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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de M. Yves Martin [sociologue, Université Laval], “La conurbation de la région du Saguenay”. Québec: département de sociologie, Université Laval, 1952. Une édition numérique réalisée par Michel Fortin, bénévole, adjoint à la mairie, Ville de Saguenay. Introduction Il n'est pas besoin, semble-t-il, d'attendre une analyse approfondie pour constater que la "région du Saguenay" forme une entité bien réelle. Seule une étude complète permettrait, à coup sûr, d'en déterminer avec précision les limites géographiques, mais il est dès à présent facile d'en marquer le contour approximatif. La région du Saguenay [1] correspond, en gros, aux comtés actuels de Chicoutimi, de Lac-Saint-Jean et de Roberval. Une ligne encerclant les territoires développés ou en voie de développement passerait par les points suivants : lac Chibougamau et lac Mistassini, au nord; Dolbeau, au nord-ouest; Roberval, au sud-ouest; lac Jacques-Cartier, au sud; Anse Saint-Jean, au sud- est; lac Onatchiway, au nord-est. Cette immense étendue n'a été définitivement ouverte à la civilisation que vers 1838, deux siècles après sa découverte; la responsabilité de ce retard est imputable aux compagnies de fourrures, qui avaient acquis des droits exclusifs sur le territoire. La population du Saguenay est aujourd'hui d'environ 200 000 habitants, tous, à quelques milliers près, canadiens-français et catholiques. L'industrie et le commerce ont jusqu'à présent exploité deux richesses naturelles principales : les forêts et les cours d'eau. Les forêts couvrent une superficie d'environ 30 660 milles carrés. Les usines hydroélectriques ont une capacité actuelle de 2 240 000 chevaux-vapeur; les cours d'eau non aménagés fourniraient, selon les estimations, trois millions de chevaux-vapeur additionnels. L'exploitation du sous-sol (au lac Chibougamau, particulièrement) est de date récente; l'industrie minière modifiera vraisemblablement avant peu l'économie de la région. La nature et l'importance de cette économie apparaîtront à la lecture des lignes suivantes:
Il a suffi de cent années (1840-1940) pour que se constitue à la tête du Saguenay et autour du lac Saint-Jean une nouvelle aire culturelle à l'intérieur de la province de Québec. De cette forme particulière de "culture", on ne peut évoquer, pour le moment, que quelques traits superficiels: les habitants de la région du Saguenay parlent le français avec un accent typique et utilisent un vocabulaire propre à eux seuls; leur fierté régionale ou leur "régionalisme" constitue un autre élément caractéristique de leur mentalité. Les dix dernières années ont toutefois marqué l'amorce d'un mouvement d'identification de cette mentalité avec celle de Québec et même avec celle de Montréal : le Saguenay, grâce à une amélioration des voies de communication de toutes sortes, à cause aussi d'un développement économique intense, passe de l'état de "région fermée" à celui de "région ouverte".La conurbation centrale de la région Il semble qu'on puisse justement parler d'une région du Saguenay, s'il en est ainsi, le titre que nous avons choisi convient à une étude des villes de Chicoutimi, de Jonquière, de Kénogami, d'Arvida, de Bagotville, de Port-Alfred et de Grande-Baie [3]. Ces villes paraissent constituer le centre de toute la région. Nous considérons ici les diverses agglomérations énumérées comme un ensemble : c'est là une hypothèse qui se vérifiera, croyons-nous, au cours de ce travail. Nous allons centrer nos observations sur Chicoutimi, qui semble être le noyau même de la conurbation; et c'est surtout par référence à cette ville que nous parlerons des autres éléments du phénomène urbain analysé. [1] Il serait peut-être plus exact de nommer cette région celle du "Saguenay¾Lac-Saint-Jean"; cette appellation aurait d'ailleurs l'avantage de ménager toutes les susceptibilités locales. Quant à l'expression " Royaume du Saguenay", découverte chez Jacques Cartier, nous préférons en laisser l'emploi à l'industrie touristique. [2] Extrait d'un texte miméographié sur La région du Saguenay (1951), publié par la Société Saint-Jean- Baptiste de la Baie des Ha! Ha!. Nous n'avons pas vérifié toutes les prétentions des auteurs : nous reproduisons le paragraphe sous toutes réserves. [3] Saint-Alexis-de-la-Grande-Baie n'est à la vérité qu'un village : nous nous en occupons ici parce qu'il fait partie, en quelque sorte, de l'ensemble urbain de la Baie des Ha! Ha!.
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