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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Le sens commun comme forme de connaissance: de l'analyse clinique en sociologie (1987) Introduction
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Gilles Houle, Le sens commun comme forme de connaissance: de l'analyse clinique en sociologie . Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. XIX, no 2, octobre 1987, pp. 77-86. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation accordée par l'auteur de diffuser cet article le 8 février 2004]
« Le fait humain vécu, point de départ de la connaissance, est découpé dans une expérience totalisante et active que nous identifions à la pratique de Marx. »
G.G. GRANGER, Essai d'une philosophie du style, p. 14.
Il n'y a pas si longtemps, Paul Ricur écrivait qu'il n'y a pas de science sociale possible, qu'il s'agit là d'une utopie puisque, pour expliquer quelque phénomène social que ce soit, il faut le connaître dans son histoire et dans toutes ses dimensions:
ainsi la théorie de l'idéologie repose elle-même sur l'utopie d'un esprit totalement éclairé au point de vue sociologique (par l'histoire). Il faut bien reconnaître qu'une synthèse totale est impossible (1).
M. Paul Veyne dit ne connaître pour sa part de l'histoire que le vraisemblable (2) ou ce qui peut être rendu tel, toutes archives connues, l'esprit n'est pas totalement éclairé et il peut encore se tromper. L'histoire, y compris lorsqu'elle se veut sociologie politique, serait un roman vrai: l'uvre monumentale que l'auteur a écrite sur la Rome ancienne (3) en atteste admirablement. Georges Duby n'entend pas dire autre chose: le Moyen-Âge français qu'il a su si remarquablement raconter est en quelque sorte le Moyen-Âge qu'il a su «imaginer (4) ». «N'y aurait-il donc de science de l'homme ou d'anthropologie qu'en l'Absence de l'homme (5)? Certes pas ou assurément, selon le cas, tant l'imagination de ce que l'Homme ou la Femme ont été, sont ou pourraient être, paraît débordante. À défaut d'une science sociale, il y aura une «science de l'interprétation», une herméneutique qui, si elle ne sait pas expliquer, «donnera» du sens, le fabriquera, le construira ou le «bricolera» (6) carrément, suivant des règles de méthode qui n'en porteront pas le nom mais que l'interprète de génie viendra coiffer du sien (7). Dans ce conflit des interprètes ou des interprétations, la règle est cette fois respectée: c'est le meilleur qui gagne. Mais, assurément, il ne s'agit plus de science. Et d'ailleurs, pourquoi vouloir que la littérature soit vraie? Laissons plutôt les sages interpréter, les écrivains écrire et les scientifiques expliquer.
Notes : (*) Cet article est la version revue et corrigée d'une communication présentée au dernier congrès de l'Association internationale de sociologie, à New Delhi en août 1986. J'avais fait cette communication à l'invitation de Robert Sévigny, président alors du «Group ad hoc» sur l'analyse clinique en sociologie. Je l'en remercie particulièrement. Je remercie aussi les diverses personnes qui ont lu et commenté une première version de ce texte, et tout spécialement mon ami Luc Racine. (1) Paul Ricur, «Science et idéologie», Revue philosophique de Louvain, 72, 1974, p. 351. (2) Paul Veyne, Comment on écrit l'histoire, Paris, Seuil, 1971. (3) Paul Veyne, le Pain et le cirque. Sociologie historique d'un pluralisme politique, Paris, Seuil, 1976. (4) G. Duby, G. Lardreau, Dialogues, Paris, Flammarion, 1980. (5) Fernand Dumont, l'Anthropologie en l'absence de l'homme, Paris, PUF, 1981. (6) Nicole Gagnon, l'Homme historien, Saint-Hyacinthe, Edisem, 1979. (7) Jean Molino, «Pour une histoire de l'interprétation: les étapes de l'herméneutique», philosophiques, vol. XII, 2, 1985, p. 297.
Dernière mise à jour de cette page le lundi 28 mai 200714:35
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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