|
RECHERCHE SUR LE SITE
Références bibliographiques avec le catalogue En plein texte avec Google Recherche avancée
Tous les ouvrages
numérisés de cette bibliothèque sont disponibles en trois formats de fichiers : Word (.doc), PDF et RTF |
Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir du texte de M. Jacques Grand’Maison (1931-), La révolution affective et l'homme d'ici. Montréal : Les Éditions Leméac, 1982, 196 pp. Collection: À hauteur d'homme. Une édition numérique réalisée par Gemma Paquet, bénévole, professeure de soins infirmiers retraitée du Cégep de Chicoutimi. Avant-propos Dans mon propos sur l'homme d'ici, mis au défi de changer sa manière de voir et de vivre, j'ai voulu avancer selon mes résistances, surtout en relation avec les interpellations profondes de la révolution féminine. Une révolution qui, par-delà son inédit, me semble cumuler toutes les autres des derniers siècles, pour les amener à des dépassements inattendus. Plus que des nouveaux chemins d'humanité, il y a là, peut-être, une civilisation autre en gestation et, plus près de nous, une vie autre, une société autre. Avancer selon ses résistances, c'est, à la fois, faire la vérité au fond de soi, et face à l'autre. Avancer selon ses résistances, c'est avouer ses attitudes et ses comportements les plus cachés, son « naturel », ses préjugés. Avancer selon ses résistances, c'est admettre qu'on part de loin, qu'on a de forts coups de collier à donner. Avancer selon ses résistances, c'est marcher visière levée et refuser de leurrer l'autre, tout en se leurrant soi-même par des sous-entendus plus graves que les pires malentendus. Avancer selon ses résistances, c'est se transformer à même un héritage qu'on ne peut nier, à même une réalité qui n'a jamais la logique qu'on veut lui donner, et surtout à même ses questions, ses doutes, ses objections, ses contradictions. Avancer selon ses résistances, c'est plus qu'un cheminement capable d'autocritique, c'est une démarche empathique de libération difficile à la rencontre d'une autre libération aussi difficile. Mais attention ! il s'agit bien d'avancer, et non pas seulement d'analyser ses résistances ou de les justifier. On a dit que toute révolution, avant d'éclore abruptement, a été le fruit d'une longue gestation. Cela vaut tout autant pour ceux qui l'accueillent que pour ceux qui la font. Son succès en dépend. Les adhésions rapides ont toujours été sans lendemain, n'ayant pas été éprouvées au feu d'une conscience, d'une vie qui sont allées au bout d'elles-mêmes, et de l'autre. En ce domaine, la conscience masculine se contente souvent de « rôder autour ». Quel paradoxe ! un homme de plus en plus indéfini, tout en surface, malgré ses statuts bien ancrés ; un homme souvent incapable de rencontrer l'autre du dedans ; un homme linéaire face à une femme nouvelle de plus en plus riche, complexe, multidimensionnelle qui ne s'accommodera pas d'une pure égalité formelle, mathématique, rituelle, codifiée dans une société masculine bloquée, planquée ! Il ne suffira pas de changer nos couleurs comme le lièvre en hiver. Nous n'éviterons pas non plus des patiences qui burinent des callosités au coeur, comme espaces d'accueil et de semence. Il ne faudrait pas qu'une triste sagesse masculine, toute prête, toute faite, continue de prétendre faire contrepoids à l'espérance montante de l'autre, à l'inédit culturel et politique qu'elle affirme. Voilà ce qui m'habitait quand j'avançais selon mes résistances dans cet ouvrage risqué. J'invite lecteurs et lectrices à ne poser leur jugement décisif qu'à la fin de cette course à obstacles, où même les faux pas de mon parcours serviront à dénouer mes derniers pièges.
|