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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Laurent Mucchielli, “Quelques interrogations épistémologiques sur la psychiatrie criminologique française (à partir d'un ouvrage récent)”. Un article publié dans Revue internationale de criminologie et de police technique et scientifique, no 4, 1999, pp. 461-487. [M. Laurent Muchielli, sociologue et historien de formation, est chargé de recherche au CNRS et directeur du Centre de recherche sociologique sur le Droit et les institutions pénales au CNRS]. [Autorisation formelle des auteurs accordée le 8 septembre 2005] Introduction Sous le titre général « Criminologie et psychiatrie », Thierry Albernhe (Psychiatre des Hôpitaux, Centre Hospitalier de Montfavet, France) a réuni en 1997 cent vingt-quatre contributeurs pour une somme aux dimensions impressionnantes (752 pages d'un grand format) dont l'ambition affichée demeure cependant modeste : « créer un trait d'union entre la criminologie et la psychiatrie » (Albernhe, 1997, 7) [1]. Cette modestie peut surprendre dans la mesure où l’étude des criminels est un objet de la psychiatrie depuis plus de deux siècles, qui a partie liée avec son évolution théorique ainsi qu’avec son institutionnalisation (Renneville, 1997). Elle nous paraît néanmoins heureuse car, si l'ouvrage est particulièrement riche, il est également d'une hétérogénéité telle, sur la forme comme sur le fond, qu'il semble bien difficile, malgré les regroupements dans un plan d'ensemble équilibré, d'en dégager un synthèse à la fois fidèle et cohérente. Loin de pouvoir faire office de manuel, ce livre apparaît comme une sorte d'état des lieux des savoirs théoriques et pratiques des psychiatres travaillant dans le champ de la justice pénale, en France [2]. A ce titre, il est donc fort intéressant pour discuter de l'état actuel de ce domaine de la psychiatrie française. Toutefois, étant donnés la diversité des statuts des textes rassemblés et le nombre nécessairement limité des contributeurs s’exprimant sur tel ou tel sujet précis, nous ne pouvons dire dans quelle mesure tout ou partie de notre analyse est pleinement généralisable à la psychiatrie criminologique française. Notre propos consistera donc, en poussant au plus loin les exemples empruntés à cet ouvrage, à tenter d’amorcer une réflexion critique générale de nature épistémologique sur la psychiatrie criminologique : de quelle science s'agit-il ? quelles sont ses théories ? leurs rapports avec la pratique ? leurs bases empiriques ? leurs procédés argumentatifs ? etc. [3] [1] Par la suite, sauf indication contraire, les pages données simplement entre parenthèse dans le texte renvoient toutes à cet ouvrage. Les autres références renvoient à la bibliographie finale. [2] Le livre rassemble cent vingt-quatre auteurs, dont cent cinq français (soit 85 %), auxquels se sont joints cinq belges, quatre québécois, trois italiens, deux allemands, un burkinabais, un espagnol, un libanais, un luxembourgeois et un suisse. Par ailleurs, il s'agit bien d'un ouvrage attestant avant tout de l'état de la psychiatrie puisque quatre-vingt-dix-neuf des cent vingt-quatre contributeurs sont des psychiatres (soit 80 %), les autres se présentant comme psychologues (neuf cas dont sept spécialistes de psychopathologie), juristecriminologue (six cas), psychanalyste (cinq cas), auxquels s'ajoutent enfin cinq isolés dans leurs disciplines (un médecin légiste, un historien, un philosophe, etc.). L'ensemble psychiatrie-psychopathologie-psychanalyse représente donc 91 % des contributions. [3] Nous nous concentrerons avant tout sur les trois premières parties du livre jusqu'à la page 540 (ces parties sont intitulées respectivement « Questions fondamentales », « Les crimes, les criminels et la criminogenèse », « Les préjudices, les victimes et la victimogenèse »). Nous n'étudierons que partiellement la dernière partie qui a trait aux conditions juridiques de la responsabilité pénale, au statut de l'expertise psychiatrique, au procès pénal envisagé du point de vue de la psychologie des participants et à la prise en charge des condamnés et des victimes. En effet, nous avons peu de chose à dire sur ces sujets qui, soit ne traitent que de la théorie (le droit applicable) au détriment de la pratique institutionnelle, soit se concentrent sur des questions de prise en charge et de thérapeutique sur lesquelles le non praticien que nous sommes doit se déclarer incompétent.
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