“Population Investissement
Niveau de vie dans les pays sous-développés.
Bibliographie établie par Yves Martin”.
Un article publié l’ouvrage de l’Institut d’études démographiques sous la direction d’Alfred Sauvy, Le “Tiers-Monde”. Sous-développement et développement, pages 383-393. Réédition augmentée d’une mise à jour par Alfred Sauvy. Paris: Les Presses universitaires de France, 1961, 393 pp. Collection: Travaux et documents. Cahier no 39.
- I. Position du problème : économie et population dans les pays sous-développés
-
- II. Problèmes de méthode (instruments d'analyse, « modèles »)
-
- III. Le problème du quantum des Investissements
-
- IV. Le problème du choix des Investissements
I. Position du problème : économie et population
dans les pays sous-développés
CLARK Colin. - Population et niveaux de vie, Revue Internationale du Travail, août 1953, 68, 2, 103-124.
- C... affirme, en premier lieu, que la terre pourrait nourrir une population beaucoup plus nombreuse, si l'on arrivait à obtenir, sur tous les sols cultivables, des rendements égaux à ceux atteints aujourd'hui au Danemark. Il insiste, ensuite, sur le fait qu'on observe dès maintenant un ralentissement du rythme de la croissance démographique, précisément dans les pays où les possibilités d'améliorer la productivité agricole sont les plus grandes. Il énonce, finalement, trois conditions qui lui paraissent nécessaires pour que le rythme d'accroissement de la production soit supérieur à celui de l'expansion démographique : liberté de l'émigration hors de certaines régions isolées et surpeuplées ; aide financière, mais surtout ouverture de marchés en faveur des pays à forte pression démographique, où l'industrialisation est la seule perspective de progrès économique ; aide financière relativement plus importante pour les États les plus petits et les plus pauvres.
Conséquences sociales du progrès technique dans les pays sous-développés. Tendances actuelles et bibliographie, La Sociologie Contemporaine, 1954-1955, 3, 1, 75 p.
- L'auteur de cet ouvrage, G. Balandier, a tracé un large panorama des recherches et des publications touchant de près ou de loin les conséquences sociales du progrès technique dans les pays sous-développés. Signalons les rubriques intéressant plus étroitement le problème envisagé ici : la notion de sous-développement ; structures démographiques et processus des changements socio-économiques ; processus de transformation du contexte économique.
Determinants and consequences of population trends (The), (Population Studies, no 17), New-York, United Nations, 1953, Chap. xv : Implications of populations trends in under-developped countries, 262-287.
- Exposé d'ensemble des problèmes sociologiques et économiques liés aux caractéristiques démographiques dans les pays sous-développés. Sur le plan économique, l'analyse met en relief : recrutement de la main-d'œuvre, développement de la production agricole, industrialisation, etc. L'étude insiste sur l'ampleur des investissements nécessaires pour assurer un rythme de croissance économique supérieur au rythme de l'essor démographique. Elle évoque les données culturelles (inégalité sociale, analphabétisme, etc.), qui peuvent constituer des obstacles au progrès économique. Enfin, elle passe en revue les points de vue qui s'affrontent quant aux moyens aptes à freiner la croissance de la population.
Facteurs du progrès économique, Bulletin International des Sciences Sociales, 1954, 6, 2, 169-336.
- Compte rendu du 4e colloque de l'Association internationale de science économique (tenu à Santa Margherita, Italie, en 1953). Signalons les textes plus particulièrement axés sur l'objet de notre recherche : Kuznets Simon, Population, revenu et capital ; Singer Hans W., Problèmes de l'industrialisation des pays insuffisamment développés ; Cairneross A.K., La place du capital dans le progrès économique ; Domar Evsey D., Les interrelations entre le capital et la production dans l'économie américaine ; Sauvy Alfred, Migrations et formation professionnelle comme condition et conséquence du progrès.
FRANKEL Herbert S. - The Economic Impact on Under-developed Societies. Essays on International Investment and Social Change. Oxford, Basil Blackwell, 1953, 1 vol. in-8˚), vii + 179 p.
- Le développement économique de sociétés peu évoluées implique une profonde transformation des structures économiques et sociales traditionnelles : tel est le thème central des neuf articles que réunit cet ouvrage. Les cinq premiers envisagent divers aspects théoriques du problème, tandis que les suivants sont consacrés à des analyses relatives à l'Afrique.
