Avant-propos
L’éducation au Québec connaît un effort considérable de rénovation. La Commission Royale d’Enquête sur l’Enseignement dans la Province de Québec a publié trois volumes sur les quatre de son étude magistrale. Travail gigantesque dont le bilan s’avère, dans l’ensemble et à ce jour, positif.
Modifier les structures d’un édifice comporte toujours quelques risques. Changer les structures de l’éducation, dans le sens d’une évolution que l’on souhaite, comporte aussi ses dangers.
Le jeune et dynamique Ministère de l’Éducation, dans un désir d’instaurer un sain climat de dialogue, sollicite les commentaires de ceux qui s’intéressent à l’éducation. On veut aussi procéder démocratiquement : la population devrait sentir que les changements préconisés s’imposent, qu’il faut les amorcer à tout prix. Qui deviendra juge de cette urgence ? Qui restera juge de la non-opportunité de telle ou telle modification? Et le fait d’avoir tout récemment politisé l’éducation ne pourra-t-il pas créer une sorte de réserve, de gêne, chez ceux qui désireraient prendre position, mais qui n’oseraient pas? Et ceux qui voudraient parler dans tel ou tel sens, le pourront-ils facilement, sans risque ?
Ce dialogue devrait s’effectuer dans une atmosphère de droiture, de franchise; autrement, il ne s’établira pas, ou, s’il s’établit, il ne durera pas. Une réforme magnifique au départ pourrait tourner au détriment de l’enfant et de la cause de l’éducation en général.
Nous avons cru faire œuvre utile en présentant dans une vision chrétienne de la personne, quelques considérations sur certains thèmes; ce qui n’épuise pas, loin de là, tous les problèmes que la présente révision veut envisager !
Étudiants, parents, Église, maîtres et État sont concernés dans ce mouvement de promotion de l’éducation. On peut, dès lors, présenter comme suit notre exposé, dans ses grandes lignes.
Les étudiants présents à l’école d’aujourd’hui, que sont-ils ? Comment résoudre leurs problèmes de loisirs pour faire échec à la délinquance ?
Le parents, grands absents de l’éducation, saurant-ils s’organiser à temps et obtenir voix au chapitre ?
L’Église doit renouveler sa catéchèse, aider ses jeunes fidèles à vivre selon l’Évangile et surveiller de près la formation morale et religieuse de la jeunesse.
La formation des maîtres devra être plus soignée afin que tous ambitionnent de devenir vraiment des professeurs de carrière et les agents de la bonne entente universelle.
Enfin, l’État doit favoriser une démocratisation progressive de l’enseignement, se garder de la tentation de l’étatisme, se soucier de former une élite intellectuelle vigoureuse, établir un système d’examens foncièrement rénovés et conserver jusqu’à la fin du secondaire l’éducation séparée de garçons et des filles.
Puissent parents et éducateurs trouver dans ces pages des vues susceptibles de les aider à mieux remplir leur tâche délicate auprès de la jeunesse québécoise!
L’école d’aujourd’hui forge la société de demain.
F. Laurent Potvin
ALMA, Lac-St-Jean. Janvier 1966.