendant la saison des récoltes, la personne qui est en train de faire la moisson, fera en sorte de réserver une portion de sa production de riz, de maïs ou de haricot pour donner à des familles, des voisins ou amis qui n’ont pas encore fait leurs récolte ou qui n’ont pas de provision alimentaire dans leurs « galta [7] ». Chaque maisonnette dans le lakou, lors de son récolte, il réserve une portion de produit agricole pour offrir en don à d’autre membre du lakou qui vivent dans d’autres maisonnettes.
Cette pratique sociale est réciproque entre les membres du lakou qui vivent dans des maisonnettes différentes. C’est de la sécurisation endogène. Cette pratique constitue en quelque sorte un correctif à l’insuffisance de la production de l’agriculture familiale. Par le biais de ces dons de produits agricoles les membres d’une maisonnette d’un lakou peuvent continuer à survivre même s’il n’a plus de réserve alimentaire dans son dépôt.
Dans les lakou il y a un ethos de la moisson, c’est le fait que presque tous les membres des différentes maisonnettes partagent entre eux. Cette norme sociale oblige les cultivateurs et les conjointes des cultivateurs à partager leurs récoltes de riz, de maïs et de haricot avec les autres membres des maisonnettes du lakou qui sont à la fois leurs familles et leurs voisins. Cette règle à la fois sociale et morale est partagée de façon relativement orthodoxe par les membres des localités. Cette règle [8] sociale est en quelque sorte un élément de la culture des localités rurales et par conséquent elle répond au besoin de combler cette insuffisance de la production de l’agriculture familiale. Elle concorde aussi avec cette démarche de sécurisation endogène de l’alimentation dans les lakou.
La non-utilisation des haricots comme facteur d’insécurité alimentaire
et la sécurisation endogène de l’haricot dans les lakou
La non-utilisation des haricots dans les repas est un symbole permettant de reconnaitre la situation d’insécurité alimentaire dans les lakou. En raison du fait de l’insuffisance de la production de haricot il y a une forme de sécurisation endogène de l’alimentation ou de l’haricot en particulier.
La production de haricot dans l’agriculture familiale est vraiment très mince. Lorsque dans le lakou les femmes décident de préparer le repas sans du haricot, cela peut s’expliquer par une certaine pénurie d’argent ou de haricot dans le dépôt de la maisonnette du lakou. Cela arrive que dans la maison il n’y pas de haricot et d’argent pour y acheter et alors qu’il y a du maïs moulu ou du riz, de l’huile par conséquent il n’y a pas d’autre choix que de préparer un repas sans haricot ou sans sauce d’haricot. L’absence de haricot traduit l’indisponibilité de haricot cultivé dans les plantations car il n’arrive pas à répondre aux besoins alimentaires des lakou pendant plusieurs mois voire pendant toute l’année. L’indisponibilité de haricot local est liée avec l’insuffisance de la production de ce produit agricole.
L’absence de haricot dans les repas peut traduire une forme de sécurisation endogène de l’usage de l’haricot en raison du fait que celui-ci serait insuffisant si on l’utilise chaque jour tout au cours de l’année. Dans le cas où le repas est préparé sans haricot cela peut être à la fois l’expression de l’insécurité alimentaire et aussi une stratégie d’acteur pour arriver à prolonger la durée d’utilisation des haricots qui se trouvent dans la réserve (galta) du lakou des localités. Pour ne pas abuser de la petite quantité de haricot qu’il y a dans le dépôt, il y a des jours ou les membres du lakou s’abstient de consommer du haricot. Ce fait est en quelque sorte une stratégie d’acteur ou une ethno méthode. Je dois nuancer mon interprétation car ce n’est pas toutes les fois qu’il n’y a pas de haricot dans les repas que cela signifie [9] forcément que le lakou est dans un contexte d’insécurité alimentaire.
Sécuriser l’alimentation par la sécurisation exogène de la production agricole : ébranler le joug des conditions pathétiques
de production agricole (riz) par sa dissection
L’agriculture familiale est étroitement liée avec les superficies de terre cultivées par les agriculteurs consommateurs, les mains d’œuvres disponibles, le capital financier des membres du lakou, des modes de tenure de l’espace cultivé et enfin de la qualité de la terre mise en exploitation agricole.
