Une édition électronique réalisée à partir du livre de M. Denis Monière, L’INDÉPENDANCE. Essai. Montréal: Québec/Amérique, Éditeur, 1992, 150 pp. Collection Dossiers documents. [Autorisation formelle accordée par l'auteur le 6 janvier 2005.]
Présentation
28 octobre 1991
Au Québec, l'idée d'indépendance a connu des hauts et des bas et elle a été ignorée pendant de longues périodes de notre histoire. Après l'échec de la révolution démocratique menée par les Patriotes, elle n'a refait surface politiquement qu'avec la Révolution tranquille. Ce projet est apparu en quelque sorte chaque fois que la société québécoise a cherché à se mettre au diapason de la modernité politique, sociale et économique.
Mais ce projet ne fait pas l'unanimité. Cette idée, qui est considérée comme fondamentale par les autres communautés humaines, est perçue par de nombreux Québécois comme un danger ou comme une voie inappropriée à notre développement collectif. Serions-nous à ce point différents des autres peuples que ce qui est objet de leur ambition et de leur fierté ne représenterait pour nous qu'inquiétude, dérision ou solution de dernier recours? Même chez les partisans de ce projet, on retrouve une certaine gêne, une sorte de timidité à tenir le discours de l'indépendance. On s'ingénie à éviter le mot en lui préférant toutes sortes d'acrobaties lexicales ou encore on fait comme si l'indépendance ne valait pas par elle-même et devait être subordonnée à un projet de société.
Et pourtant dans toutes les sphères de l'agir humain, la recherche d'indépendance est valorisée. Dans les sociétés démocratiques, les individus, les groupes et les institutions cherchent à acquérir et à préserver ce précieux statut. Ne considère-t-on pas l'indépendance d'esprit comme trait caractéristique du développement de la personnalité? Ne vante-t-on pas la nécessité et l'importance de l'indépendance de la justice? Les entreprises ne réclament-elles pas une plus grande liberté de décision et d'action? Les peuples ne célèbrent-ils pas la fête de leur indépendance? La communauté internationale ne se réjouit-elle pas de l'indépendance retrouvée des pays de l'Europe de l'Est et des indépendances conquises par les peuples de l'Union soviétique? Les exemples ci-dessus montrent que cette logique des interactions ou des rapports aux autres est un des principaux acquis de l'histoire universelle et constitue une des plus grandes aspirations de l'humanité.
Dans cet essai, nous avons voulu aller à l'essentiel. Dans la première partie, nous examinons de façon synthétique ce que nous avons appelé l'indépendance en soi, c'est-à-dire les fondements historiques, philosophiques et politiques de l'idée d'indépendance. Nous retraçons l'évolution de ce concept et les différents systèmes de légitimation invoqués par les peuples pour accéder à ce statut.
Notre postulat étant que ce qui vaut pour les uns doit aussi valoir pour les autres, dans la deuxième partie nous analysons les tenants et aboutissants de l'indépendance pour le Québec en discutant les raisons invoquées par les adversaires de l'indépendance et en présentant celles qui motivent notre engagement en faveur de l'accession du Québec à son indépendance.
Dans cet essai, non seulement nous avons cherché à clarifier le sens et la portée de l'indépendance nationale dans le contexte de l'économie-monde, mais nous avons aussi voulu montrer qu'il y a une autre logique que le rapport coût-bénéfice qui peut soutenir le désir d'indépendance politique. Tout en reconnaissant l'importance des arguments économiques, nous avons tenté d'alimenter le débat en proposant une argumentation politique centrée sur le rapport majorité-minorité afin de montrer les limites intrinsèques de tout projet de réforme de la constitution canadienne. En somme, notre question de départ était celle-ci: Qu'est-ce que l'indépendance nous apportera et que ne pourra jamais nous donner le fédéralisme canadien?
28 octobre 1991
Dernière mise à jour de cette page le lundi 13 février 200611:24 Par Jean-Marie Tremblay, sociologue.
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