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Collection « Les sciences sociales contemporaines »
Une édition électronique réalisée à partir de l'article de Laurent Mucchielli, “L’expertise policière des « violences urbaines »”. Un article publié dans la revue Informations sociales, no 92, 2001, pp. 14-23. [M. Laurent Muchielli, sociologue et historien de formation, est chargé de recherche au CNRS et directeur du Centre de recherche sociologique sur le Droit et les institutions pénales au CNRS]. [Autorisation formelle des auteurs accordée le 8 septembre 2005] Introduction L’expression « violences urbaines » est devenue une catégorie centrale du discours policier sur la délinquance juvénile au tournant des années 1980 et 1990, en particulier après la série d’émeutes qui commence à Vaulx-en-Velin en octobre 1990 et se poursuit entre mars et juillet 1991 dans la banlieue parisienne. Au cours de la décennie suivante, cette expression va se banaliser progressivement dans l’ensemble de la société au point de devenir pratiquement quotidienne dans les médias, d’être reprise par les décideurs publics (jusqu’à constituer une catégorie de l’action gouvernementale) et même par de nombreux chercheurs. Rarement une notion consacrée d’abord par son usage policier aura connu un tel succès. Or la magie de ce succès n’a pas opérée par un mystérieux enchantement, elle a requis l’habileté de magiciens. Les années 1990 ont en effet consacré, derrière cette notion, un discours policier revendiquant une expertise et la diffusant non seulement par la voie classique des rapports administratifs internes, mais aussi par la voie nouvelle de l’édition et de la communication « grand public » (voire para-scientifiques). Cette évolution est illustrée notamment par les ouvrages et les conférences du commissaire divisionnaire Richard Bousquet, membre de la direction du Syndicat des commissaires et des hauts fonctionnaires de la police nationale (SCHFPN, principal syndicat des hautes fonctionnaires de la Police nationale) [1], ainsi que par les nombreuses interventions et communications de la commissaire principale Lucienne Bui Trong, responsable (jusqu’à son récent départ en retraite) de la section « Villes et banlieues » crée en 1991 au sein des Renseignements Généraux (RG) [2]. On se demandera cependant si, bien que nouveau dans sa forme et dans ses cibles immédiates (les banlieues, l’Islam), ce discours policier sur les « violences urbaines » est véritablement original dans son fond. On fera l’hypothèse qu’il renouvelle plutôt le regard accusateur et simplificateur que l’institution policière porte traditionnellement sur les diverses formes de rébellion juvénile, dont certaines petites et moyennes délinquances [3]. [1]. R. Bousquet, Insécurité : nouveaux risques. Les quartiers de tous les dangers, Paris, L'Harmattan, 1998 ; Insécurité : nouveaux enjeux. L’expertise et les propositions policières, Paris, L'Harmattan, 1999. [2] Articles dans Les cahiers de la sécurité intérieure, Futuribles, Les cahiers dynamiques, Informations sociales, Migrants-Formation. Elle a également publié Violences urbaines. Des vérités qui dérangent, Paris, Bayard, octobre 2000. [3] Ce texte s’inspire largement d’un travail récent : L. Mucchielli, L’expertise policière de la « violence urbaine ». Sa construction intellectuelle et ses usages dans le débat public français, Déviance et société, 2000, 4, p. 351-375.
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