La notion de condition pathétique de production est liée avec l’outillage agricole qui ne facilite pas la suffisance de la production locale, la disponibilité alimentaire et l’accessibilité alimentaire. Le cultivateur consommateur des localités de la quatrième section communale est livré à lui-même et par conséquent il se donne, il s’invente lui-même quelques outils agricole afin de répondre au besoin de cultiver pour pouvoir survivre dans un milieu difficile et précaire.
Dans les plantations, les cultivateurs utilisent la houe « Wou a », la machette « manchèt », la fourche « fouch », la faucille « kouto digo » ou « sèlpèt » et le bâton à fouir « baton ». La houe est l'instrument aratoire. La houe est utilisée pour la préparation des sols, le labourage et les sarclages en profondeur. L'usage de la fourche est moins répandu : les cultivateurs s'en servent pour préparer les sols et pour certains types de labourage en terrain particulièrement dur (Larose 1950 : 50).
La machette est l'outil universel ; les cultivateurs s'en servent pour creuser les trous au moment des plantations « fouyé tou [10] », pour dégager les plants de bananiers, pour tronçonner les plants de manioc, pour couper la canne. Avec la houe est aussi important, c'est l'instrument le plus répandu. La faucille sert d'abord au sarclage (Larose 1976 : 50). Le bâton servira pour certaines plantations : pois, maïs. Cet outillage rudimentaire est le plus souvent acheté à Port-au-Prince. Des petits forgerons (bòs fòy [11]) en assurent l'entretien (Larose 1976: 50).
Ces conditions pathétiques sont en quelque sorte des facteurs explicatifs du fait que l’agriculture familiale n’est même pas une agriculture de subsistance dans la mesure où elle n’est pas suffisante pour la consommation domestique (autoconsommation) des lakou. Ces conditions pathétiques servent aussi d’encrage explicatif de la situation d’insuffisance alimentaire, d’inaccessibilité alimentaire, d’indisponibilité alimentaire dans les lakou. Pour sécuriser ou transformer l’agriculture haïtienne il faut ébranler ces conditions pathétiques de production. L’Intervention technico-académico-financière exogène de l’État ou du secteur privé des affaires est incontournable pour métamorphoser les moyens de production pathétiques ou les conditions ridicules de production agricole.
Éradiquer les malaises dans la production agricole (haricot)
par sa décomposition structurale
Les malaises dans la production agricole se réfèrent globalement à l’ensemble des contraintes qui empêchent les cultivateurs consommateurs de produire suffisamment. Les malaises sont aussi les obstacles à l’augmentation de la production de haricots dans les localités.
Les malaises renvoient aussi à la faiblesse des moyens de production utilisés par les cultivateurs consommateur des localités. L’outillage agricole est encore rudimentaire et ne favorise pas l’augmentation et l’efficacité de la production agricole.
Les malaises dans la production de haricot provoquent le fait que celles-ci est insuffisante même pour la consommation domestique des lakou voire pour la société haïtienne d’une manière générale. Il y a une insatisfaction dans la consommation de haricot car les cultivateurs consommateurs des localités ne produisent pas suffisamment ce produit agricole. Il faut éradiquer ou corriger ces malaises dans la production agricole afin d’assurer la sécurisation alimentaire. Les agissements des sociétés civiles locales ou extra-locales et des cultivateurs ne suffisent pas pour bousculer les malaises dans la production agricole, c’est pour cela qu’il faut une intervention globale et complexe qui englobe l’investissement financier et l’expertise technico-scientifique.
Sécuriser l’alimentation tout en contournant
la défaite du maïs dans la concurrence gustative
La défaite du maïs dans la concurrence gustative, le faible moyen de production dans la production de la proportion de maïs produite, la pénurie financière des cultivateurs consommateurs sont autant de plaies qui rongent la production du maïs dans les localités. La situation de la culture du maïs est encore plus grave dans la mesure où elle est victime à elle seule de la défaite dans la concurrence gustative.