KUZNETS Simon, MOORE Wilbert E, SPENGLER Joseph J. -Economic growth : Brazil, India, Japan : Durham, N.C., Duke University Press, 1955, 1 vol. in-8˚, xi + 613 p.
- Compte rendu de recherches entreprises sous l'égide du « Commitee on Economic Growth of the Social Science Research Council ». Le volume réunit trois séries d'études relatives au Brésil, à l'Inde et au Japon. Les premières analysent, pour ces pays, les caractères de la croissance économique (évolution de la production globale et de l'accumulation du capital, transformations de la structure industrielle, etc.). Cette section s'ouvre sur une étude de Simon Kuznets : Problems in Comparisons of Economic Trends. La seconde série d'articles est consacrée à l'examen de la relation entre les facteurs démographiques et la croissance économique ; le chapitre d'introduction est signé par Wilbert E. Moore : Population and Labour in Relation to Economic Growth. Une dernière section groupe des études portant sur le thème indiqué par l'article introductif de Joseph J. Spengler : Social Structure, the State, and Economic Growth.
LEDUC Gaston. - Le sous-développement et ses problèmes, Travaux du Congrès des économistes de langue française 1952, Paris, Domat-Montchrestien, s.d., 1 vol. in-8˚, pp. 7-71 (rapport) et pp. 107-212 (discussion).
- Le rapport de L... et la discussion, qui l'a suivi, ont porté sur trois points principaux : analyse du sous-développement, conditions et modalités de la croissance, aspects financiers du développement. L... insiste sur la diversité des conditions qui caractérisent les différents pays sous-développés et, par suite, sur la nécessité d'envisager des types divers de croissance. Dans l'élaboration de modèles, l'économiste doit, selon lui, se garder d'une référence trop simple à l'essor - conçu comme prototype - des pays évolués, au siècle dernier. De même faut-il éviter une « opposition artificielle » entre le développement du secteur industriel et celui du secteur agricole. L... opte en faveur d'une certaine « planification », demeurant d'ailleurs compatible avec le maintien d'un large secteur privé. Il souligne, enfin, l'importance de la recherche de techniques financières adaptées au cas des pays sous-développés. Évoqués par L..., les problèmes démographiques ont souvent été au centre de la discussion : notons, à ce propos, les interventions de F. Perroux, M. Bye, A. Sauvy, P. Fromont, M. Allais, J. Weiller.
Niveaux de développement et politiques de croissance. Introduction à leur étude. Paris, Institut de Science Économique Appliquée, 1955, Cahiers, Série F, 2 fascicules, 182 et 164 p.
- Sous la direction de F. Ferroux et de M. Bye, un groupe de travail se consacre, à l'I.S.E.A., à l'étude de la croissance économique des pays sous-développés. En marge de ses recherches, le groupe a entrepris une enquête auprès d'universitaires et de hauts fonctionnaires. Dans les présents fascicules, on trouve les réponses de J. de Largentaye, K. Martin et L. Rist, de même que des études de F. Perroux : Trois outils d'analyse pour l'étude du sous-développement (Économie désarticulée. - Coûts de l'homme. - Développement induit.) et de M. Bye : La grande unité interterritoriale dans l'industrie extractive et ses plans.
HOSELITZ Bert F. - Progress of Underdeveloped Arcas (The) ; Chicago, The University of Chicago Press, 1952, 1 vol. in-8˚, x + 297 p.
- Recueil d'études consacrées à la recherche des problèmes que pose le développement économique sur les divers plans : culturel, social et politique. Ces études sont groupées sous les trois rubriques suivantes : la croissance économique envisagée du point de vue historique ; les aspects culturels du développement économique ; problèmes de politique économique.
SAUVY Alfred. - Théorie générale de la population, Bibliothèque de Sociologie contemporaine, Presses Universitaires de France, 2 vol., in-8˚. Vol. 1 . « Économie et population », 1952, 370 p. 1 vol. Il : « Biologie sociale », 1954, 397 p.
- Les thèses exposées sont à la base de l'étude du problème « population - investissement - niveau de vie dans les pays sous-développés ». Le modèle présenté ici même par L. Tabah met particulièrement en relief la richesse de la distinction, due à S..., entre les « investissements démographiques » et les « investissements économiques ». Deux chapitres de l'ouvrage portent plus précisément sur les liaisons entre l'aspect économique et l'aspect démographique du problème des pays sous-développés : Les pays sous-développés : Marx ou Malthus ? (I, XVIII) ; Les pays sous-développés et le surpeuplement (II, XIII).
