Quatrième de couverture
Depuis 1960, année de leur indépendance, les pays d'Afrique ont connu plus de 30 ans de « développement ». Cependant les résultats n'ont pas été à la hauteur des espérances et le mot « développement » a besoin lui-même d'approches fondées sur l'analyse et le doute. Comment, aujourd'hui, décrire et comprendre les relations multiples qui existent entre les institutions de développement (publiques ou privées) et les populations locales auxquelles elles s'adressent ?
La socio-anthropologie considère le « développement »comme une forme particulière de changement social, qu'un ensemble complexe d'intervenants (ONG, agences nationales ou internationales, experts, coopérants, techniciens...) cherche àimpulser auprès de « groupes-cibles » eux-mêmes divers et évoluant selon les dynamiques propres. Ces phénomènes sont particulièrement importants en Afrique, en raison du rôle qu'y jouent les flux d'« aide » et les « projets » de tous ordres.
La socio-anthropologie du développement peut contribuer, pour une part modeste mais réelle, à améliorer la qualité des services que les institutions de développement proposent aux populations, en permettant une meilleure prise en compte des dynamiques locales. Pour ce faire, il faut éviter une anthropologie au rabais, enfermée dans le ghetto de l'expertise et de la consultance. Il ne peut y avoir de « socio-anthropologie appliquée au développement » sans une « socio-anthropologie fondamentale du développement », dont la compétence en matière de recherche empirique se fonde sur la maîtrise de notions et de concepts situés au coeur des sciences sociales contemporaines et qui se démarque des rhétoriques et des idéologies développementistes.
Logiques, rationalités, représentations, stéréotypes, stratégies, innovations, modes d'action économique, détournements, dispositifs, savoirs techniques populaires, médiations, négociations, courtages, arènes... Ces mots clés scandent les analyses ici proposées, alimentées par une abondante littérature comparée et étayées par des exemples de terrain, et dessinent un ouvrage de référence sur le sujet, qui, jusqu'à ce jour, faisait complètement défaut en France.
J.-P Olivier de Sardan est directeur de recherche au CNRS et directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales. Président de l'APAD (Association euro-africaine pour l'anthropologie du changement social et du développement), il est actuellement en poste d'accueil, ORSTOM à Niamey.
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