La sécurisation alimentaire du maïs entretien d’étroite relation avec les perspectives de pérennisation de la production du maïs et aussi avec l’application formelle de la consommation plurielle de ce produit agricole. Les divers moyens de commercialisation sont aussi des stratégies se sécurisation alimentaire et de la production du maïs en particulier. L’industrialisation intensive de l’alimentation est une stratégie sûre qui facilitera la consommation plurielle tout en transformant ce produit agricole en plusieurs plats avec des goûts différents pour des personnes différentes.
CONCLUSION
Dans le cadre de cette recherche une place prestigieuse est accordée à la confrontation entre la notion de lakou, le concept de ménage et les réalités du terrain, de l’empirisme qui ont montré que la catégorie emic était beaucoup plus adaptée pour comprendre l’insécurisation et la fabrication de la sécurisation alimentaire
Un lakou est à la fois un ménage et peut aussi comporter plusieurs ménages tout dépend de son mode organisationnel. Le lakou est présenté dans sa contemporanéité et par conséquent les multiples changements structurels, fonctionnels, existentiels, ontologiques ont été pris en compte d’où l’introduction d’une nouvelle notion dans l’épistémologie des études rurales, c’est la « métamorphose du lakou ».
Dans le contexte des lakou j’ai abordé la notion d’interprétation de l’insécurisation alimentaire tout en mettant l’accent sur la continuité spatio-temporelle ininterrompue de l’insécurité alimentaire. Cette dernière se caractérise par l’indisponibilité, l’inaccessibilité alimentaire et l’insuffisance de la production agricole. L’insécurisation alimentaire est une nouvelle interprétation en ce qu’elle met l’emphase sur le dynamisme, la mobilité et le mouvement qui est au cœur de l’insécurité alimentaire.
La prise en compte de la sécurisation alimentaire traduit l’action visant à sécuriser l’alimentation dans les lakou. La sécurisation alimentaire regroupe l’ensemble des stratégies, des ethno méthodes qu’elles soient endogènes ou exogènes ayant pour finalité de sécuriser l’alimentation. La sécurisation est endogène c’est lorsque les populations locales mettent en œuvre des stratégies, des logiques et des ethno méthodes afin de sécuriser l’alimentation dans leurs propres lakou. Cette forme de sécurisation alimentaire endogène est très présente dans les lakou qu’il s’agisse des partages des produits agricoles cultivés, des échanges alimentaires, des hospitalités alimentaires ou des commensalités.
Il existe particulièrement une sécurisation endogène de l’haricot dans les galta des cuisines des lakou. L’absence de haricot dans les repas peut traduire une forme de sécurisation alimentaire endogène de l’usage de l’haricot en raison du fait que celui-ci serait insuffisant si on l’utilise chaque jour tout au cours de l’année. La sécurisation alimentaire endogène est cette manière de compléter ou de corriger l’insécurité alimentaire et l’insuffisance dans la production agricole familiale.
J’ai entrepris l’analyse de la sécurisation de l’alimentation par la sécurisation exogène de la production agricole familiale. La sécurisation endogène de la production agricole est difficile dans la mesure où les cultivateurs consommateurs ne disposent pas de capital financier d’investissement et d’expertise technico-scientifique et académique qui pourraient rendre possible cette transformation de l’agriculture familiale ou cette métamorphose des conditions pathético-ridicule des conditions de production agricole.
C’est en raison de ce fait qu’il faut l’intervention anthropo-technico-scientifique et l’investissement financier exogène de l’État ou du secteur privé des affaires afin d’ébranler le joug des conditions inefficace de production agricole. Cette démarche permettra également d’éradiquer les malaise dans la production agricole en général et de la production des haricots en particulier.
L’industrialisation alimentaire intensive favorisera la diversification gustative des plats à base de maïs. D’autres formes de dégustation du maïs est une voie pour défaire la défaite du maïs dans la concurrence gustative. Avec l’industrie alimentaire, il est possible d’adapter le goût du maïs avec un univers pluriel de consommateur.