World population and resources. A Report by P.E.P. London, Political and Economic Planning, 1955, 1 vol. in-8˚, 339 p.
- Ce volume, conçu à l'intention des non-spécialistes, propose une vue globale du problème population-ressources à l'échelle mondiale. Il comporte trois parties principales. La première, destinée à situer le problème dans son ensemble, met en parallèle, d'une part, une analyse de l'expansion de la population mondiale et, d'autre part, un tableau des ressources alimentaires, minières et énergétiques. La deuxième partie présente un examen de la situation particulière de dix-neuf types de pays ou territoires. Une troisième partie passe en revue les politiques de population : politique d'expansion (France, U.R.S.S.), politique de restriction (Inde, Japon), politique de stabilisation (Suède, Royaume-Uni).
WOYTINSKY W.S. and WOYTINSKY E.S. - World Population and Production. Trends and Outlook. New-York, The Twentieth Century Fund, 1953, 1 vol. in-8˚, LXXII + 1.268 p.
- Cet ouvrage offre un tableau remarquable de la population, des ressources et de la production à l'échelle du monde. Par la richesse de la documentation qu'elle réunit, à propos de tous les pays, cette « somme » est un instrument de travail utile aux chercheurs préoccupés du problème de la croissance économique.
II. Problèmes de méthode
(instruments d'analyse, « modèles »)
Analyses and Projections of Economic Development. 1. An Introduction to the Technique of Programming. A Study Prepared by the Economic Commission for Latin America. New-York, United Nations, 1955, 52 p.
- Essai de mise au point d'une technique de prévision, à l'intention des économistes chargés de construire des schémas de croissance économique adaptés aux pays sous-développés. Les auteurs proposent ici une généralisation et une systématisation fondées sur leurs expériences en Amérique Latine. Selon eux, la prévision implique la démarche suivante : 1˚ Déterminer les objectif du développement, à partir d'un « diagnostic » de l'économie en cause et d'une analyse des « trends » qui s'y manifestent ; 2˚ Évaluer les investissements devant permettre un certain taux d'accroissement du revenu ; 3˚ Estimer les effets d'un accroissement des investissements sur la consommation, sur l'épargne, sur la capacité à importer ; 4˚ Étudier, secteur par secteur, la croissance probable de la demande ; 5˚ Préciser l'orientation souhaitable de la production, compte tenu des données relatives à la main-d'oeuvre, à la productivité par travailleur et par unité de capital. À titre d'illustration, le second chapitre présente des « perspectives »établies à la lumière de l'évolution de l'Amérique Latine depuis un quart de siècle. Les deux derniers chapitres reprennent plus en détail le problème des « perspectives globales » et celui des « perspectives par secteurs ».
BARRÈRE Alain. - L'Analyse des relations entre le capital et la production, Revue d'Économie Politique, mai-juin 1955, 65, 3, pp. 332-408.
- Après avoir défini, comme instruments d'analyse, deux types de coefficients de capital - le « coefficient d'intensité du capital » (rapport capital/produit) et le « coefficient de capitalisation » (rapport capital/revenu employé), - B. étudie les relations structurelles et fonctionnelles entre le capital et la production, au niveau de l'économie nationale, au niveau de l'industrie et au niveau de la firme.
BRUTON Henry J. - Growth Models and Underdeveloped Economies, The Journal of Political Economy, août 1955, 63, 4, 322-336.
- Les modèles élaborés par les théoriciens de la croissance économique (par R.F. Harrod, E.D. Domar, W. Fellner, notamment) s'appuient sur des hypothèses formulées en fonction de la situation des pays économiquement évolués. Il y a lieu de rechercher les conditions dans lesquelles ces hypothèses conserveraient leur validité pour les pays sous-développés. B. étudie, dans cette perspective, les hypothèses relatives au rapport capital-production, à la propension à épargner et aux termes de l'échange. Ses analyses l'amènent à insister sur le rôle fondamental des changements technologiques. L'apport de capitaux étrangers est une condition essentielle, mais non suffisante, du développement des pays sous-développés : de ces populations elles-mêmes dépend l'assimilation des techniques nouvelles.
