MORALE EN NURSING

Introduction

Le Patient

Le Nursing n'est qu'une partie de la Médecine. Son objet propre est donc le même. Or, L’OBJET DE LA MÉDECINE N'EST PAS LA MALADIE, MAIS LA SANTÉ : santé a conserver (médecine préventive), ou santé à recouvrer (médecine curative) (10), Mais la santé n'est qu'une abstraction ; ce qui est en santé ou non, c’est un être vivant ; et dans le cas un ÊTRE HUMAIN, dont la santé réside dans l’harmonie de ses multiples facultés corporelles et spirituelles. "Après tout déclare S.S. Pie XII. c'est l'homme qui doit être soigné, UN HOMME COMPOSÉ D'UNE ÂME ET D'UN CORPS". Or, "ni le corps à lui seul, ni l'âme à elle seul n’est un être", souligne S. Thomas d'Aquin, "l'être réel est ici le composé". (9 p. 100)

Cette vérité fondamentale est prouvée même par la médecine. En effet l’unité substantielle du couple corps et âme reçoit une confirmation semblable des recherches scientifiques de la psychogénèse : Un grand nombre de maladies qui proviennent en apparence d'une disposition corporelle ont, en réalité leur origine dans le domaine mental. Les affections hystériques en offrent le type le plus connu. La médecine moderne, d'inspiration anthropologique, a su déduire de là qu’il ne suffit pas de traiter un malade avec des produits pharmaceutiques conformes aux lois de la chimie ! Elle s'efforce de mettre en œuvre une thérapeutique qui s'adresse à l'homme tout entier, corps et âme". (9 p. 100)

Sa Dignité

Quiconque prétendrait ne soigner, dans l'homme, que le corps ne serait qu’un chimiste ou tout au plus un vétérinaire. Bien au contraire, "le devoir premier et fondamental, dans l'exercice de la profession médicale, c'est le respect du DROIT qu’a chaque homme, si disgracié, si dégradé soit-il, D'ÊTRE TRAITÉ COMME UNE PERSONNE (5, P. 33 SV) qui a, non seulement des intérêts temporels, mais aussi éternels", comme le précise S.S, Pie XII (14). Pour être bien comprise, cette vérité doit "être poussée jusqu'au point où elle se transforme en la notion du sacré. C'est cette notion du sacré qui fonde le respect de la vie humaine ; qui n'a pas le sens du sacré n'a pas le sens de l'humain. (...) Cette notion du sacré (...) interdit à l'homme d'agir sur l'homme, sauf dans le sens de Dieu et comme son délégué. L'HOMME N'EST PAS PROPRIÉTAIRE DE SA PROPRE VIE NI DE CELLE DES AUTRES. IL EN EST LE SIMPLE GÉRANT SOUS LE HAUT DOMAINE DE DIEU, SEUL MAÎTRE DE LA VIE ET DE LA MORT" (5. p. 34)

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Loi Divine

"La dernière source d'où découlent" la force et la dignité de ces principes, "c'est le Créateur de la nature humaine, souligne S.S. Pie XII. S'il s'agissait de principes élaborés par la seule volonté de l'homme, alors leur obligation n'aurait pas plus de force que les hommes ; ils pourraient s'appliquer aujourd'hui, et être dépassés demain ; un pays pourrait les accepter, un autre les refuser. Il en va tout autrement si l'autorité du Créateur intervient : LES PRINCIPES DE BASE DE LA MORALE MÉDICALE FONT PARTIE DE LA LOI DIVINE". (40) " Il est donc clair, de conclure le Saint Père, que la profession médicale place ses représentants au coeur même de l'ordre moral, pour qu'ils soient inspirés et dirigés par ses lois". "Dans aucune déclaration, dans aucun conseil, dans aucune disposition, dans aucune intervention, le médecin, (ou autre représentant de l'art médical), ne peut se trouver en dehors du terrain de la morale, délié et indépendant des principes fondamentaux de l'éthique et de la religion ; et il n'y a aucun acte ou aucune parole dont il ne soit responsable devant Dieu et devant sa propre conscience. (14)

Pas de Neutralité

Ce devoir s'applique, avec une égale force, à quiconque fait du Nursing. On l'a souligné fortement, à Rome, lors du Pèlerinage-Congrès des Infirmières Catholiques, en 1935 : "On ne pourrait même pas concevoir une infirmière catholique qui ne mette à la base de toute son activité professionnelle la morale chrétienne telle que nous l'enseigne l'Église Catholique. Pour l'infirmière catholique ... le problème de déontologie est au premier plan, avec toutes ses conséquences : il est la base préliminaire de toute activité. Nous ne pouvons pas considérer, comme des infirmières catholiques, celles qui ne suivent pas ces directives (...) EN CETTE MATIÈRE, IL EST IMPOSSIBLE DE RESTER NEUTRE OU INDIFFÉRENT. L'infirmière catholique doit être catholique dans sa foi et dans son activité. Il ne peut exister pour elle aucun dédoublement quel qu'il soit". Et le Pape Pie XI disait aux mêmes congressistes : "la neutralité, surtout sur le terrain qui est de votre domaine, chères filles, surtout quand il s'agit de l'assistance aux malades, la neutralité est contre la pensée de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Notre-Seigneur Jésus-Christ était tellement peu neutre qu'il a dit très clairement et d'une façon si touchante, qu'il est Lui-même dans les infirmes, et que c'est à Lui qu'on fait ce qu'on fait aux infirmes et aux malades. Là vraiment, toute neutralité est impossible, et si nous gardons là une stricte neutralité, nous agissons contrairement à la pensée de Notre-Seigneur, et contrairement à ce qu'il dit. Il faut bien réfléchir à ces choses : c'est une grande admonition". (8)

