Présentation
Source: Quoique.blogspirit.com. [EN LIGNE] Consulté le 13 juin 2008.
Denise Jodelet, psychosociologue, est directeur d’étude à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (EHESS) à la sortie de «Folies et représentations sociales» en juillet 1989. Ce livre est issu de sa thèse de doctorat en psychologie sociale soutenue en 1985 «Civils et bredin, Rapport à la folie et représentations sociales de la maladie mentale» sous la direction de Serge Moscovici. Partant de plusieurs interrogations, trois questions en une, Denise Jodelet résume son questionnement :
« En quoi les représentations sociales de la folie rendent-elles compte du rapport au malade mental figure de l’altérité ? En étudiant ces représentations dans un contexte de rapport étroit avec des malades mentaux, on pouvait s’attendre à éclairer le statut, encore mal cerné, que la société accorde à ces derniers, comme à découvrir quelque chose de ce que nous faisons de l’autre » (p. 32)
Deux approches peuvent être faite de ce livre :
L’une, scientifique sur les représentations sociales
Il faut affronter un texte dense, ponctué de notes, de références, de retours sur les travaux d’autres chercheurs. En confrontant résultats et insuffisances, Denise Jodelet cherche à affirmer la place importante et transversale de la recherche sur les représentation sociales en psychologie sociale et plus généralement dans les sciences de l’homme. Elle cherche à démontrer que le concept des représentations sociales est un élément indispensable à la compréhension des comportements sociaux. Pour cela, elle met en place une méthodologie de recherche suivant une procédure complexe et rigoureuse pour démontrer le caractère central, cognitif, des représentations sociales.
L’autre, est celle d’une «histoire à voir»
Elle nous emmêne à la colonie familiale d’Ainay-le-Château, où à l’ombre de l’institution, de l’hopital, les «fous» sont placés dans des familles d’accueil depuis plusieurs générations.
«(…) Ainay-le-Château, une commune comme les autres à première vue. Mais une commune rendue étrange par ses hôtes singuliers, par le mélange de gens normaux et anormaux, de civils et de bredins, (…) Le tableau si personnel qu’en trace Denise Jodelet nous fait découvrir tout un monde insoupçonné.» (Serge Moscovici, préface p.10).
Liaison avec handicap et apprentissage accompagné ou adapté
Comment ne pas faire la liaison entre ce texte où l’altérité est le centre de la réflexion et le terme handicap, handicapé ou encore travailleur handicapé, dont doivent se satisfaire les apprentis accompagnés, en connaissant les représentations qu’il véhicule ? Même si le terme handicap trouve toute sa justification dans son histoire (voir billets sur handicap).
Pour aller plus loin sur les colonies familiales et Ainay-le-Château
Les textes du docteur Pierre Sans sur le site psydoc: «Placement familial et accuei thérapeutique», où entre-autre, l’étude de Denise Jodelet est longuement commentée; un petit texte de Daniel Sivadon publié dans la revue Chimère n° 40: «Les deux muettes» où l’on retrouve à partir de la page 12 un passage sur l’histoire d’un médecin chef de la colonie «(…) lieu d’exile pour les fous de la région parisienne qui se retrouvaient sans proche parent. Mais aussi pour ces folles qui en avaient de trop : politique, sexe, avortement, héritages, à Paris elle génaient… » ; Le mémoire de Jean Paul Mongeat (2000) : «L’avenir du Centre Hospitalier Spécialisé interdépartemental d’Ainay le Château» donne un éclairage sur l’évolution de la colonie et l’impact sur les habitants qui sont maintenant souvent les patients de l’hôpital; et enfin «champ funêbre pour un ami bredin», poème de René Fallet ami de Georges Brassens.
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