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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

LE MÉTIER D’ADULTE N’EST PLUS CE QU’IL ÉTAIT. (Le goût de vivre.) ” (2002)
Quelle histoire allons-nous raconter à nos enfants ?


Une édition électronique réalisée à partir du livre de Laurent MARTY, LE MÉTIER D’ADULTE N’EST PLUS CE QU’IL ÉTAIT. (Le goût de vivre.) Paris: Éditions Planète Jeune et L'Atelier d'ethnologie, 2002, 79 pp. [Autorisation formelle accordée par l’auteur le 23 mars 2010 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales.]

Quelle histoire
allons-nous raconter à nos enfants ?



Les observateurs de notre époque convergent vers un constat enthousiasmant (et inquiétant) : dans nos sociétés fragmentées en mutation incessante, l'individu a pour une large part à construire lui-même son chemin.

Il lui faut s'autoriser, devenir lui-même l'auteur de l'histoire qu'il vit.


Quelle histoire désormais allons-nous raconter à nos enfants, si nous sommes nous mêmes en train de construire notre existence?


Voici les réponses des intervisionnaires de Strasbourg.


L’autorisation analysée par les Sciences Humaines

Dans nos sociétés en quête de sens[1], l'individu d'aujourd'hui dans son processus de socialisation [2]est à la recherche de soi[3]. Il s'interroge : Dans quelle société vivons-nous?[4] Faute d'obtenir des réponses toutes faites, de disposer de repères préétablis, il fait des expériences[5], et finalement, il s'avère que Rien n'est plus pareil, et ça n'est pas un drame[6]. Dans ce monde ouvert, on peut Etre d'ici et du monde[7] retrouver du plaisir dans la vie locale avec les gens sans prétention qui l'habitent[8], tout en étant citoyen du monde. Voyager[9] et faire l'éloge de l'intimité[10], redécouvrir les nourritures affectives[11]et apprécier de s'initier ensemble à l'art de cultiver les projets[12].

Ce pot pourri de travaux en Sciences humaines récents (dans lequel je me suis permis de glisser deux de mes œuvres) donne un aperçu du contexte général qui génère les pratiques d'autorisation. Un important travail est à l'œuvre, dans lequel les gens se construisent eux-mêmes en construisant leur relation à l'autre et au monde. Pour un nombre croissant de personnes, les pratiques d’autorisation s'installent dans leur existence comme ce qui les tient debout, et ce qui nous tient ensemble.


Au cœur de l'Europe, les 27 communes de la Communauté urbaine de Strasbourg. 450.000 habitants dont un fort pourcentage de jeunes[13]. Ici, comme ailleurs, des jeunes vivent leur vie, cherchent leur place et font parler d'eux  -  Strasbourg a acquis la fâcheuse renommée d'être la ville où l'on brûle des voitures pour les fêtes de fin d'année… Ici comme ailleurs, des adultes, parents, enseignants, élus, animateurs, éducateurs, policiers, tous ceux qui constituent le "parent collectif" aujourd'hui, font leur métier du mieux qu'ils peuvent. Pour vous connecter avec eux, je vous propose un outil de navigation très sophistiqué, et toujours moderne bien que vieux comme le monde : l'art de raconter des histoires. Pendant un an, réunis par Planète Jeune[14], des gens qui font métier d'être avec les jeunes ont raconté, chacun à sa manière, leurs histoires sur le métier d'adulte. Ces histoires nous ont tellement passionné qu'elles nous ont donné l'envie de vous les raconter à notre tour.


Le principe de l'intervision est simple : à chaque séance, les participants racontent des histoires vécues, et une discussion s'engage. Les rencontres sont à la fois régulières et suffisamment espacées pour laisser le temps aux questions de cheminer. Deux groupes de 10-15 personnes se sont réunis une fois par mois pendant près d'un an, jusqu'à ce qu'ils aient fait le tour de ce qu'ils avaient à se dire. Les participants sont tous engagés d'une manière ou d'une autre dans les politiques de la jeunesse, comme animateurs, éducateurs, responsables de centres de formation, agents spécialisés dans les administrations (ministère, services jeunesse des municipalités. et du Conseil général…). En tout, 44 personnes âgées de  23 à 65 ans ont participé à l'intervision.  

Planète Jeune et les lieux dédiés aux jeunes

Planète Jeune est une structure légère ayant pour but de faciliter la concertation et la coopération des partenaires qui contribuent à l’organisation des activités de loisirs pour la jeunesse à l'échelle de l'agglomération Strasbourgeoise.

L'offre de loisirs est dispersée, et évolutive. La demande provenant des jeunes est individualisée, fragmentée, mouvante. Le demandeur souhaite souvent essayer avant de s'engager de façon plus prolongée dans telle ou telle pratique de loisirs. Comment arriver à articuler dans ces conditions l'offre et la demande?