CLARK Colin. - The Economy of the Under-Developed Countries, Review of Economic Progress, avril-juin 1952, 4, 1-8.
- Exposé et commentaire d'analyses statistiques relatives à la consommation, à la production, à l'investissement et à l'épargne dans les pays sous-développés. C... soumet ici, notamment, les résultats d'une recherche destinée à préciser le rapport entre le capital et le revenu dans une économie en voie de développement. Ces résultats (fondés sur un très petit nombre de données) lui semblent confirmer des calculs antérieurs : pour augmenter chaque année de 1% le revenu par tête, il serait nécessaire d'augmenter le stock de capital de 4% par an.
FELLNER William. - Long-term Tendencies in Private Capital Formation. The Rate of Growth and Capital Coefficients, in : Long-range Economic Projection, Studies in Income and Wealth, Vol. 16, by the Conférence on Research in Income and Wealth, Princeton, Princeton University Press, 1954, 1 vol. in-8˚, pp. 275-331.
- Exposé d'une méthode de prévision des investissements. La méthode implique essentiellement une double démarche : a. Formulation d'hypothèses sur le taux futur de croissance de la production, compte tenu de l'évolution antérieure de la production, de l'évolution probable de la population, de la main-d'oeuvre, des ressources, etc. ; b. Évaluation des capitaux nécessaires à la réalisation de ce taux, à l'aide d'hypothèses relatives au coefficient d'intensité marginale du capital. F... présente une application de son modèle à l'économie américaine.
HOFFMANN Walther. - Croissance économique et plein emploi, Économie appliquée, juillet-décembre 1951, 4, 3-4, 393-409.
- Analyse des conditions du processus de croissance économique globale sur la base des hypothèses suivantes : a. La population augmente de 1% par an ; b. Le niveau de vie est considéré d'abord constant, puis variable ; c. La politique économique vise, à long terme, au plein emploi.
LEIBENSTEIN Harvey. - A Theory of Economic Demographic Development, Princeton, Princeton University Press, 1954, 1 vol. in-8˚, xi + 204 p.
- Selon L.... le sous-développement peut se définir par un équilibre de misère dans des populations pré-malthusiennes. Après avoir recherché les caractéristiques de ce type d'équilibre, il élabore des modèles théoriques devant permettre une croissance harmonieuse de la population et de l'économie. L'analyse tente de tenir compte, le plus largement possible, des facteurs sociologiques.
MANDELBAUM K. - The Industrialisation of Backward Areas, Institute of Statistics, Monograph no 2, New-York, Kelley & Millman, Inc., 2e éd., 1955 (1re éd., 1945), 1 vol. in-8˚, 111 p.
- Cet ouvrage propose un schéma théorique d'industrialisation de pays pauvres et à forte pression démographique. Le modèle est établi en fonction d'une situation typique, celle des pays de l'Europe du Sud-Est vers 1937. M... suppose d'abord que chaque année - pendant une période de cinq ans - un certain nombre de personnes sont affectées à la production hors du secteur agricole ; il analyse ensuite les effets de cette orientation de la main-d'œuvre sur la croissance et la structure de la production, sur le volume et la composition des échanges internationaux ; il évalue enfin les besoins en capitaux dans les différents secteurs d'investissement.
OKYAR Osman. - La théorie keynésienne et l'économie sous-développée, Économie appliquée, janvier-mars 1951, 4, a, 85-110.
- Recherche de ce que peut être l'apport de la théorie keynésienne au problème du développement économique des pays sous-développés. À la lumière de l'expérience turque, O... critique le modèle de K. Mandelnaum (voir analyse ci-dessus) pour autant que ce dernier prend appui sur la conception keynésienne du multiplicateur. L'interdépendance des principales quantités globales constitue, par contre, un enseignement de Keynes gardant toute sa validité dans l'élaboration de programmes de développement pour les pays sous-développés.
RAO V.K.R.V. - Investment Income and the Multiplier in an Under-Developed Economy, The Indial Economic Review, février 1952, 1, 1, 55-67.
- Critique de l'application, au problème des pays sous-développés, de certaines idées keynésiennes en matière de politique économique. Les mesures qui, dans les pays développés, tirent leur efficacité du jeu du multiplicateur ne sont plus valables dans le cas d'une économie sous-développée, comme celle de l'Inde, où le principe de multiplication, tel que l'a formulé Keynes, ne peut s'appliquer.
