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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Jean-Christophe Marcel et Laurent Mucchielli, “La place d'André Davidovitch dans l'histoire de la sociologie du crime en France”. Un article publié dans Sociologie pénale: système et expérience. Pour Claude Faugeron. Textes rassemblés et présentés par Dan Kaminski et Michel Kokoreff, pp. 17-38. Les Éditions Erès, 2004, 334 pp. Collection Trajets. [Autorisation formelle accordée par M. Jean-Christophe Marcel et Laurent Muchielli le 3 août 2006, de diffuser cet article dans Les Classiques des sciences sociales.] Introduction Au temps de la « Belle Époque » (les années 1880-1914), le crime était potentiellement un des objets privilégiés de la construction des savoirs dans le cadre universitaire naissant des sciences humaines. Les années 1880 consacrent ainsi le mot de « Criminologie » sur un plan européen. Cependant, en France, ce mot ne sera jamais le nom d'une discipline universitaire à part entière. Dans son contenu, la criminologie de la fin du XIXe siècle est en effet une science que se disputent essentiellement des médecins (se réclamant principalement d'une « anthropologie criminelle », sous la conduite du médecin lyonnais Alexandre Lacassagne) et des juristes (pénalistes). Les deux grandes figures intellectuelles qui se disputent le leadership pour incarner les nouvelles sciences sociales vers 1900, Émile Durkheim et Gabriel Tarde, sont suffisamment occupés à tenter de faire reconnaître institutionnellement ce que le premier appelle « Sociologie », et le second « Interpsychologie » (Mucchielli, 1998 ; Mucchielli 1994, 287-312). Malgré ses responsabilités à la direction de la statistique judiciaire, son prestige acquis dans la confrontation avec l'école italienne de Lombroso et sa présence à la direction de la revue de Lacassagne (les Archives d'anthropologie criminelle) Tarde ne cherchera pas à développer une recherche collective en ce domaine. Au sein de l'équipe durkheimienne, la création d'une section « Sociologie criminelle » dès le premier volume de L'Année sociologique (1898) ne suffira pas non plus à impulser une véritable dynamique collective. La défection du responsable de cette rubrique (Gaston Richard), en 1907, signa son déclin progressif. Durant l'entre-deux-guerres, ce domaine de la sociologie ne subsiste plus que dans le plan de cette revue, que les héritiers de Durkheim s'efforcent de faire survivre. Homme clef du nouveau dispositif durkheimien avec Marcel Mauss, Maurice Halbwachs s'intéresse certes au suicide mais non à la criminalité. Il porte de surcroît un regard très distancé sur le principal lieu de développement des recherches sociologiques en ce domaine et à cette époque : l'École de Chicago (Marcel, 1999). Certes les études de « sociologie juridique et morale » ne cesseront de tenir une place importante chez les durkheimiens. Outre les travaux historiques d'auteurs tels que Louis Gernet, citons ceux de Paul Fauconnet, qui soutient en 1920 sa thèse de doctorat sur La responsabilité. Mentionnons aussi le travail de Georges Davy (1922) sur La foi jurée, qui retrace la formation du droit contractuel. Toutefois, malgré ces travaux, l'intérêt pour le crime dans les sociétés modernes disparaît à peu près complètement dans la sociologie universitaire française de l'entre-deux-guerres. C'est seulement à partir des années 1950 que se construira véritablement une sociologie du crime, à l'initiative d'Henri Lévy-Bruhl puis surtout de son « élève et continuateur » André Davidovitch (1912-1986) [1]. Voici pourtant un nom aujourd'hui totalement méconnu au-delà du cercle étroit des chercheurs qui s'intéressent à la sociologie de la déviance et des institutions pénales. C'est donc à une première présentation des grands axes de son œuvre que sont consacrées les pages qui suivent. [1] Nous reprenons cette juste formule de Robert, 1994, 431.
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