Il ne s'agit pas simplement de proposer un catalogue d'activités. C'est un véritable travail d'expérimentation et de construction avec les élus et acteurs des différents territoires, de sorte qu'ils puissent trouver leur place dans la dynamique qui leur est propre, et que les jeunes bénéficient ainsi d'un choix large, renouvelé et de qualité.

Dans le cadre de cette démarche de réflexion et d'expérimentation Planète  Jeune a propose en 2001 aux professionnels de la jeunesse de participer à un travail d'intervision à partie de l'analyse suivante :

"La gestion des espaces et des lieux dédiés aux jeunes est un problème récurrent dans les politiques jeunesse. Cette problématique est renforcée depuis quelques années par des demandes émanant de groupes de jeunes concernant la jouissance directe de locaux.

Derrière cette demande se cristallisent plusieurs enjeux : la relation des jeunes à l'espace public, la place et le rôle des structures de quartier, le besoin de reconnaissance des jeunes, la place des professionnels et des référents sociaux, les contraintes de l'auto­gestion et/ou de l'auto-régulation, le fonctionnement de lieux non dédiés à une activité (foyer), la notion de projet etc...

Plusieurs projets sont en cours aujourd'hui sur la Communauté Urbaine de Strasbourg. et ce à différents niveaux de réalisation ; l'opportunité de créer un moment d'échange et de réflexion afin d'analyser ces expériences, nous semble donc pertinente."



Une particularité notoire du groupe d'intervision : c'est un lieu hors enjeux (financiers, institutionnels, etc…), animé par une personne qui elle-même n'est pas du tout impliquée dans les enjeux locaux.

L'intervision, comme la télévision, est un puissant moyen d'émettre et de recevoir informations et émotions, à part qu'il n'y a pas besoin de caméras, d'antennes ni d'émetteurs, ni de téléviseur. Nous sommes entre nous, directement de personne à personne. Plaisir de cette rencontre… et aussi difficulté : il s'agit d'écouter, parler, se dire, comprendre la logique de l'autres, interagir. C'est en quelque sorte une formation réciproque, chaque acteur étant à un moment formateur pour les autres acteurs. C'est aussi, tout simplement, un moment de rencontre, où l'on met en circulation les émotions accumulées, sans intermédiaire, et dont on ressort toujours un peu transformé.

Les échanges se situent aussi à un second niveau : celui du recul, de la distanciation : "lever le nez du guidon". On quitte un instant les urgences, les impératifs institutionnels et financiers, et l'on met sur le tapis les questions de fond que l'on n'a pas habituellement le temps ni l'occasion d'aborder. Mon rôle en tant qu'animateur et en tant qu'ethnologue consiste d'abord à écouter, mais également à proposer des repères et interpeller les participants.

L'objectif de ce petit livre est d'ouvrir le cercle en racontant simplement ce qui s'est dit et travaillé durant cette année d'intervision.

"Quand on rêve seul, ce n'est qu'un rêve ; quand on rêve à plusieurs, c'est le début de la réalité", Georges Balandier[15].

C'est dans cet esprit que j'appelle "intervisionnaires" les participants à l'intervision, dans les pages qui suivent.




[1] DE FOUCAULD ET PIVETEAU Une société en quête de sens Odile Jacob Paris 1995, 2000

[2] DUBAR Claude La socialisation : construction des identités sociales et professionnelles Armand Colin Coll U., 2000

[3] TOURAINE Alain et KHOSROKHOVAR La recherche de soi, dialogue sur le sujet 2000 Fayard

[4] DUBET François et Danilo MARTUCCELLI Dans quelle société vivons-nous? Seuil L'épreuve des faits Paris 1998

[5] DUBET François Sociologie de l'expérience Seuil 1996

[6] DEMUTH Gérard: Rien n'est plus pareil et ça n'est pas un drame, Stock 1997.

[7] MARTY Laurent Etre d'ici et du monde, Eds Freeway Clermont-Ferrand 1998

[8] SANSOT Pierre Les gens de peu, PUF Sociologie d'aujourd'hui Paris 1992

[9] VIARD Jean Cours traité sur les vacances, les voyages et l'hospitalité des lieux, Ed L'aube Intervention 2000

[10] PASINI Willy Eloge de l'intimité, Payot Documents Paris 1991

[11] CYRULNIK Boris Les nourritures affectives Odile Jacob Paris 1993

[12] MARTY Laurent De l'art de cultiver les projets, DRTEFP, Clermont-Ferrand 2000

[13] 40 % des habitants de Strasbourg ont moins de 26 ans, ce qui en fait la ville la plus jeune de France

[14] Planète Jeune  : voir l'encart " Planète Jeune et les lieux dédiés aux jeunes"

[15] Dans ORSENNA et al. Besoin d'Afrique, Fayard 1992



Retour au texte de l'auteur: Jean-Marc Fontan, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le jeudi 18 novembre 2010 13:45
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur de sociologie au Cégep de Chicoutimi.
 



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