ROSENSTEIN-RODAN P.N. - Problems of Industrialisation of Eastern and SouthEastern Europe, The Economic Journal, juin-septembre 1943, 202-211.
- L'industrialisation d'une région comme celle de l'Europe de l'Est et du Sud-Est pourrait être menée selon deux voies fondamentalement différentes : la voie de l'autonomie et de l'autarcie ou celle de l'intégration à l'économie mondiale. R.R. opte pour le second mode d'industrialisation, en raison des avantages que lui semble offrir la « division internationale du travail ». Après avoir souligné le fait que l'oeuvre à entreprendre ne présente pas d'analogie avec le processus d'industrialisation de l'Europe au XIXe siècle, il propose de planifier l'ensemble de l'industrie à créer « comme une seule grande firme ou comme un trust ».
SINGER H. W. - The Mechanics of Economic Development. A Quantitative Model Approach, The Indian Economic Review, août 1952, 1, 2, 1-18.
- Analyse du processus de la croissance dans les pays sous-développés, vue sous l'angle des liaisons entre facteurs démographiques et facteurs économiques. S. présente d'abord un modèle numérique simple mais dont les enseignements sont nets. Le fonctionnement de ce modèle repose sur l'hypothèse d'un transfert de population du secteur agricole au secteur non-agricole. À partir des résultats fournis par ce schéma, S. établit un modèle plus général ; celui-ci tient en une seule équation reliant le taux de croissance économique (taux de croissance du revenu par tête), le taux de l'épargne, le taux de productivité du capital et le taux d'accroissement de la population.
III. Le problème du quantum des investissements
DOBB Maurice. Note sur « le degré d'intensité capitaliste » des investissements dans les pays sous-développés, Économie Appliquée, juillet-sept. 1954, 7, 3, 299-318.
- D. critique le point de vue suivant lequel les plans d'investissements, dans les pays sous-développés, doivent accorder la priorité aux projets exigeant une main-d'oeuvre abondante et peu de capitaux. Raisonnant sur un modèle simple, il montre que le problème se réduit en dernière analyse à une option entre un accroissement immédiat des biens de consommation se poursuivant à un rythme lent, et un accroissement différé mais se poursuivant à une cadence plus rapide.
KUZNETS Simon. - Les différences internationales dans la formation du capital et son financement, Économie Appliquée, avril-sept. 1953, 6, 2-3, 341-407.
- Cet article contient une étude du rapport entre la formation du capital et le produit national, à partir de données relatives à divers pays évolués. Posant d'abord le problème de la définition de l'investissement, K. expose le point de vue suivant : dans une étude de la croissance économique, il serait souhaitable de considérer comme investissement toute dépense susceptible d'accroître la production. Les limites de la documentation obligent toutefois à retenir une définition beaucoup plus étroite.
- La relation qui lie l'investissement net à l'investissement brut est fonction du taux d'amortissement et du taux de croissance de la production nationale : plus le taux de croissance du produit national est faible, plus grande est l'importance relative de l'amortissement dans l'investissement brut. D'observations sur quelques séries longues relatives aux États-Unis, au Royaume-Uni, à la France, etc., K. conclut que le taux d'investissement a atteint un niveau élevé quelque temps après l'accélération du taux de croissance, pour baisser ensuite, en général graduellement, parfois brutalement. Les séries longues montrent, par ailleurs, que la croissance séculaire du revenu par tête ne s'est pas accompagnée d'un accroissement dans le rapport entre l'épargne et le produit national. Analysant le rôle de l'investissement extérieur, K. note la faiblesse relative des importations nettes de capitaux ; mais celles-ci ont eu d'autant plus d'importance qu'elles représentaient le solde de flux bruts beaucoup plus importants.
Les investissements dans le monde. Études et conjoncture, série : « Économie mondiale » ; numéro spécial hors-série : Quelques aspects fondamentaux de l'économie mondiale, Paris, Imprimerie Nationale et Presses Universitaires de France, 1951, 1 vol. in-4˚, pp. 153-302.
