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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Marc LE BLANC, “Pour une approche intégrative de la conduite délinquante des adolescents”. Un article publié dans la revue Criminologie, vol. 19, no 1, 1986, pp 73-95. Numéro intitulé “Politiques et pratiques pénales. 25 ans de réflexion et d'action”. Centre international de criminologie comparée Montréal: Les Presses de l'Université de Montréal. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 23 mai 2005. À l'occasion d'un anniversaire
1960-1985 : l'enseignement de la criminologie se poursuit depuis vingt-cinq années à l'Université de Montréal. Cet anniversaire commande une introduction personnelle à cet article sur l'approche intégrative, ceci d'autant plus que l'auteur a été présent dans cette unité d'enseignement au cours des vingt dernières années de cette expérience unique. Il ne saurait être question que nous proposions un bilan des progrès et déboires de l'approche intégrative au cours de cette période, plutôt nous jetterons les jalons pour une évaluation de l'atteinte des buts que nous présentaient les pionniers de la criminologie moderne. En 1965, un des premiers sujets de réflexion qui était proposé aux étudiants de maîtrise découlait de la question suivante : comment définir la criminologie ? Les définisseurs de la « nouvelle » criminologie, plus particulièrement Szabo et Wolfgang, affirmaient alors que son objet, le crime, la criminalité et le criminel, ne pouvait lui servir d'unique raison d'être. La criminologie, pour exister comme discipline, se devait d'être une science et une profession multidisciplinaire. Une science, c'est-à-dire une discipline qui développe les connaissances à partir d'un va et vient continuel entre la réflexion théorique et la recherche empirique. Une profession, c'est-à-dire une praxis qui articule les connaissances et l'action, tant au niveau des politiques criminelles que de l'intervention directe auprès des individus et des groupes. L'une et l'autre fondues au creuset de la multidisciplinarité. Cette conception novatrice trouve son apogée dans le XVIIe Cours international de criminologie qui a eu lieu à Montréal en 1967 (Szabo, 1968). Cette définition de la criminologie nous proposait une mission spécifique : réaliser des intégrations. Mission que nous avons fait nôtre et qui nous enjoignait de rassembler les notions et données provenant de diverses disciplines, de développer des interprétations à la lumière de faits issus des recherches empiriques et de dégager les implications des connaissances scientifiques pour la pratique criminologique. Cette définition novatrice de la criminologie nous soumettait un programme emballant : tenter une approche intégrative du phénomène criminel. Approche compréhensive que peu de disciplines scientifiques et de professions proposent comme idéal et qui demeure encore rarement pratiquée dans les écrits criminologiques du dernier quart de siècle. Au cours des quinze dernières années nous nous sommes naïvement attaqués à cette tâche colossale en nous servant de deux moyens : la recherche et la consultation. Avec l'aide de collègues et de nombreux assistants, dont nous ne saurions passer sous silence l'indispensable contribution au cours de ces années, nous avons mené des recherches empiriques qui nous ont permis de caractériser la conduite et la carrière délinquante, de développer et de valider un modèle explicatif de son émergence et de son développement et d'élucider les mécanismes de la réaction sociale formelle. En somme, de proposer des intégrations entre théories et données empiriques et entre notions et données provenant de cinq sources : la sociologie, la psychologie, le droit, l'application de la loi et le phénomène délinquant lui-même. Parallèlement, nos activités de consultation auprès de divers organismes ont exigé que nous portions une attention particulière aux implications des résultats de nos recherches empiriques et de nos formulations théoriques. Ainsi nous avons esquissé des tentatives d'intégration des connaissances scientifiques et de la pratique, tant au niveau des politiques criminelles que de l'intervention directe auprès des délinquants, ceci, entre autres, par l'intermédiaire de la construction d'une typologie multidimensionnelle. Cet article veut refléter l'approche intégrative que nous avons adoptée face à la délinquance des mineurs. Cette illustration rapide d'une tentative d'intégration, somme toute encore limitée, permettra peut-être aux lecteurs de répondre à trois questions essentielles : l'approche intégrative, que les pionniers nous proposait pour marquer la spécificité de la criminologie, est-elle toujours pertinente ? Dans quelle mesure la criminologie d'aujourd'hui, à Montréal ou ailleurs, s'en approche ? avec quel degré de succès l'intégration proposée dans cet article réalise-t-elle la mission que nous avons consciemment acceptée ? En espérant que chaque réponse que vous donnerez à ces questions sera une source de réflexions personnelles et collectives fructueuses sur la définition de la criminologie actuelle et sur les orientations à lui donner dans l'avenir, nous soumettons donc humblement l'état actuel de notre intégration à titre illustratif.
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