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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir du texte de M. Jacques Grand’Maison (1931-), Une société en quête d'éthique. Montréal: Les Éditions Fides, 1977, 207 pp. Collection: Cahiers de recherche éthique, no 5. Une édition numérique réalisée par Gemma Paquet, bénévole, professeure de soins infirmiers retraitée du Cégep de Chicoutimi. Introduction Je voudrais d'abord présenter une problématique en quatre temps pour cerner cette quête d'une nouvelle éthique dans notre société, et d'une façon plus large dans la société occidentale.
Pour une éthique « située » et en perspective, il m'est apparu nécessaire d'explorer les lieux où se logent à la fois les problèmes les plus cruciaux, les enjeux les plus profonds et les aspirations nouvelles. À chacun de ces points chauds, je propose un horizon de dépassement qui prépare la troisième étape. 1. Du pain et du beurre (économie)
Dans la dernière partie plus systématique, j'établis les principales coordonnées de l'éthique proposée, en tenant compte des acquis du patrimoine humain, des conjonctures historiques et des nouvelles pistes à ouvrir. J'essaie de conjuguer quatre objectifs qualitatifs : solidité de structure, qualité de la fonction critique, capacité de renouvellement et finalisation pertinente.
Un projet ambitieux. Mais pouvons-nous continuer de réfléchir et d'agir en pièces détachées, surtout dans un domaine où nous ne pouvons séparer les fins et les moyens ; l'expérience individuelle et la vie collective ; la pensée, l'action et le sentiment ? Toute expérience, à niveau d'homme, exige une certaine globalité qui fédère les diverses dimensions de la vie. Celle-ci est une et diverse à la fois. Je ne suis pas à la recherche d'un quelconque système universel, irréfutable, encore moins de la réponse unique et close. Je sais trop le prix de la conscience libre et responsable, de la société ouverte. Je tiens autant à l'exploration des possibles qu'au réalisme du pays réel. Je crains par-dessus tout le dogmatisme. Je me rebiffe devant toute entreprise qui ne vise pas l'homme pour lui-même. Bien des exemples historiques illustrent cette dérive de l'avoir ou du pouvoir en fin ultime. Je crois que l'instance morale, dans la conscience ou en politique, a comme tâche principale de remettre sans cesse en chantier le projet humain comme tel. Tout l'homme, tous les hommes ! J'insiste. Trop de réformes ou de révolutions ont utilisé des millions d'hommes à des fins autres que leurs promesses de libération. Ne parlons pas des politiques du statu quo. Or ce qui m'inquiète, c'est le caractère de plus en plus vague de nos débats et de nos combats, dès qu'il est question de préciser l'homme qu'on veut promouvoir, la vie qu'on veut changer, la société qu'on veut bâtir. Nous avons pourtant des moyens comme en aucun temps dans l'histoire. Le principal problème n'est donc pas de cet ordre. On croit avoir tout dit en affirmant que le défi est essentiellement politique. Mais la plupart des citoyens ne savent pas vraiment quoi mettre dans cette volonté politique. Et nous voilà amenés à une question plus profonde. Comme le disait récemment Henri Lefebvre : « Notre époque souffre cruellement de manquer de philosophie. » Peut-être y a-t-il eu d'abord affaissement de l'instance morale ? Affadissement du sel de l'homme et de la vie ? Ne soyons pas injustes. Tant de choses nous sont arrivées à la fois et rapidement. Mais raison de plus pour y voir clair.
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