- Un premier chapitre propose - pour la période antérieure à1914, pour l'entredeux guerres et pour les années récentes - un classement des divers pays suivant l'importance de la fraction de leur revenu national qu'ils consacrent à l'investissement : l'écart entre le niveau d'investissement nécessaire au progrès économique (soit, plus de 10% du revenu national) et le niveau observé dans les pays sous. développés y est particulièrement mis en évidence. Un second chapitre analyse l'importance respective des divers modes de financement des investissements. Le dernier chapitre étudie l'évolution historique et géographique de l'investissement international et les perspectives d'avenir en ce domaine.
Mesures à prendre pour le développement économique des pays insuffisamment développés. Rapport d'un groupe d'experts nommé par le Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, New-York, Nations Unies, 1951, 1 vol. in-8˚, ix + 112 P.
- Ce rapport, largement connu et souvent commenté, envisage le problème économique des pays sous-développés sous l'angle de l'emploi. Posant le développement économique comme remède au sous-emploi, les experts proposent les mesures à prendre à cette fin, tant sur le plan national que sur le plan international. Ils insistent notamment sur l'ampleur des investissements nécessaires au relèvement du niveau de vie dans ces pays : ils évaluent à 19 milliards de dollars (soit 14 milliards de capitaux étrangers) le montant des investissements qui auraient été nécessaires, en 1949, pour assurer au cours de cette année un accroissement de 2% du revenu par tête dans les pays sous-développés.
NURKSE Ragnar. - Problems of Capital Formation in Underdeveloped Countries, Oxford, Basil Blackwell, 1953, 1 vol. in-8˚, 163 p.
- La dimension réduite du marché, dans un pays sous-développé, constitue selon N. le principal obstacle à son développement économique. Une croissance équilibrée implique l'injection simultanée de capital dans plusieurs industries complémentaires. Le développement doit s'effectuer principalement en fonction des besoins locaux ; la spécialisation internationale ne peut constituer une solution satisfaisante, car le problème de l'équilibre se pose aussi sur le plan global. Traditionnellement, l'investissement étranger dans les pays sous-développés a été stimulé par les besoins en matières premières des pays créditeurs. Comment aujourd'hui trouver les capitaux nécessaires à une croissance équilibrée ? Sur le plan interne, le problème se pose différemment suivant qu'il s'agit de pays surpeuplés ou de pays où la pression démographique est faible ; dans le premier cas, l'utilisation des chômeurs déguisés peut, moyennant des contrôles appropriés, favoriser le développement de l'épargne ; dans le second cas, l'amélioration de la productivité agricole doit nécessairement accompagner le transfert de main-d'oeuvre des secteurs non productifs aux secteurs productifs. L'accroissement de la productivité n'entraîne pas automatiquement une augmentation de l'épargne : transposant sur le plan international la théorie de Duesenberry, N. attache beaucoup d'importance à l'attraction que peuvent exercer sur la propension à consommer des pays pauvres les modes de consommation des pays riches. Il voit là un argument de plus pour maintenir un contrôle strict de la propension à consommer. Parmi les sources externes de capital, N. souligne sa préférence pour les emprunts publics susceptibles d'être employés dans un programme d'ensemble. Il montre, par ailleurs, le peu d'efficacité d'une politique commerciale fondée sur la protection tarifaire. Enfin, il marque fortement que l'aide étrangère ne constitue pas une panacée ; l'effort essentiel doit se manifester sur le plan interne.
PREBISH Dr Raul. - The Relationship Between Population Growth, Capital Formation and Employment Opportunities in Under-developed Countries, Communication présentée au Congrès mondial de la Population, Rome, 1954, 15 p. (ronéotypé).
- Le problème du développement économique, dans les pays de l'Amérique Latine, tient essentiellement à l'augmentation rapide de la population et à la faible productivité du travail. P. recherche, en premier Heu, les conditions de la croissance économique dans cette région, compte tenu de l'expansion démographique. Il suggère les grandes lignes d'un schéma de développement, en insistant sur les perspectives relatives au besoin de capitaux étrangers. L'analyse porte, en second lieu, sur les conséquences probables de la croissance par rapport à la répartition de la main-d'oeuvre entre les divers secteurs de l'économie, de même qu'entre les zones rurale et urbaine du territoire.
ROSENSTEIN-RODAN P.N. - Les besoins de capitaux dans les pays sous-développés, Économie Appliquée, janv.-juin 1954, 7, 1-2, 77-87.