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[1] Dans le contexte de la quatrième section communale la notion de Lakou renvoie à une communauté de famille qui partage des liens de parenté ou d’alliance et qui vivent dans petites maisons insérées dans un espace généralement circulaire. Le lakou porte généralement le nom de son premier ascendant-propriétaire, celui qui l’a construit. Le lakou peut renvoyer au terme de ménage dans la mesure où l’on prépare un seul repas pour toute la famille qui l’habite. C’est ainsi que le ventre de ces personnes partageant des liens de parenté, dépendent d’une seule cuisine, d’une seule chaudière, d’un seul repas. Il y a une série de lakou qui regroupe plusieurs maisons qui sont des ménages eux-mêmes car chacune de ces maisons préparent leurs propres repas, possède sa propre cuisine quoique les personnes qui y vivent constituent une communauté de famille et ont par conséquent des liens de parenté et de sang.
[2] Le secteur agricole est souvent frappé par les aléas climatiques causant la perte de cultures et la baisse des revenus saisonniers, ce qui occasionne une grave insécurité alimentaire notamment dans les zones à risque souligne l’agronome Mathieu.
[3] Tenant compte des règles de la nutrition, la sécurité alimentaire existe lorsque tous les individus, à tout moment, ont un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive qui satisfait leurs besoins nutritionnels et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. Alors que la nutrition se résume, en un rapport d’équilibre entre l’apport alimentaire de qualité, en quantité nécessaire et la satisfaction des besoins journaliers de l’organisme à travers l’utilisation biologique des nutriments contenus dans les aliments ingérés. Quand les humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture saine et suffisante on dit qu’ils sont en situation de sécurité alimentaire. La sécurité alimentaire est garantie par la disponibilité (production, distribution et échange), l’accès (pouvoir d’achat, préférence et proximité) et l’utilisation (Valeur nutritionnelle, considération sociale & Qualité) rationnelle des ressources.
[4] C’est un groupe de personnes liées par la parenté mais pas obligatoirement, reconnaissant l’autorité d’un chef, vivant dans un même local à usage d’habitation et prenant généralement leurs repas en commun. Pour les besoins de l’IVe Recensement Général de la Population et de l’Habitat, on distingue : Les Ménages simples ou ordinaires : constitués d’une seule personne ou d’un groupe de deux ou plusieurs personnes, vivant dans le même local. Les Ménages multiples : Qui regroupent les individus vivant habituellement en commun dans certains établissements, comme par exemple : Pension de Famille, Auberge, Orphelinat, Couvent, etc. Ces personnes vivent en communauté. Elles ne peuvent être recensées nulle part ailleurs. (Ref- http://www.ihsi.ht/recensement_glossaire.htm#31).
[5] Dubois, Laurent (2012), , «Haiti: The Aftershocks of History. New York: Metropolitan», [En ligne], URL, Consulté sur Google Books. Web. Le 30 Avril. 2012. Lakou Model: Traditionally, extended families in rural Haiti would organize themselves into clusters of homes surrounding a central courtyard. This organizational structure is called the lakou, a term which also denotes the extended family group itself. The lakou model has its roots in Haiti’s plantation heritage. As a nation emerging from enslavement, Haiti adopted the lakou as a means to safeguard against the return of the plantation. The lakou became a grassroots opposition to any state action tending to reinstate the plantation order. Existing entirely outside the state, the lakou became what Gérard Barthélemy called “an egalitarian system without a state. A second major contributing factor to the development of the lakou was the rise of vodou in Haiti. After Haiti achieved independence in 1804, it faced 56 years of neglect on the part of the Catholic Church. In this chasm, vodourooted in West African traditionsflourished. The absence of the Church throughout the early 1800’s allowed for other West African traditions, such as the family compound, to reemerge. This family compound structure, intimately linked with vodou practice, became the foundation for the Lakou system.
[6] Dubois, Laurent (2012), «Haiti: The After shocks of History. New York: Metropolitan», [En ligne], URL. Consulté sur Google Books. Web. Le 30 Avril. 2012.
[7] Dépôt de provision alimentaire.
[9] Il y a lieu de soulever la notion de conflit d’interprétation Paul Ricœur. Conflit d’interprétation du phénomène d’utilisation ou de non utilisation des haricots dans le repas par rapport à la notion d’insécurité alimentaire
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