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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Un monde autour de moi. Témoignage d'une Montagnaise. (1997)
Préface


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Anne-Marie Siméon et Camil Girard, Un monde autour de moi. Témoignage d'une Montagnaise. UIKUTSHIKATISHUN Ilnushkueu utipatshimun. Chicoutimi: Les Éditions JCL, 1997, 217 pp. Collection: interculture. [Autorisation conjointe accordée, le 20 septembre 2010, par l'auteur et le directeur général des Éditions JCL, M. Jean-Claude Larouche, de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Préface

Le message que madame Siméon donne à toute notre génération est clair. Si on veut survivre, il faut garder nos traditions. Il faut continuer de mettre en valeur ces territoires ancestraux qui sont nôtres depuis plus de 5 500 ans. Il sera nécessaire, cependant, de développer des pratiques nouvelles car toute la vie en forêt est soumise à des pressions extrêmes. Pour nous, autochtones, tout consiste à recréer un équilibre autour du cercle, ce cercle qui s’inscrit profondément dans notre culture.

Dans la culture ilnu, le cercle est partout. On le voit dans le soleil, on le voit dans la lune, on le voit dans la terre. Pour nous, le territoire se perçoit toujours de manière circulaire. Le cercle se divise autour des quatre points cardinaux: le nord, le sud, l’est et l’ouest. Et ces quatre points cardinaux constituent les composantes de notre territoire et de notre vie en forêt. Mais, le cercle, c’est aussi le monde animal, le monde humain, le monde des arbres, le monde de la terre, si l’on peut dire... Ces quatre composantes constituent un cercle; l’équilibre de tous ces éléments est indispensable au maintien même du cercle. Si nous faisons une intervention sur une des dimensions, il nous faut faire attention de ne pas créer de déséquilibre sur l’ensemble. Cette conception circulaire de l’univers permet d’entrer dans la dimension plus spirituelle de notre culture; par cette voie, nous commençons à connaître notre raison d’être. Finalement, chacun de nous devient le gardien du cercle, le gardien [14] de l’équilibre. Pour les Ilnu chasseurs, Cris chasseurs, Atikamekw chasseurs, Ojibwas chasseurs, les conceptions circulaires de l’univers sont similaires. Avant l’arrivée des compagnies forestières, on faisait de la trappe, on chassait le castor. La façon de chasser se faisait toujours en cercle; nous utilisons toujours un quart ou un tiers de notre territoire une année. Madame Siméon nous montre l’importance de reconstruire, autour de nos chasses traditionnelles, ce cercle qui nous rassemble tous.

Ce récit d’une femme-chasseuse montre aussi l’importance que nos grands-parents et nos parents ont eue et doivent continuer d’avoir dans notre formation. Et comme madame Siméon se rappelle avec vivacité ses premières chasses et les rituels qui leur étaient associés, la lecture de son récit nous rappelle ces premiers apprentissages si importants vécus avec nos parents. Je me souviens avoir tué mon premier ours. J’ai tué un ours pendant l’hiver. Mon père a chanté pour l’ours. Dans son chant, il expliquait qu’il avait besoin de lui, pourquoi sa famille avait besoin de sa viande, de sa fourrure. L’ours est sorti de sa cache pour s’offrir à nous. Et c’est moi qui l’ai tué. Et j’avais si peur qu’il retombe dans son repaire. Je m’apprêtais à le prendre mais mon père a dit: «Touche-le pas, touche-le pas, non...» Il a préparé un feu et y a fait brûler du tabac. Il a commencé à m’expliquer pourquoi il fallait agir ainsi envers cet animal. L’ours a un esprit et tu dois libérer l’esprit de l’animal avant de le consommer. Après m’avoir enseigné cela, mon père a dit: «C’est comme ça qu’il faut agir envers les loutres, avec les autres bêtes, parce que tu dois respecter le [15] corps de l’animal jusqu’à ce que son esprit soit libéré.» Pour chaque animal, cela peut différer. Donc, il y a comme un cheminement qui se fait tout le temps et à mesure que nous acquérons ces connaissances de la vie traditionnelle, nous devons les partager pour nous réapproprier notre spiritualité. C’est comme si nous nous libérions pour avancer un peu plus. Dans son récit, madame Siméon nous invite à une telle libération lorsqu’elle nous montre qu’on peut être fier d’être autochtone dans notre monde contemporain.

Clifford Moar,

Directeur

Musée de Mashteuiatsh (1990-1994)

18 octobre 1995



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le vendredi 18 mars 2011 10:02
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie retraité du Cégep de Chicoutimi.
 



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