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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Marc LE BLANC, “La carrière criminelle: définition et prédiction”. Un article publié dans la revue Criminologie, vol. 19, no 2, 1986, pp 79-99. Numéro intitulé “Politiques et pratiques pénales. 25 ans de réflexion et d'action”. Centre international de criminologie comparée Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. Introduction
Le sens du mot carrière, c'est celui d'une activité humaine qui présente des étapes, une progression. Les sociologues ne délimitent pas autrement la notion de carrière. Ainsi, Becker (1970) la définit comme le patron des ajustements séquentiels que l'individu accomplit au réseau institutionnel, les organisations formelles et informelles qui constituent l'environnement immédiat dans lequel l'occupation s'insère. D'un point de vue criminologique, il faudrait dire que la carrière criminelle est l'ajustement continu de l'individu au monde conventionnel et criminel et au système de justice dans lequel l'activité criminelle s'insère. Becker ajoute que cette série d'adaptations doit être envisagée en termes de mouvements ascendants et descendants entre diverses positions sur le continuum de carrière. Cette notion de carrière est relativement absente des écrits criminologiques : des histoires de cas de criminels ont été écrites (Shaw, 1931 ; Sutherland, 1937...) ; les biographies et autobiographies de criminels sont innombrables ; les travaux dans la perspective du rôle délinquant sont plutôt rares (Clinard et Quinney, 1967 ; Gibbons, 1955 ; Lemert, 1975 ; Schur, 1971) ; et plus récemment les chercheurs se sont intéressés à l'identification des délinquants chroniques (Wolfgang et al., 1978 ; Farrington, 1981, 1984, 1985a, 1985b ; West et Farrington, 1977 ; Peterson et al., 1980 ; Blumstein et al., 1980, 1985 ; McCord, 1981 ; Polk, 1978 ; Rojeck et Erickson, 1981 ; Petersilia et al., 1977 ; Peterson et al., 1980 ; Chaiken et Chaiken, 1982 ; Wolfgang et Tracy, 1982 ; Hanpaneen et Jesness, 1982 ; Mathias et al., 1984 ; Dunford et Elliot, 1984). En somme, les travaux de recherche sur l'activité antisociale, comme carrière, sont rares. Une véritable criminologie de la carrière criminelle n'est qu'embryonnaire dans les travaux les plus récents (Blumstein et al., 1982, 1985 ; Bellot et al., 1984 ; Bellot et Le Blanc, 1984). Cette criminologie de la carrière criminelle requiert la vérification de l'existence d'une progression à travers des stades dans l'activité criminelle des individus ; et c'est seulement si cette condition est remplie que nous pourrons utiliser la notion de carrière criminelle. Notre système de justice suppose l'existence de stades, puisqu'il distingue les tribunaux pour mineurs et pour adultes et les politiques criminelles qui s'appliquent à chacune de ces populations (les moins de dix-huit ans et les dix huit ans et plus) ne sont pas identiques : déjudiciarisation et traitement, surtout en milieu naturel, dans le système de justice pour mineurs et rétribution et incarcération dans le système de justice pour adultes. Le sens commun distingue le délinquant juvénile et le criminel adulte et les délinquants, eux-mêmes, reconnaissent qu'être un mineur ou un adulte n'appelle pas les mêmes attitudes, ni les mêmes comportements de la part de la société et des tribunaux : on est plus sévère avec les adultes.
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