Quatrième de couverture
La participation contre la démocratie. Nous espérons que le lecteur, en refermant ce livre, sera convaincu qu'il ne s'agit pas là d'un titre provocateur destiné à faire mousser la vente...
C'est plutôt la formule qui résume le mieux quinze ans de recherches sur certaines expériences de participation des usagers, expériences généralement mises en branle par les responsables et les permanents d'une organisation, et visant à faire entrer dans son fonctionnement les personnes qui sont touchées par son produit, à titre de clients, d'usagers ou de résidants du territoire où elle oeuvre.
J'ai dû admettre que la participation, dans les faits, n'était pas, le plus souvent, un supplément de démocratie; au contraire elle se révélait en être le substitut, une manière de se passer des mécanismes démocratiques pour ceux que le jeu démocratique dérange dans leur travail.
Dans les organisations, ce sont les technocrates, les professionnels, les bureaucrates, autrement dit tous ceux qui détiennent un pouvoir dont la source est étrangère au processus démocratique, tous ceux dont la légitimité n'est pas fondée sur la représentation politique.
Participation contre démocratie, donc, d'abord parce que l'utilisation des mécanismes de la participation diminue la plupart du temps l'utilité de l'institution démocratique, au sens qu'il est moins nécessaire d'y recourir dans la. prise de décisions. Mais participation contre démocratie, aussi, dans un sens plus profond, qui explique le premier : c'est que la démocratie entendue au sens de mécanisme fondant la légitimité et l'autorité des gouvernants (d'une organisation ou d'une société) sur leur représentativité, telle qu'elle ressort du choix libre des gouvernants par l'ensemble des gouvernés - au moyen d'élections périodiques - est une technique très efficace pour maximiser le pouvoir en minimisant la participation.
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