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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Nicole Laurin-Frenette, “Genèse de la sociologie marxiste au Québec” (2005)
Introduction
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de la professeure Nicole Laurin-Frenette, “Genèse de la sociologie marxiste au Québec”. Un article publié dans la revue Sociologie et sociétés, vol. 37, no 2, automne 2005, pp. 183-207. Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation accordée par l’auteur, sociologue et professeure au département de sociologie de l’Université de Montréal, le 14 janvier 2003.]
Introduction
Avant la décennie 1960, dans le Québec francophone, la pensée de Marx et des auteurs marxistes n'est pas absente de l'enseignement universitaire mais elle sert essentiellement de repoussoir à la doctrine sociale de l'Église. Le marxisme ne fait pas partie des théories agréées par l'autorité catholique ; il est condamné parce qu'il est athée et fondé sur les postulats philosophiques du matérialisme. Il prône en plus la lutte des classes et la révolution prolétarienne dans le but d'instaurer le communisme. On peut faire l'hypothèse que jusqu'aux années de la Révolution tranquille, les principaux lecteurs de l'oeuvre de Marx et ses véritables connaisseurs furent des clercs : de savants pères jésuites ou dominicains, titulaires de l'enseignement supérieur ou responsables de l'encadrement pastoral des organisations syndicales, des associations étudiantes et autres. À l'époque, l'Église détient l'hégémonie sur les universités de langue française. Elles sont régies par des chartes pontificales et les recteurs sont des évêques. Un grand nombre de clercs y dispensent des enseignements dans différents domaines, y compris en sciences sociales. Stanley B. Ryerson, historien marxiste éminent et membre du Parti communiste canadien, raconte que lors du congrès des Sociétés savantes du Canada, tenu à l'Université Laval, en 1963, les autorités de cette institution firent retirer d'une exposition de livres un étalage d'ouvrages marxistes dont le sien. Selon Ryerson, des thèmes marxistes avaient été discutés au cours de ce congrès (Ryerson, 1965). Néanmoins, au cours des années de la Révolution tranquille, la liberté de pensée et d'expression gagne sans cesse du terrain. L'emprise de l'Église sur les esprits diminue et l'Église elle-même se rénove. Ainsi, la société s'ouvre à de nouveaux courants d'idées ; des groupes et des mouvements politiques ou culturels s'organisent, des revues voient le jour. Deux générations d'intellectuels marxistes de langue française entrent alors en scène, presque simultanément. La première génération est celle des professeurs, au demeurant peu nombreux, qui ont étudié en Europe et sont sensibilisés aux idées de la gauche. Ils se trouvent principalement à l'Université de Montréal, où ils contribuent à initier au marxisme une première cohorte d'étudiants en sciences sociales, notamment en sociologie. Parmi ces derniers, plusieurs entrent très tôt dans les rangs de l'enseignement universitaire, alors en pleine expansion. En effet, l'Université du Québec à Montréal, fondée en 1969, recrute une grande partie de la génération montante. Ces jeunes professeurs viennent tout juste d'achever ou ils achèveront quelques années plus tard leur formation à l'étranger, en France principalement. Dès lors, deux départements de sociologie assurent au premier chef le développement et l'essor du marxisme au Québec : le département de l'Université de Montréal, au cours des années 1960, relayé par celui de l'UQÀM, au cours des années 1970. Cette sociologie marxiste intègre des travaux d'historiens, de politologues, d'économistes et autres spécialistes des sciences sociales. Fidèles à la tradition, ses adeptes n'hésitent pas à s'engager dans l'action politique. Pour retracer sa genèse au Québec, deux revues serviront de fil conducteur : Parti pris et Socialisme. En 1975, Marcel Rioux évoque leur naissance en ces termes : « Un soir de 1963, Vadeboncoeur, Dofny et moi-même rencontrâmes des jeunes qui, comme nous, voulaient fonder une revue ; ils s'appelaient Chamberland, Maheu, Major et Piotte ; nous devions lancer Socialisme 64 quelques mois après qu'ils eurent fondé Parti pris. À cette réunion, nous avons constaté que tout en combattant pour les mêmes objectifs - un Québec libre et socialiste -, nous visions des publics différents, avec des ressources et des moyens eux aussi différents » (Rioux, 1975, pp. 5-6). On retracera d'abord le parcours de la revue Parti pris, de 1963 à 1968. Elle peut être considérée comme le berceau de la jeune génération de marxistes. On suivra ensuite l'évolution de la revue Socialisme, au cours de ses dix années de publication. Fondée en 1964 par la première génération de marxistes, elle tombe quatre ans plus tard entre les mains de la jeune génération, qui la dirige jusqu'en 1974.
Dernière mise à jour de cette page le dimanche 17 décembre 200614:20
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
Saguenay - Lac-Saint-Jean, Québec
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