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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de M. Louis Maheu, [sociologue, Université de Montréal], “Pouvoir et société au Québec: le problème de l'État et les appareils d'État”. Un article publié dans La transformation du pouvoir au Québec. Actes du colloque de l'Association canadienne des sociologues et anthropologues de langue française, 1979, pp. 17-26. Textes publiés sous la direction de Nadia Assimopoulos, Jacques T. Godbout, Pierre Hamel et Gilles Houle. Montréal: Les Éditions coopératives Albert Saint-Martin, 1980, 378 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur de diffuser cet article le 20 octobre 2006 dans Les Classiques des sciences sociales.] Introduction Je souhaite, tout d'abord, formuler quelques mises en garde qui vont, dans un sens, bien au delà de mon intention, avouée d'entrée de jeu, de ne pas tout dire à propos d'un tel thème. Je sélectionnerai donc la matière et procéderai à un découpage de l'objet qui tiendra compte d'une conception, que je souhaite défendre, du pouvoir politique. Dans une société donnée, les problèmes de l'ordre du politique sont d'abord et essentiellement fonction de la coordination, de la régulation, de l'organisation sociales globales d'une entité sociale en tant que tout capable de fonctions, de tâches plus ou moins diversifiées, complémentaires et intégrées. On peut alors développer des problématiques du politique, ou mieux encore du politique de l'État, pour approcher ce système de rapports de forces socio-politiques - rapports de classes ou de fractions de classes sociales par exemple - tournées vers la coordination, la régulation, l'organisation sociales globales. C'est donc par rapport à ce niveau d'une problématique sociale que je parlerai tout d'abord du pouvoir. J'ajoute que l'on peut évidemment, en ce qui a trait aux problèmes généraux du pouvoir ou de l'organisation politique du social, distinguer d'autres niveaux, réseaux ou processus politiques articulés plus ou moins directement entre eux et avec le niveau plus global déjà identifié. Il y a d'abord le réseau des appareils politiques, soit celui des appareils de gestion de la coordination du social, qui comprend l'appareil central d'État -pouvoir exécutif et législatif, et divers appareils sectoriels d'intervention. Il y a encore les formes plus phénoménales, morphologiques du politique, soit le système des représentations politiques, des partis politiques, de l'opinion politique, des suffrages électoraux, bref, le niveau de la scène ou du marché politique au sens restreint du terme. Le point de vue adopté va obliger à traiter de problèmes situés, le cas échéant, à l'un ou à l'autre de ces divers niveaux, tout en respectant à la fois leur grande autonomie et les mécanismes de relais et d'articulation entre eux. Aborder le problème de cette manière n'implique pas que je soutienne que des agents principalement économiques n'aient pas de pouvoir ou encore qu'il n'y ait pas, dans une société, de pouvoirs économiques - les mêmes affirmations pouvant être faites à propos d'agents à vocation plus proprement culturelle, idéologique ou même scientifique. L'objectif est ici plutôt d'illustrer comment ces agents sociaux interviennent aussi au niveau du politique - et le cas échéant au sein d'autres réseaux des processus politiques - en tant qu'agents appartenant également à ces ensembles de rapports et s'y manifestant. En se différenciant, le niveau du politique ne devient pas étanche. Finalement, le point de vue adopté s'oppose à une approche diffusionniste du pouvoir voulant que divers agents ou groupes d'agents sociaux aient plus ou moins de pouvoir. Le pouvoir n'est pas un continuum où divers groupes d'agents sociaux, en fonction d'une position occupée, amoncelleraient des sommes ou des masses plus ou moins imposantes ou abondantes de pouvoir. Le pouvoir fait plutôt appel à des rapports de forces socio-politiques comportant des positions plus ou moins dominantes ou plus ou moins dominées, et relatifs à des enjeux qui divisent, opposent les agents et groupes d'agents sociaux. Au sujet des problèmes de pouvoir au Québec, j'énonce quelques postulats qui encadrent mes propos plus qu'ils ne les structurent en parties ou sous-parties. Au Québec, il n'y a pas à l'oeuvre, au sens strict et fort du terme, de technocratie ou de technostructure très intégrées ou à forte base localiste, ou encore de technocrates autochtones. Ce qui ne veut en rien dire qu'il n'y a pas de classe bourgeoise ou plutôt de fraction autochtone de classe bourgeoise participant àla direction économique des forces d'accumulation. Dans la conjoncture actuelle du système des rapports de forces socio-politiques se disputant le contrôle de la coordination, de l'organisation sociales globales - donc au niveau du politique, de l'État - le poids des classes moyennes ou de fractions supérieures des classes moyennes est considérable et ne peut être négligé. Il ne s'agit aucunement, pour autant, de leur reconnaître un rôle proprement ou exclusivement hégémonique ou dominant. Dans la conjoncture récente au Québec s'est développée une certaine forme de société civile à la croissance de laquelle les appareils d'État ont contribué et dont un trait distinctif majeur aura été l'idéologie de la participation. En termes d'enjeux du pouvoir, la conjoncture actuelle de la société québécoise ne peut être dissociée de la question nationale, laquelle est fondamentalement de l'ordre du politique, tout en étant grandement masquée, déformée, camouflée par une certaine surpolitisation.
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