- Commentant le rapport des experts des Nations Unies sur les Mesures à prendre pour le développement économique des pays sous-développés, R.R. se déclare d'accord avec les experts sur le point suivant : la productivité des investissements est plus faible dans les pays sous-développés que dans les pays développés. Le rapport capital-revenu est de 3,5/1 aux États-Unis ; il serait au moins de 4/1 dans les pays sous-développés. Mais R.R. ne croit pas que l'aide internationale doive atteindre le montant proposé par les experts, soit 14 milliards de dollars par an. Une croissance annuelle du revenu par tête de 1% serait déjà « un grand progrès » et constituerait un objectif suffisant. Dans ces conditions, et compte tenu de l'épargne interne qu'il serait ainsi possible de dégager, l'aide internationale nécessaire s'élèverait à environ 1,5 ou 2 milliards de dollars par an. On doit se demander si le calcul ne sous-estime pas les besoins de capitaux nécessaires pour faire face aux seuls investissements démographiques.
SPENGLER Joseph C. - Capital Requirements and Population Growth in Underdeveloped Countries, Communication présentée au Congrès mondial de la population, Rome, 1954, 11 p. (ronéotypé).
- Les besoins de capital dans les pays sous-développés sont divers. Exprimés en termes relatifs, ils varient, notamment, en fonction du rapport existant entre la population et les ressources naturelles inexploitées, des transformations dans la structure de la population, enfin, de l'assimilation plus ou moins rapide de techniques nouvelles.
IV. Le problème du choix des Investissements
BOHR Kenneth A. - Investment Criteria for Manufacturing Industries in Underdeveloped countries, B.I.R.D. Economic Staff, février 1953, 19 p.
- L'élaboration d'une politique d'investissement, s'appuyant sur les principes de la productivité marginale et des coûts comparatifs, exige une analyse des types d'activité manufacturière s'adaptant le mieux aux conditions particulières des pays sous-développés. A cette fin, B. affecte à chacune des branches de l'industrie manufacturière une série de coefficients destinés à la caractériser par rapport aux points suivants : besoins de capitaux et de main-d'oeuvre qualifiée, exigences relatives à la taille des installations et à leur localisation.
BUQUET Léon. - Le calcul économique dans les plans d'investissement au Brésil, Économie Appliquée, oct.-déc. 1952, 5, 4, 585-608.
- Abordant l'étude de l'« avantage collectif » dans une économie en voie de développement, cet article pose, à propos du cas particulier du Brésil, l'importante question de savoir s'il est possible de donner des bases rationnelles à une politique d'investissement. Trois aspects essentiels de la question sont soumis à examen : celui de l'optimum d'investissement, celui du choix des investissements et celui de la collaboration internationale au financement des investissements.
CRENERY Hollis B. - The Application of Investment Criteria, Quarterly Journal of Economics, fév. 1953, 67, 76-96.
- Acceptant la thèse de A.E. Kahn (voir ci-dessous), C. étudie ici la possibilité de mesurer le bénéfice social à attendre de projets particuliers d'investissements dans les pays sous-développés. A partir de données relatives à la Grèce, à la Turquie, à l'Italie du Sud et au Portugal, il construit un modèle destiné à servir de cadre pour la formulation d'un programme optimum d'investissement.
DELLA PORTA Glauco. - Reflessioni in tema di investimento publico e sviluppo economico, in Theoria e politica dello sviluppo economico, Milan, Antonino Giuffrè, 1954, 1 vol. in-8˚, 303-331.
- Cette étude porte sur le problème du quantum et du choix des investissements publics dans une économie sous-développée. D.P. soumet d'abord à un examen critique la théorie du « quantum minimum de capital social fixe » (P.N. Rosenstein-Rodan), le principe de l'« avantage collectif » comme critère du choix des investissements (L. Buquet), et, enfin, le critère de l'aptitude d'un investissement à susciter des revenus additionnels durables (U. Papi). Il montre, ensuite, comment le choix des investissements publics doit être établi en tenant compte des trois points de vue, mais tout particulièrement du principe de l'« avantage collectif ».
GALENSON Walter et LEIBENSTEIN Harvey. - Investment Criteria, Productivity, and Economic Development, The Quarterly Journal of Economics, août 1955, 69, 3, 343-370.
- Étude consacrée au problème du choix des investissements dans les programmes de développement économique des pays sous-développés. G. et L. cherchent à démontrer les insuffisances de la règle de la « productivité sociale marginale », proposée par A.E. Kahn (voir ci-dessous). Insistant sur l'importance des transformations structurelles, nécessaires au déroulement du processus de la croissance économique, ils prennent parti en faveur de l'introduction aussi rapide que possible des techniques modernes de production.
