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Collection « Les sciences sociales contemporaines »

Religion et intégrisme, ou les paradoxes du désenchantement du monde (1998)
Introduction


Une édition électronique réalisée à partir de madame Micheline Milot, [Professeure titulaire, département de sociologie, UQAM], “Religion et intégrisme, ou les paradoxes du désenchantement du monde”. Un article publié dans la revue Cahiers de recherche sociologique, no 30, 1998, pp. 153-178. Montréal: Département de sociologie, UQAM. [Autorisation accordée par l'auteure le 17 novembre 2004]

Introduction

La force ascendante des radicalisations religieuses depuis une vingtaine d'années, et ce dans la plupart des sociétés, a provoqué de vives réactions. Le fanatisme de leaders religieux, capables de mobiliser des masses grâce à leur position de représentants terrestres des lois divines, heurte tout autant les conceptions démocratiques que les théories classiques du lien entre religion et monde moderne. Pourquoi des individus adhèrent‑ils à des idées absolues et intransigeantes dans des sociétés qui fondent leur légitimité sur leur aptitude à harmoniser le pluralisme et à assurer la tolérance? Ces comportements radicaux nous apprennent‑ils quelque chose de la société et de la culture dans lesquelles ils se produisent? Quelle est la signification sociale de la radicalisation religieuse dans la modernité?

Retour à l'état de barbarie, refus de la modernité, réponse enragée des laissés-pour-compte du développement économique, les thèses se sont succédé pour interpréter ce phénomène social et politique. La conjonction de la religion et du déploiement d'idéologies socio‑politiques radicales connaît certes des antécédents dans l'histoire. Cependant, cette politisation du transcendantal et la volonté de transformation de l'ordre social qui se diffusent dans toutes les grandes traditions religieuses bouleversent les prophéties sur le sens de l'histoire, issues notamment des Lumières. Une lecture «rationalisante» de la modernité avait conduit à considérer la «fin de la religion» comme inhérente au développement même des sociétés contemporaines. Le sentiment religieux, s'il n'était pas complètement disparu, en était réduit a survivre dans le repli de la sphère privée.

Notre époque, devenue «indifférente aux dieux et aux prophètes [1]», semble, paradoxalement, les voir réapparaître à travers des discours qui prônent la référence aux textes sacrés en tant qu'unique critère de l'organisation de la vie publique: revendications de territoire, tentatives de conquêtes du pouvoir, militantismes volontiers violents visant à restaurer l'ordre social. Les revitalisations religieuses aux prétentions politiques font saillie sur le mur uniforme de la rationalité formelle désenchantée. La sociologie, qui avait eu tendance à écarter le fait religieux de sa lecture de la modernité, en prédisant son rapetissement infini dans les sociétés modernes, a dû se doter de moyens d'analyser l'importance qu'il y conservait, malgré l'irréligion croissante et l'effondrement de l'emprise des systèmes religieux sur l'ensemble de la vie sociale.

Nous examinerons la forme la plus radicale des multiples phénomènes religieux qui prolifèrent dans les sociétés contemporaines, soit l'intégrisme. Nous l'aborderons a partir d'une perspective théorique qui reconsidère les rapports entre religion et modernité dans leur dynamique complexe. Nous verrons comment la prise en compte de cette dynamique a donné lieu à la révision des thèses sécularistes de la sociologie et à un remodelage des catégories conceptuelles de cette discipline en vue d'appréhender les productions religieuses de la modernité. Par ailleurs, on constate que l'intégrisme se résout bien souvent en une association d'idées, comme la droite, l'autoritarisme, la violence, le retour au passé, le refus de la modernité, dimensions qui, tout en ayant partie liée avec ce fait social, traduisent également ce qui apparaît abject pour ceux qui recourent à ce concept. Je m'emploierai donc à préciser la façon dont le concept peut devenir opérationnel pour l'analyse. Enfin, je pose l'idée que le radicalisme religieux contribue autant à perturber qu'à étendre le champ d'action de la modernité. Si cette hypothèse s'avère fondée, nous pourrions assister à une transformation de ces radicalismes religieux, comme le préfigurent les cas de l'Iran et de l'Algérie où l'on peut déjà parler du désenchantement de l'utopie religieuse radicale.


[1]     M. Weber, La science comme vocation, Paris, Plon, 1959.


Retour au texte de l'auteure: Micheline Milot, sociologue, UQAM Dernière mise à jour de cette page le lundi 5 février 2007 9:05
Par Jean-Marie Tremblay, sociologue
professeur au Cégep de Chicoutimi.
 



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