Conscience Formée

De ces responsabilités, découle, pour l'Infirmière et la Garde-Malade-Auxiliaire, L'OBLIGATION D'ÉTUDIER SÉRIEUSEMENT LA MORALE EN NURSING. Elle ne peut se contenter de ce qu'on appelle "le gros bon sens". "S'il est vrai, remarque le Dr René Biot, que la foi du charbonnier soit bonne, ce ne peut être que pour le charbonnier. C'est au contraire une obligation pour ceux qui ont plus d'instruction, plus de culture, plus de responsabilité, que de hausser leur foi au même niveau que leur instruction, leur culture", (10) "Il se posera aux infirmières, déclare Folliet, des cas de conscience, de graves cas de conscience... Le cas de l'euthanasie, le cas de la stérilisation, le cas des procédés contraceptifs ou abortifs peut se poser à toutes les infirmières dans l'atmosphère matérialiste qui est celle du monde moderne. C'est dans cette atmosphère matérialiste que vous aurez à porter vos jugements, à prendre vos décisions, CELA SUPPOSE DONC EN VOUS DES CONSCIENCES FORMÉES, c'est-à-dire informées, et sur la marche des faits, et sur la doctrine chrétienne, ce qui vous permettra de régler les cas qui s'offrent à vous tant qu'il ne présentent pas de caractéristiques extraordinaires, tant qu'il ne sortent pas du commun et qu'ils n'exigent pas ainsi le recours à un spécialiste de la casuistique" (10)

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Manuel Approprié

C'est là justement LE BUT DU PRÉSENT MANUEL : DONNER À LA PRATICIENNE EN NURSING UNE FORMATION MORALE ; c'est-à-dire la rendre capable de juger, par elle-même, les situations et les problèmes qu'elle rencontrera dans l'exercice de sa profession. Il s'agit de la rendre familière avec les grands principes de la morale, et de LUI COMMUNIQUER L'HABITUDE DE L'APPLICATION PRATIQUE DE CES PRINCIPES, DANS LES CAS PARTICULIERS DU NURSING, si bien qu'elle puisse en arriver elle-même à voir le problème de conscience dès qu'il se présente, et à le résoudre. "La morale catholique, déclare Pie XII, a toujours et abondamment traité ce problème de la formation de la propre conscience avec examen préalable des circonstances du cas à décider. Tout ce qu'elle enseigne offre une aide précieuse aux déterminations de conscience, tant théoriques que pratiques... Car TOUTE SAINE ÉDUCATION VISE À RENDRE L'ÉDUCATEUR PEU À PEU INUTILE et l'éduqué indépendant ENTRE LES JUSTES LIMITES. Et cela vaut aussi dans l'éducation de la conscience par Dieu et l'Église : son but est, comme le dit l'Apôtre, 1' "homme parfait, à la mesure de la plénitude d'âge du Christ", donc l'homme majeur, qui a aussi le courage de la responsabilité. Il faut seulement que cette maturité se situe au juste plan ! Jésus-Christ reste le Seigneur, le Chef et le Maître de chaque homme individuel, de tout âge et de tout état, par le moyen de son Église en laquelle Il continue d'agir. Le chrétien, pour sa part, doit assumer la grave et grande fonction de faire valoir dans sa vie personnelle, dans sa vie professionnelle, et dans la vie sociale et publique, autant qu'il dépend de lui, la vérité, l'esprit et la loi du Christ. C'est cela la morale catholique, et elle laisse un vaste champ libre à l'initiative et à la responsabilité personnelle du chrétien". (25)

Professeur compétent

Cette formation, il va s'en dire, suppose non seulement un manuel propre à donner cette formation, mais également un professeur compétent pour l'expliquer. Au Congrès de Rome, le R. P. J. Creusen, s.j., dont Pie XI louait "l'autorité, l'expérience et la science", soulignait que les cours de morale professionnelle doivent être confiés à UN PRETRE qualifié à la fois par SES CONNAISSANCES THÉOLOGIQUES ET SON INITIATION AUX PRATIQUES DU MILIEU. (8) Le programme des écoles de nursing souligne la même nécessité : "les cours de morale... seront appropriés à la carrière de l'infirmière et donnés par un professeur qui s'intéresse au nursing". (6) À chacun et à chacune de prendre sa responsabilité en son âme et conscience !

L'Auteur