KAHN Alfred E. - Investment Criteria in Development Programs, Quarterly Journal of Economics, fév. 1951, 65, 38-61.
- A l'opposé de certains auteurs, notamment de J.J. Polak (voir ci-dessous), K. adopte, comme critère du rendement d'un investissement, celui de la « productivité sociale marginale ». Le taux d'intensité capitalistique d'un investissement importe moins que l'effet global net qui en résulte sur le plan de la production nationale. C'est essentiellement en fonction de ce critère que doit être déterminée la composition - variable suivant les circonstances - d'un programme d'investissements.
MARCZEWSKI Jan. A la recherche d'un optimum d'investissement, Économie Appliquée, janv.-mars 1948, 1, 111-135.
- Essai de définition, sur le plan théorique, de l'optimum d'investissement, compte tenu des points de vue opposés de l'individu et de la collectivité. La notion d'optimum d'investissement apparaît finalement à M. comme un concept « hétérogène », dont le contenu varie suivant la diversité des situations concrètes ; cela tient, selon lui, à l'indétermination « beaucoup plus profonde et insoluble de la notion d'utilité ».
MARRAMA Vittorio. - Considerazioni sui criteri di investimento nei paesi sottosviluppati, Bancaria, juill. 1954, 731-741.
- Pour évaluer le « bénéfice social » d'un projet d'investissement, le premier critère à retenir est celui des répercussions sur le revenu national. En plus de l'« effet de revenu », il faut tenir compte, ensuite, de l'« effet sur la balance des paiements », puis - ce qui est plus rarement souligné - de l'« effet sur la distribution des revenus ». L'objectif d'un plan d'investissement doit être d'assurer la meilleure combinaison possible des trois types d'incidences.
POLAK J.J. - Balance of Payments Problems of Countries Reconstructing with the Help of Foreign Loans, Quarterly Journal of Economics, fév. 1943, 208-240.
- Recherche de l'orientation à donner aux projets d'investissements financés par des prêts étrangers, de façon à éviter des difficultés relatives à la balance des paiements. Selon P., la meilleure façon de parer à ces difficultés est d'accorder la priorité, dans un programme de reconstruction ou de développement, aux investissements dans des secteurs de faible intensité capitalistique.
PRADEL P. M. - L'optimum d'investissement, Revue d'Économie Politique, 1953, 63, 2, 352-383.
- Trois critères peuvent servir à la détermination de l'optimum d'investissement : celui de la productivité nationale maximale ; celui du maximum de satisfaction subjective et celui du plein emploi. Le « véritable optimum » se définit par rapport à cette triple exigence. Seul, selon P., un régime de concurrence pure pourrait parvenir spontanément à l'optimum ainsi conçu.
SAUVY Alfred. - Influence du progrès technique et des investissements sur l'emploi, Communication présentée au Congrès mondial de la Population, Rome, 1954, 10 p. (ronéotypé).
- Le choix des investissements à réaliser dans une économie doit être établi en fonction de leur rentabilité du point de vue de la collectivité prise dans son ensemble. Le progrès que permet un investissement dans un secteur particulier de l'économie peut n'être qu'un progrès « apparent », si on en considère les conséquences pour la collectivité. Aux investissements « récessifs » s'opposent les investissements « processifs », susceptibles d'augmenter à la fois, et de façon durable, la productivité et l'emploi. Pour définir le caractère processif ou récessif d'un investissement, il est notamment important d'en rechercher les répercussions sur la structure de la consommation : ainsi, par exemple, le partage des terres peut, en l'absence de mesures adéquates, entraîner une diminution des emplois dans le secteur secondaire ou le secteur tertiaire, par suite de la diminution de la dépense chez les anciens propriétaires.
Rapport capital-travail dans certaines industries de divers pays. Un rapport sur le progrès. Institut Économique Néerlandais, décembre 1955.
- Compte rendu d'une recherche visant à établir une statistique -du « capital investi par personne employée », dans divers secteurs de la production. Cette statistique doit permettre de comparer l'intensité capitalistique d'un type donné d'industrie, dans des économies parvenues à des niveaux différents de développement.
Yves MARTIN
Département de sociologie,
Université Laval.
|