[13]
LES PARTIS ET LEURS TRANSFORMATIONS.
LE DILEMME DE LA PARTICIPATION
Avant-propos
Cet ouvrage reprend dans une optique un peu différente les propos d'un livre paru en 1985 sur les systèmes partisans et les partis politiques. Comme dans ce livre, nous traitons des phénomènes partisans de façon comparative, à partir d'une idée directrice qui est cependant formulée autrement que dans le livre de 1985.
Ce livre opposait la variété à la contrainte et montrait comment on retrouvait cette opposition dans les systèmes de partis et dans les partis. Dans le présent ouvrage, nous avons voulu rendre l'opposition plus concrète en la définissant en termes de participation des acteurs partisans aux partis et aux systèmes de partis. La participation sélective, fondée sur le principe de la simplification, est opposée à la participation inclusive, fondée sur le principe de la diversification. La première forme de participation se distingue de la seconde par un moins grand nombre de catégories de participants et par des influences qui sont les plus souvent unilatérales. La participation sélective est pour cela plus facilement coordonnable, mais elle est en revanche moins facilement adaptable aux changements dans l'environnement que la participation inclusive.
Parce que les deux formes de participation ont chacune leurs avantages et leurs inconvénients, on peut parler d'un dilemme de la participation. Étant donné ce dilemme, il n'est pas étonnant que les partis et les systèmes de partis soient les plus souvent sélectifs et inclusifs à la fois, ce qui dépend des choix des acteurs partisans mais aussi des contraintes qui existent dans leur environnement.
Comme l'indique le titre de l'ouvrage, nous portons une attention particulière aux transformations qui se produisent dans les partis et [14] dans leurs systèmes. Les partis et les systèmes de partis se transforment fréquemment, ce qui tient surtout à leur dépendance envers les électeurs. Depuis le début des années 1990, les transformations se sont multipliées, dans les pays d’Europe centrale et orientale, en Afrique et en Amérique latine tout particulièrement, mais aussi en Europe occidentale. C'est pourquoi elles occupent une place plus grande que dans notre livre de 1985.
Comme dans ce livre, les préoccupations théoriques sont constantes. Elles nous amènent entre autres à proposer une typologie des systèmes de partis et une typologie de partis reposant sur les caractéristiques de la participation dans les trois dimensions des systèmes et dans les trois composantes des partis. À cause de la très grande quantité des données existantes sur les phénomènes partisans, les théories partielles, comme celle que nous proposons, nous semblent être le meilleur moyen à l'heure actuelle de mettre un peu d'ordre dans l'étude des systèmes de partis et des partis. Nous espérons que la théorie partielle qui traverse notre ouvrage permettra de mieux comprendre les phénomènes partisans, tout en contribuant à une théorie plus générale de ces phénomènes, qui reste à construire. C'est au lecteur de juger si cette conviction est fondée.
Une première version de l'ouvrage a été mise à la disposition des étudiants qui ont participé à un séminaire de maîtrise sur les partis, au cours de l'hiver 2004. Nous remercions Michel Alexandre Cauchon, Étienne-François Chabot, Gilbert Charland, Sophie Doucet, Marc Foisy, Isabelle Marcotte, François Rivest, Vildan Bahar Tuncay et Éloïse Viard, pour leur contribution très appréciée à l'amélioration de l'ouvrage.
Nous remercions aussi Louise Bernard et Pierrette Vachon pour l'excellent travail qu'elles ont fait dans la mise en forme du manuscrit.
|