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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Raymond Lemieux, “L'écriture du cimetière” (1985)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Raymond Lemieux, L’écriture du cimetière”. Un article publié dans l'ouvrage sous la direction de Raymond Lemieux et Réginald Richard, Survivre... La religion et la mort, pp. 235-254. Montréal : Les Éditions Bellarmin, 1985, 285 pp. Collection : Les Cahiers de recherches en sciences de la religion, no 6. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 26 février 2004].

Introduction

L'espace en tant que forme est donc une construction qui ne choisit, pour signifier, que telles ou telles propriétés des objets « réels », que l'un ou l'autre de ses niveaux de pertinence possibles : il est évident que toute construction est un appauvrissement et que l'émergence de l'espace fait disparaître la plupart des richesses de l'étendue. Toutefois, ce qu'il perd en plénitude concrète et vécue est compensé par des acquisitions multiples en signification : en s'érigeant en espace signifiant, il devient tout simplement un « objet » autre. 
(GREIMAS, 1977) 

Dans un livre récent sur la culture urbaine québécoise, Douceville en Québec, la modernisation d'une tradition, Colette Moreux (1982) nous met en présence d'une sorte de conséquence obligée de la modernisation de cette société : s'en dégage une tranquille pratique du non-sens. Cette « nouvelle sagesse », issue de la révolution tranquille, de l'urbanisation et de la technicisation de la société québécoise - sans que ces derniers s'accompagnent d'une véritable appropriation des moyens de production, notons-le - privilégie les valeurs de l'immédiat, la satisfaction à court terme, au détriment de la conscience de l'histoire. Mentalité dans laquelle nous précéderions de peu, dit-on, « le reste du monde occidental » (MARCOTTE, 1983). 

Le diagnostic de Colette Moreux arrive au terme d'une large étude de terrain, aboutissement d'une recherche à long terme sur les classes moyennes québécoises. Elle entérine la problématique de Fin d'une religion ?, exposée depuis déjà bientôt 15 ans (1969). Nos propres recherches sont tributaires d'un terrain beaucoup plus restreint, celui des pratiques de la mort dans la société québécoise, terrain cependant d'une exceptionnelle densité sociale et affective. Nous y sommes amenés, par des voies tout à fait différentes, à des conclusions très proches de celles de Colette Moreux. Si tant est que les pratiques de la mort font symptômes d'une société, nous devons bien y trouver certains modes de production du sens qui s'articulent aux conditions générales de la pratique du sens dans cette société. Et dès lors, les transformations du rapport au sens qui s'observent à travers ces pratiques de la mort doivent bien nous renvoyer à des transformations plus générales.


Revenir au texte des auteurs: Raymond Lemieux, sociologue Dernière mise à jour de cette page le dimanche 21 janvier 2007 18:28
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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